Diplomate aguerri, Jean-Daniel Ruch aurait dû diriger la politique de sécurité de la Suisse, mais il a été évincé avant même de prendre ses fonctions. Invité sur 19h30, il s’est dit victime d’une cabale médiatique visant sa vie privée : “Les gens puissants ne voulaient pas de moi à ce poste.”
En septembre dernier, Jean-Daniel Ruch créait la surprise. Bien qu’il ait été nommé au prestigieux poste de secrétaire d’État chargé de la politique de sécurité, le diplomate francophone a annoncé sa démission avant même de prendre ses fonctions.
Si, à l’époque, plusieurs théories émergeaient pour expliquer ce couac, les raisons exactes sont toujours restées floues. À l’époque, - avait fait état d’un comportement personnel qui le rendait vulnérable au chantage.
>> A lire aussi : Jean-Daniel Ruch renonce à devenir secrétaire d’État chargé de la Politique de sécurité
Une cabale médiatique visant sa vie privée
Jeudi sur le plateau de 19h30, l’homme de Moutier s’exprime pour la première fois depuis son rendez-vous avorté. « Il y avait des gens puissants qui ne voulaient pas de moi à ce poste », résume celui qui fut ambassadeur pendant près de 15 ans, notamment en Serbie, en Turquie et en Israël, refusant toutefois d’utiliser le terme de « complot ».
Ce vendredi 24 mai, il a publié « Crimes et tremblements » aux Éditions Favre, un ouvrage dans lequel il lève quelque peu le voile sur cette annonce qui a pris tout le monde de court. Il se dit victime d’une cabale médiatique visant sa vie privée, une manœuvre apparemment orchestrée.
Diplomate de haut vol
Pourtant, Jean-Daniel Ruch est un diplomate de haut vol. Toujours au bon endroit, au bon moment dans l’histoire. Dans son livre, il revient sur sa longue carrière diplomatique, notamment auprès de la procureure du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie Carla Del Ponte.
A l’époque, le diplomate et son équipe mettent en œuvre une stratégie politique qui conduira de nombreux responsables balkaniques vers les cellules de La Haye, poursuivis pour génocide, crimes contre l’humanité ou crimes de guerre.
Aujourd’hui, les temps ont changé et les guerres se sont déplacées vers d’autres territoires, notamment la bande de Gaza. Son expérience dans la région lui fait voir la demande de mandat d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme un « tournant ». Une demande formulée, rappelle-t-il, par un procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
>> Lire aussi : La CPI demande un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et les dirigeants du Hamas pour crimes de guerre
“Nous avons ici affaire à un tribunal financé principalement par l’Europe et qui accuse les dirigeants israéliens, alors que l’Occident a toujours été critiqué pour sa politique de “deux poids, deux mesures”, prétendument parce qu’on pardonnerait tout à Israël”, explique-t-il. « Eh bien, ce discours ne sera plus possible. C’est la fin d’une époque d’impunité dans cette région, dans le conflit israélo-palestinien, et c’est une bonne chose.»
Au début des années 2000, Jean-Daniel Ruch a également travaillé sur l’initiative de Genève – un plan de paix alternatif pour résoudre le conflit israélo-palestinien – aux côtés de Micheline Calmy-Rey. Il rencontre à l’époque de nombreux dirigeants du Hamas, désormais considéré par certains États comme une organisation terroriste. Et selon lui, pour espérer résoudre le conflit au Moyen-Orient, les acteurs devront tôt ou tard se mettre autour d’une table.
«J’espère vraiment qu’un cessez-le-feu pourra être conclu et que les otages pourront être libérés. Mais pour que cela se produise, Israël doit décider de parler avec ceux qui les détiennent », conclut-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web : Fabien Grenon