Whiskey San, bande dessinée française, retrace l’incroyable destin de Masakata Taketsuru, l’homme qui a bravé les difficultés pour faire aussi bien que les Écossais.
Il aura fallu à peine un siècle pour que le Japon rejoigne le cercle des grands pays producteurs de whisky. L’Archipel doit cette performance à un homme : Masakata Taketsuru dont l’incroyable destin est retracé dans Whisky San, une bande dessinée de Fabien Rodhain, Alcante et Alicia Grande. Ce descendant d’une famille de brasseurs de saké depuis plusieurs générations, a découvert le whisky très jeune, grâce à un camarade de classe écossais exilé à Hiroshima où son père faisait une thèse de doctorat sur l’économie portuaire au Japon. Masakata nourrit alors le rêve de créer le premier whisky japonais, en 1902, époque où ce spiritueux était considéré par les Japonais comme la boisson du diable…
Doté d’un nez hors du commun, capable de décrire toutes les nuances subtiles du saké, il doit reprendre la brasserie familiale. Mais Masakata Taketsuru met le cap sur l’Écosse pour étudier la chimie organique à l’université de Glasgow, au grand désarroi de son père qui finit par le répudier. S’en suit un chemin semé d’embûches, entre le refus des distilleries de l’embaucher en raison de ses origines, l’épidémie de grippe espagnole qui a ravagé le Royaume-Uni ou encore l’envie d’épouser Rita Cowan, une Écossaise dont la famille se heurte à cette perspective.
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Les débuts de Suntory
“masa», comme on le surnomme désormais, parvient à surmonter toutes ces épreuves avant de retourner au Japon avec sa bien-aimée. Toujours avec l’intention de créer sa distillerie sur le modèle écossais. Faute de capital, il s’associe dès son arrivée à Shinjiro Torii, un personnage retors selon Whisky San dont les auteurs précisent que leur «l’histoire est une fiction inspirée d’événements réels« . C’est pourtant vrai : les deux hommes sortent leur première eau-de-vie en 1929, contre l’avis de Masakata Taketsuru. Ils signent ainsi les débuts du label Suntory (Hibiki, Yamazaki, Hakushu).
En 1934, les deux partenaires finissent par se séparer, à l’initiative de Masakata Taketsuru qui s’installe à Yoichi sur l’île d’Hokkaido pour distiller un whisky façonné à son image. Nikka Whisky était née. Le début d’une autre aventure parfaitement incarnée par Alicia Grande, qui s’inspire de l’esthétique manga pour mieux retranscrire une part passionnante et finalement méconnue de la culture japonaise.
Éditions Bambou
Whisky San de Rodhain, Alcante et Grande (Bamboo Grand Angle Editions, 136 p., 24,90 €)
