Le 24 octobre, le petit Santiago a été retrouvé à Amsterdam, après son enlèvement en France par ses parents. Pour expliquer cette fuite, une hypothèse a été avancée : les parents craignaient d’être privés de leurs droits parentaux. Dans ces cas-là, certains nouveau-nés se retrouvent seuls à l’hôpital. Pour leur rendre la vie plus douce, des bénévoles ont pour mission de les câliner et de les rassurer.
Dans les bras de Virginie se trouve le petit Salar, âgé de 3 mois et une semaine. Né prématuré à seulement 26 semaines de grossesse, soit 14 semaines avant le terme, il est considéré comme un « grand prématuré ».
On constate immédiatement un changement de comportement
Virginie n’est pas sa mère. Elle fait partie de ce que nous appelons ici « les câlins des bébés ». Une fois par semaine, elle leur tient compagnie. “Au contact, à la chaleur humaine, on constate immédiatement un changement de comportement. Si un bébé est agité, vous pouvez rester avec lui plus d’une heure jusqu’à ce qu’il se calme.“, explains Virginie, volunteer.
Salar souffre de problèmes digestifs et est hospitalisé depuis sa naissance dans une unité intensive de néonatalogie, réservée aux pathologies graves. “La plupart des familles ne peuvent pas être présentes 24 heures sur 24 lors d’une longue hospitalisation. Certains parents ont d’autres enfants à la maison, au travail ou habitent loin. Ils ne peuvent donc pas être là tout le temps. Alors, ils comptent sur nous pour que leur bébé ne soit pas trop en détresse», explique Françoise Poskin, responsable « Baby Cuddlers » de l’association Huderf.
Des câlins essentiels
Mais pourquoi ces câlins sont-ils si essentiels pour ces nouveau-nés ? Denis, un autre bébé prématuré, trouve du réconfort dans les bras d’un autre câlin. Le chef du service de néonatalogie confirme l’importance de cette présence : «Le cerveau du nouveau-né se développe de manière très intensive. Toutes les expériences qu’il a vécues dès ses premiers jours influencent les connexions neuronales. Sans cela, des problèmes moteurs ou relationnels peuvent survenir. Le portage est crucial. Idéalement, cela est fait par les parents, mais en leur absence, la présence d’autres personnes contribue à leur bien-être.», explique Aline Vuckovic, directrice du service intensif de néonatalogie à l’hôpital universitaire pour enfants Reine Fabiola.
Sans ces câlins, ils sont en danger
Le consentement parental est essentiel pour que ces bénévoles s’occupent des bébés. Cependant, cela n’est pas toujours possible. Certains parents, en raison de problèmes d’addiction ou de troubles psychosociaux, peuvent perdre leurs droits dès la naissance. Le bébé se retrouve alors seul à l’hôpital. “Dans ces cas-là, certains parents peuvent avoir un droit de visite surveillée, mais beaucoup ne viennent pas. Face à cette situation, on fait rapidement appel aux câlins. Sans ces câlins, les bébés risquent de souffrir d’un déficit psycho-émotionnel important.», souligne le chef de service.
Ils nous donnent beaucoup
Dans les situations les plus extrêmes, le manque d’affection peut entraîner la mort de nouveau-nés hospitalisés. Les câlins se mobilisent donc pour prévenir ces drames. Ils sont actuellement environ 70 à proposer leur présence dans cet hôpital de référence pour enfants, ainsi que dans d’autres établissements bruxellois et wallons. “Nous donnons beaucoup à ces petits, mais eux aussi nous donnent beaucoup. Nous évitons de nous attacher car ce ne sont pas nos enfants, ni notre famille. Bien sûr, j’aimerais les entendre plus tard. Mais je leur souhaite bonne chance et on passe à d’autres bébés qui ont besoin de nous“, confides Virginie. “Bien évidemment, nous nous souvenons de ceux dont nous avons pris grand soin, mais la vie continue.»
Pour le petit Denis, soigné pour des problèmes respiratoires chroniques, une sortie de l’hôpital pourrait bientôt être envisagée. En revanche, Salar devra encore attendre plusieurs mois avant de pouvoir rentrer chez lui.
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