et l’effet papillon

et l’effet papillon
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J’ai vu le film Le domaine d’intérêt, qui a été nominé pour le meilleur film aux Oscars.


Publié à 1h31

Mis à jour à 7h00

C’est l’histoire du commandant Rudolf Höss et de sa famille, qui vivent paisiblement dans leur propriété adossée aux murs du camp d’extermination d’. Höss étant le chef historique du camp. La description d’une indifférence tragique à côté de l’horreur.

J’ai visité les anciens camps d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne. Repoussant!

En revoyant le film dans ma tête, je me suis répété que si j’avais la capacité de remonter le temps et d’utiliser la théorie de l’effet papillon comme métaphore, je me programmerais pour atterrir dans la capitale autrichienne, au début du XXe siècle, afin de changer le cours de l’existence de Christian Griepenkerl, l’idiot qui a refusé, deux fois plutôt qu’une, la candidature d’Adolf Hitler à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne.

Le résultat souhaité aurait été de sauver des dizaines de millions de vies perdues pendant la Seconde Guerre mondiale.

La théorie de l’effet papillon a été formulée par un météorologue, Edward Lorenz, pour extrapoler la prévisibilité, en posant la question : « Le battement d’aile d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ?1 ? »

Un peu pervertie scientifiquement, cette théorie pourrait être utile si l’on savait remonter le temps afin d’intervenir pour changer un événement qui n’était pas si important, mais qui aurait d’énormes conséquences dans le futur.

J’imagine déjà ce que j’aurais pu inventer pour empêcher Griepenkerl d’humilier le futur Führer qui, comme homme d’affaire Starmania et son blues, je voulais être artiste. La seule question aurait été la limite morale que je me serais imposée…

Bien sûr, vous me direz que je n’y connais rien, mais je ne les trouve pas si mauvais, les croquis présentés par Hitler à l’Académie2. Un type assez prétentieux, ce Griepenkerl, j’aurais dit oui tout de suite !

Un Hitler heureux, admis dans cette institution, et 99 % de chances que le Führer n’existera jamais.

Le sentiment qui m’est resté après avoir vu ce film m’a amené à revisiter quelque chose que j’avais lu l’année dernière : Conséquences : la vie pendant les retombées du Troisième Reich, 1945-1955par le journaliste allemand Harold Jähner.

Costaude est l’idée d’expliquer la vie quotidienne allemande dans les 10 années qui ont suivi la guerre, et très peu de choses ont été écrites sur cette période.

J’ai longtemps eu pour objectif de tenter, à travers de nombreuses lectures, de découvrir, comme des milliers d’individus, je suppose, et en vain, LE jour où Hitler a décidé, ou donné l’ordre, de procéder à l’extermination des Juifs.

Comme lors de cette conférence de Wannsee de 1942, où les dirigeants allemands se sont mis d’accord sur l’opérationnalisation de la « solution finale ».

Et aussi, combien de temps pour tenter de saisir pleinement l’environnement social et politique de cette étrange période de la République de Weimar, l’entre-deux-guerres, qui a conduit à l’accession au pouvoir d’Hitler en Allemagne.

Je me souviens encore de mon premier séjour à Munich, où presque aussitôt descendu de l’avion, je me suis promené dans la ville pour identifier l’emplacement de la brasserie Bürgerbraükeller, où Hitler et ses acolytes se sont rencontrés et d’où il a miraculeusement échappé à un attentat en 1939. Et le Löwenbraükeller, l’autre buvette dont il était un habitué.

Le livre de Jähner commence avec la capitulation du régime nazi le 7 mai 1945.

A cette date, les quelque 75 millions de personnes vivant sur le territoire allemand sont cachées, ou ensevelies sous 500 millions de mètres cubes de décombres.

Mais à Berlin, ce n’était pas alors la principale préoccupation. Parce que l’entrée de l’Armée rouge dans la ville fera des femmes les principales victimes, et encore une fois, parce que comme beaucoup le font en Ukraine, les soldats russes s’adonneront à leur sport favori des envahisseurs en temps de guerre : le viol.

À Dresde, capitale de la Saxe, l’État allemand, les travaux de déblayage des décombres n’ont été achevés que 35 ans plus tard, en 1977.

Sur les 75 millions d’habitants, environ quarante millions étaient des personnes dites « déplacées », c’est-à-dire qu’elles se trouvaient loin de leurs foyers d’avant-guerre, pour toutes sortes de raisons, ne souhaitant pas être là où elles étaient, comme tant de vagabonds. .

Des millions de prisonniers, des soldats allemands, des citadins ayant fui vers les campagnes, des populations de l’Est ayant fui avec l’arrivée des Russes, etc.

Alors imaginez tous ces gens qui errent, comme des sans-abri, ou qui tentent de rentrer chez eux alors que l’Allemagne est détruite : des infrastructures quasi inexistantes, la famine, et son corollaire, la violence pour survivre.

Chaotique, dites-vous ?

Un ouvrage monographique dont le principal intérêt pour moi était l’analyse psychologique du sentiment complexe de non-culpabilité des Allemands de l’époque.

Ou comment ils ont presque réussi à se victimiser, a fortiori, par rapport au régime nazi, à réprimer leur responsabilité collective et à vivre ce paradoxe du « silence communicatif » sur les conséquences de la Shoah et du reste du désastre, comme le théorise un philosophe nommé Hermann Lübbe.

D’où le lien dramatique pour tenter de comprendre l’indifférence des protagonistes de Le domaine d’intérêt…

Inquiétant!

Lire l’article québécois « L’effet papillon : quand un détail change tout »

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Entre nous

Dans la même veine : Leur Seconde Guerre mondiale, de Bruno Halioua. Comment, enfants ou jeunes adultes, Chirac, Giscard d’Estaing, Beauvoir, Sagan, Brassens et autres personnalités françaises ont vécu les années d’occupation allemande en .

Et une autre biographie récemment publiée de ce magnifique homme politique français et juif qui a vécu les camps de la mort, Simone Veil : les combats d’une immortelle. Par Laurène Vernet.

 
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