L’Estonie accuse la Russie d’incident frontalier

L’Estonie accuse la Russie d’incident frontalier
L’Estonie accuse la Russie d’incident frontalier

Le 22 mai, pour justifier une proposition soumise au Kremlin visant à modifier unilatéralement les frontières maritimes de la Russie avec la Finlande et la Lituanie, le ministère russe de la Défense a fait valoir que les coordonnées géographiques « déterminées en 1985 ne correspondaient pas entièrement à la situation géographique actuelle ». Ceci a évidemment été contesté par les deux pays concernés, Vilnius y voyant même une manœuvre de « guerre hybride ».

De son côté, a rapporté l’agence TASS, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que cette « proposition du ministère de la Défense » visait uniquement à « mettre à jour les coordonnées des frontières russes dans la mer Baltique » et qu’elle n’avait « aucune base politique ». Et il a insisté : « Vous voyez à quel point les tensions s’intensifient, le niveau de confrontation, en particulier dans la région baltique, nécessite bien sûr des mesures appropriées de la part de nos services concernés pour assurer notre sécurité. »

Il semble en tout cas que Moscou ait fait marche arrière, cette proposition ayant été supprimée du site Internet du gouvernement russe, l’adresse où il était possible de la consulter renvoyant désormais à une page indiquant « projet supprimé ». Mais il est toujours possible d’en connaître le contenu via l’application « archive.today ».

C’est donc dans ce contexte que l’Estonie a accusé la Russie d’avoir provoqué un incident frontalier, plus précisément au niveau de la rivière Narva, qui relie le lac Peipus au golfe de Finlande. La séparation entre les deux pays est marquée par des bouées flottantes. Cependant, utilisés pour empêcher les bateaux de s’égarer accidentellement dans les eaux étrangères, ceux-ci ont été retirés la nuit précédente.

“Cette année, la Russie a déclaré contester l’emplacement d’environ la moitié des bouées”, a rappelé la police et les gardes-frontières estoniens. [PPA pour « Politsei- ja Piirivalveamet]dans un communiqué publié le 23 mai. Cependant, poursuit-il, « à trois heures du matin, nous avons vu les garde-côtes russes [qui relèvent du FSB, le renseignement intérieur, nldr] déplacer les bouées ».

“Il s’agit d’un incident frontalier dont nous sommes en train d’éclaircir les circonstances précises”, avait alors commenté Kaja Kallas, le chef du gouvernement estonien. « La Russie multiplie les incidents à ses frontières pour susciter la peur et l’anxiété, afin de semer l’insécurité dans nos sociétés. Nous constatons une tendance générale dans ce domaine », a-t-elle déclaré.

Cet incident concerne également l’Union européenne dans la mesure où la frontière entre l’Estonie et la Russie est également une frontière de l’espace Schengen.

Or, le tracé de cette frontière a donné lieu, dans le passé, à un différend entre Tallinn et Moscou. Différend qui a été réglé en mai 2005 avec la signature d’un traité entre les deux pays. Le Parlement estonien l’a ratifié en faisant référence à un accord frontalier signé en 1920… mais la Russie y a vu le catalyseur d’un éventuel conflit territorial et s’est abstenue de faire de même. Un nouvel accord a été trouvé en 2014… Mais aucune des deux parties ne l’a encore ratifié.

Photo : Rivière Narva, vue du côté estonien Geonarva – CC BY-SA 4.0

 
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