« La coopération internationale augmente, tout comme les arrestations »

« La coopération internationale augmente, tout comme les arrestations »
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La Belgique est-elle capable de se protéger contre les tentatives d’espionnage chinois ? La Libre décortique plusieurs aspects du phénomène pour tenter de comprendre comment Pékin opère sur le territoire belge

Un assistant parlementaire européen lié au parti d’extrême droite AfD

Mardi 23 avril, nouveau coup de tonnerre avec l’annonce de l’arrestation dans la nuit, à Dresde, d’un Allemand d’origine chinoise. Agé de 43 ans, cet homme travaille depuis 2019 pour l’eurodéputé allemand d’extrême droite, Maximilian Krah, également tête de liste du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) pour les élections européennes du 9 juin. Selon le parquet de Karlsruhe, Jian Guo a transmis aux services de renseignement chinois des informations relatives aux débats, négociations et votes au sein du Parlement européen. Il est également soupçonné d’avoir espionné des membres de l’opposition chinoise en Europe. Ce mardi, il a été suspendu de ses fonctions, avec effet immédiat, par le Parlement européen.

Pour la ministre fédérale de l’Intérieur, Nancy Faeser (SPD), ces différentes accusations sont «extrêmement sérieux». “S’il est confirmé que les services de renseignement chinois ont espionné le Parlement européen, c’est une attaque de l’intérieur contre la démocratie européenne. […]. Ceux qui emploient de tels employés en portent la responsabilité.», a-t-elle ajouté à l’AfD. Ce parti, via Maximilian Krah, a également fait profil bas hier, qualifiant ces accusations de «très sérieux». “S’ils s’avéraient fondés, cela entraînerait la rupture immédiate des relations de travail. » a réagi le député sur le réseau social X, expliquant qu’il ne savait rien de cette affaire.

Pour Sofia Hoffmann, de l’Université d’Erfurt, c’est une question centrale. “Il est toujours surprenant d’apprendre que l’assistant d’un élu travaille pour un État étranger. Si Maximilian Krah le savait, ce serait une catastrophe», juge-t-elle. Cette affaire est d’autant plus explosive que deux autres membres de l’AfD, dont le numéro deux de la liste européenne, sont soupçonnés d’avoir reçu de l’argent de la Russie pour relayer sa propagande en Allemagne. “Ce sont de véritables « patriotes » qui vendent constamment l’Allemagne à la Chine et à la Russie. » a commenté hier l’élue libérale Marie-Agnès Strack-Zimmermann.

L’oligarque ukrainien, très proche de Vladimir Poutine, est à l’origine de la plateforme « Voice of Europe » soupçonnée d’avoir soudoyé des parlementaires européens.

De nouvelles découvertes à attendre

Plus largement, ces deux affaires d’espionnage chinois surprennent par leur timing, quelques jours après une visite de trois jours en Chine du chancelier Olaf Scholz et posent la question de l’importance pour la Chine de l’Allemagne, à la fois partenaire économique et concurrent stratégique. La politologue Sofia Hoffmann note un «tendance« dans l’espionnage chinois, il ne faut plus se concentrer uniquement sur l’espionnage »industriel classique visant à obtenir un avantage concurrentiel », mais pour inclure une dimension économique plus large »comprendre comment l’Allemagne progresse économiquement et militairement ». « L’Allemagne est intéressante à espionner car c’est un pays relativement ouvert, dont l’économie est orientée vers l’exportation et qui investit beaucoup en Chine. Les possibilités sont donc nombreuses“, elle croit.

Les soupçons de collusion entre les services secrets russes et certains députés européens perturbent la campagne des candidats. Au cœur de l’affaire : « Voice of Europe », un portail se déclarant « non censuré » mais qui, en réalité, propage le discours du Kremlin.

L’annonce de ces différentes affaires – dans un pays où la justice n’est pas toujours aussi prompte à communiquer – suscite des commentaires divergents. L’opposition conservatrice y voit une preuve de “vulnérabilité” du pays. Le ministre de l’Intérieur y voit un succès pour les services de renseignement allemands.

Une position que partage en partie Sofia Hoffmann. “L’Allemagne n’est pas particulièrement vulnérable. Depuis la guerre en Ukraine, elle a renforcé ses équipes, comme d’autres pays européens. C’est un peu comme après le 9 septembre. La coopération internationale augmente et les arrestations aussi.» elle juge. En tout cas, tout le monde est d’accord sur un point : ce type d’entreprises devrait se multiplier.

 
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