Les Togolais élisent leurs députés après une réforme constitutionnelle controversée

Les Togolais élisent leurs députés après une réforme constitutionnelle controversée
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Les Togolais ont commencé lundi matin à voter pour élire les députés et les conseillers régionaux, un vote qui intervient juste après une réforme éclair de la Constitution destinée selon l’opposition à prolonger le président Faure Gnassingbé au pouvoir.

A Lomé, la capitale, des électeurs, peu nombreux selon les journalistes de l’AFP sur place, sont venus voter dans le calme.

“Je suis ici pour remplir mon devoir civique et je suis sûr que mon parti politique remportera ces élections”, a déclaré à l’AFP Robert Aloudji, mécanicien, juste avant l’ouverture de son bureau de vote.

« C’est la première fois que je vote, car j’habite dans un pays voisin. Je suis sorti tôt pour éviter les foules. Je veux voter, car ces élections sont importantes », explique Koffi Ohini, technicien agricole de 24 ans. .

Le Togo, petit pays de 8,8 millions d’habitants coincé entre le Bénin et le Ghana, est dirigé par la famille Gnassingbé depuis les années 1960 : l’actuel président, Faure Gnassingbé, est arrivé à la tête de l’État en 2005 à la suite de son père, Eyadéma Gnassingbé, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis près de 38 ans.

Climat tendu

Cette double élection législative et régionale intervient dans un climat politique très tendu après l’adoption le 19 avril d’une nouvelle Constitution qui fait passer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire.

Désormais, le pouvoir est entre les mains d’un président du Conseil des ministres qui sera le leader du parti majoritaire à l’Assemblée.

Faure Gnassingbé étant l’actuel président du parti majoritaire, l’UNIR, il pourrait assumer ce nouveau poste immédiatement et rester à la tête du pays, ce que l’opposition dénonce comme « un coup d’État institutionnel ».

Le chef de l’Etat a voté ce matin dans le fief familial de Pya, au nord du pays.

“Je suis serein, car nous avons fait l’essentiel, nous avons dénoncé les failles du système et comme les Togolais écoutent, ils feront le travail”, a déclaré Jean-Pierre Fabre, leader du parti d’opposition ANC et candidat à l’élection présidentielle. poste de député à Lomé après avoir voté au lycée Kodjoviakopé.

“Je ne suis pas inquiète, j’ai confiance en mes concitoyens, ils ont compris l’importance de ces élections”, a déclaré Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, un regroupement de partis politiques d’opposition). et organisations de la société civile) après avoir voté dans le quartier Agbalépédogan de Lomé.

Les Togolais, dont près de 60% ont moins de 25 ans, vivent toujours dans une situation de grande privation matérielle, notamment en milieu rural, même si le taux de pauvreté a diminué de 60% en 2006 à 40% en 2023, selon le Banque mondiale.

L’économie togolaise reste stable avec une croissance annuelle de l’ordre de 5%, principalement axée sur les services, notamment avec le port autonome de Lomé, et l’agro-industrie. Les investissements de ces dernières années ont permis d’améliorer les infrastructures routières et aéroportuaires.

Depuis plusieurs années, comme ses voisins, le pays fait face à la menace jihadiste avec des attaques régulières dans le nord du pays.

Au total, 113 députés à l’Assemblée nationale doivent être élus, mais aussi pour la première fois, 179 conseillers régionaux qui – avec les conseillers municipaux – nommeront le Sénat nouvellement créé.

Pour l’UNIR, la réforme constitutionnelle rend les autorités plus représentatives du Togo.

M. Gnassingbé, 57 ans, a déjà remporté quatre élections, toutes contestées par l’opposition. Selon la Constitution précédente, il n’aurait pu se présenter qu’une seule fois à la présidence, en 2025.

Serrez la vis

Pour ses partisans, rester au pouvoir signifie poursuivre les programmes de développement qui, disent-ils, ont amélioré les infrastructures. Selon la nouvelle Constitution, le président togolais n’aura qu’un rôle essentiellement honorifique.

Suite au tollé provoqué dans l’opposition par cette nouvelle Constitution, les autorités ont serré la vis à l’approche du vote.

Toute tentative de manifestation contre la réforme constitutionnelle a été interdite. Et la Commission électorale a refusé à la Conférence épiscopale du Togo l’autorisation de déployer des observateurs électoraux, selon un document consulté par l’AFP.

La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication a également suspendu temporairement les accréditations de la presse étrangère souhaitant couvrir les élections.

Dimanche, les ministres de la Justice et de la Sécurité ont publié un communiqué pour mettre en garde « les auteurs de publications de résultats faux ou d’ erronées, de diffamation ou d’injure » qui « répondront de leurs actes devant les juridictions compétentes ».

Les résultats du scrutin doivent être annoncés dans les six jours suivant le vote.

 
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