“Cabaret!” » sur Culture, derrière les strass, une révolution de genre

“Cabaret!” » sur Culture, derrière les strass, une révolution de genre
“Cabaret!” » sur France Culture, derrière les strass, une révolution de genre
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Le Moulin Rouge, à Paris, en 1989. Joël ROBINE/AFP

CULTURE – À LA DEMANDE – SÉRIE PODCAST

Cabaret : le mot fait rêver. Il suffit à peine de fermer les yeux pour voir les paillettes et les costumes. Vouloir chanter et danser – longtemps et sur les tables. Pour autant, serait-on capable de définir le terme ? Pour circonscrire ce qu’il couvrait alors et ce qu’il est devenu aujourd’hui ? Pour dire quelle a été son histoire et quels rôles il a pu jouer ?

C’est tout ce qu’ont voulu explorer Céline du Chéné et son complice réalisateur Laurent Paulré dans une passionnante série de quatre heures, d’autant qu’elle permet de comprendre comment ce lieu de fête fut l’incubateur de nombreuses révolutions, remettant en cause l’ordre établi, qu’elles soient artistiques ou artistiques. , sociétal ou sexuel.

Au début, c’était Montmartre (épisode 1). Ni cirque, ni théâtre, ni taverne, le cabaret est tout cela à la fois et bien plus encore. Elle est née en 1881 avec la création, sur la Butte, du Chat noir de Rodolphe Salis. A la fin du siècle, toutes les classes sociales viennent au cabaret. On y mange et on y boit (pas cher), on y danse, on fait appel aux artistes, on rigole, beaucoup, et tout. Huit ans plus tard, le Moulin-Rouge accueille une clientèle cosmopolite, grisée et émerveillée en voyant les danseurs tourner le bas des jambes (la fameuse « mayonnaise »).

Vaincre la censure

De nombreux cabarets mettront en scène le corps féminin, jouant avec la censure et les interdits (épisode 2). D’autant plus qu’en 1894, elle se tenait au théâtre de concert de Lisbonne (rue des Martyrs, au 9e arrondissement de Paris), un nouveau spectacle intitulé Le coucher de soleil d’Yvettedans lequel l’artiste Blanche Cavelli enlève ses vêtements un à un. Le cabaret joue alors avec les ambiguïtés pour déjouer la censure et éviter les procès. Ainsi, et à titre d’exemple, les femmes étaient rasées, car les cheveux étaient pour elles un signe d’obscénité et de pornographie.

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Pourtant, l’arrivée du jazz, par Joséphine Baker, en 1925, contribue à faire bouger les lignes. Même s’il faudra attendre 1968 – dix-sept ans après son ouverture – pour que le nu intégral fasse son apparition au Crazy Horse., l’avenue George-V, à deux pas des Champs-Elysées. Mais le strip-tease, c’est peut-être Nadège Python qui en parle le mieux aujourd’hui. « Pour moi, le cabaret est un lieu de liberté, de magie, c’est un lieu où je peux m’exprimer et vivre de nouvelles choses à tout moment. Quant au strip-tease, c’était un outil de réappropriation de mon propre corps. Et, à 50 ans, je continue, je travaille sur le corps vieillissant, une autre façon de me présenter”» raconte cet artiste, ancien membre de Kisses Cause Trouble, une troupe de strip-tease burlesque.

Dans l’épisode 3, Céline du Chéné nous emmène dans le Berlin des années folles, avant que le nazisme ne balaie tout depuis, et comme le rappelle l’historien Nicolas Patin, “le monde de la nuit meurt en 1933”.

“Créatures”

Intitulé « Au-delà du genre », le quatrième et dernier épisode rappelle comment le cabaret aura contribué à la visibilité des homosexuels – hommes et femmes avec, aussi et par exemple chez Madame Arthur, à Paris, Coccinelle et Bambi, les deux premières femmes trans à se produire. . Ouverts au milieu des années 2010, les nouveaux cabarets intègrent également les questions de genre dans leurs numéros pour mieux s’en affranchir, grâce aux « créatures ».

« Issues du mouvement queer ou de la scène drag, usant des accessoires traditionnels des revues de cabaret qu’elles détournent, en puisant dans les figures de la foire et du cirque, les « créatures » sont au-delà des genres, mélanger le masculin et le féminin, jouer avec les codes pour devenir autre, recalls documentary filmmaker Céline du Chéné. La « créature » nous permet de nous transcender, et de montrer les corps dans toute leur variété, loin des normes et des stéréotypes. » Céline du Chéné invites us to La Sirène à barbet, a cabaret opened in Dieppe in 2021 by Nicolas Bellenchombre aka Diva Beluga which he describes as follows: « une baleine blanche assez dodue, drôle, pince-sans-rire, grivois, sensible ».

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Alors disons à quel point cette série fait du bien. La seule chose qui manque à nos oreilles – oser l’écrire – c’est Suzy Solidor (1900-1983) déclamant, en 1933, “Ouvrir” au cabaret La Vie Parisienne. Parce qu’elle a si bien chanté ce poème érotique lesbien de 1882 et qu’il a fallu attendre 1992 pour que la pièce soit disponible dans une version non censurée.

“Cabaret!” », une série documentaire de Céline du Chéné réalisée par Laurent Paulré. A retrouver sur France Culture et sur toutes les plateformes d’écoute habituelles.

Émilie Grangeray

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