« La Géorgie n’a pas le droit de rater cette chance », prévient le président Zourabichvili

« La Géorgie n’a pas le droit de rater cette chance », prévient le président Zourabichvili
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Manifestation et contre-manifestation en Géorgie autour du projet de loi controversé sur l’influence étrangère, voulu par le gouvernement. L’opposition accuse le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, d’agir sous la pression de son voisin russe. L’UE, de son côté, a déjà fait clairement comprendre à la Géorgie que cette loi était incompatible avec le statut de candidat à l’adhésion. La présidente Salomé Zourabichvili, qui œuvre depuis des années pour un avenir européen pour son pays, s’oppose au gouvernement et soutient les manifestants. Elle a accordé une interview exclusive à RFI.

De notre envoyé spécial à Tbilissi,

RFI : Comment jugez-vous ce projet de loi sur l’influence étrangère, porté par le gouvernement ?

Salomé Zourabichvili : Pour la population, dans ses très grande majorité, quant à moi, cela n’a aucun sens. Au moment où le Géorgie vient d’obtenir le statut de candidat, en décembre 2023, et s’apprête à pouvoir ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Union européenne – c’est en tout cas ce qui est une perspective possible –, il est totalement absurde de répéter une loi qui a été rejetée non seulement par l’ensemble de la population l’année dernière, mais qui a également été rejetée par nos partenaires européens.

[Ces derniers] ont très clairement indiqué qu’il n’était pas souhaitable d’avoir une loi qui serait une copie de la loi de sur le même sujet et qui aurait pour conséquence de tuer pratiquement la base non gouvernementale, la société civile, dans .

Avez-vous le sentiment que nous vivons aujourd’hui un moment historique ?

Je partage avec vous l’idée que nous sommes à un moment historique. Je pense que le moment historique sera celui des élections [le 26 octobre 2024, NDLR]et que là, la Géorgie devra consolider son choix, son choix européen et que cela sera absolument décisif.

Vous avez appelé Emmanuel Macron et Charles Michel pour leur demander d’aborder cette situation en Géorgie lors du Conseil européen. Quelle réaction l’Union européenne pourrait-elle adopter pour faire face à cette situation ? ?

Le but de mes communications était qu’à une époque où il se passe beaucoup de choses sur le reste de la planète, des crises qui exigent de l’attention, cette attention devrait également être accordée à nous. C’est-à-dire que la Géorgie ne quitte pas le champ d’attention de nos principaux partenaires car nous nous trouvons à un moment décisif et nous serons dans cette situation jusqu’à la fin de l’année, jusqu’aux élections et jusqu’au moment où l’ouverture des négociations d’adhésion est déterminée.

Et cette attention, je dois dire qu’elle existe, j’ai reçu des réponses des deux côtés. Je sais que cette question a été discutée au Conseil européen, même si elle n’était pas à l’ordre du jour officiel, et il est très important que cette attention demeure, que les visites à haut niveau se poursuivent et que la Géorgie reste à l’écran, je dirais .

Pour le reste, il nous appartient de faire tout notre possible pour que les élections donnent le résultat souhaité et que les recommandations qui sont sur notre table soient effectivement mises en œuvre, afin de nous permettre d’entamer les négociations d’adhésion. La Géorgie n’a pas le droit de rater cette opportunité.

Le Parlement européen a adopté une résolution qui conditionne le début des négociations d’adhésion du pays à l’Union européenne au rejet de cette loi…

je vais mettre ça veto et j’ai mis le veto sur toutes les lois – il y en a eu plusieurs – qui allaient à l’encontre des recommandations européennes, et c’est un geste hautement symbolique qui prend en compte la volonté de la population géorgienne. La réponse au fait que le veto sera sûrement annulée par un Parlement disposant du nombre de voix nécessaire qui se rendra aux urnes en octobre.

Ce sont les élections qui détermineront la perspective européenne et le choix européen, et il est clair que le gouvernement de coalition qui émergera des élections, si la population confirme son choix européen, est un gouvernement qui rejettera toutes ces lois qui ne ce ne sont pas des lois européennes.

Je crois et je pense et je suis convaincu que les autorités européennes, et elles l’ont dit à plusieurs reprises, attendent les élections, le déroulement des élections et les résultats des élections pour savoir ce que veut la Géorgie. Et c’est ce qui conditionnera [leurs] réactions, et rien dans l’intervalle ne conduira à des changements brusques dans la position européenne.

Cette loi est appelée « loi russe ». Quand nous parlons de l’influence russe ici en Géorgie, qu’est-ce que cela signifie ?

Cette loi russe ne répond à aucun besoin. Le fonctionnement et le financement des organisations non gouvernementales ou des organisations internationales qui ont aidé la Géorgie depuis son indépendance, tout cela a été [déjà] très transparent. Cette loi n’est pas nécessaire.

Si cela sert les intérêts de quelqu’un, c’est bien ceux de Moscou car cela éloigne la Géorgie de l’Union européenne, ce qui a toujours été une des ambitions de la politique russe et est aujourd’hui réactivée. C’est donc un signe d’influence russe. La loi sur au large transformé ici [une loi fiscale qui permettrait le contournement des sanctions occidentales, NDLR] qui sert les intérêts des oligarques russes, éventuellement punissables ou déjà sanctionnés, est aussi une marque de l’influence russe ainsi que de la propagande sur les lois LGBT… Enfin, tout ce que l’on sait de la propagande russe en Russie et qu’on retrouve en action ici.

Lire aussiGéorgie : un manifestant contre le projet de « loi russe » libéré après un an de prison

 
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