(Buenos Aires) La Cour suprême du Venezuela a validé lundi l’émission d’un mandat d’arrêt contre le président argentin Javier Milei, avant que la justice argentine n’ordonne à son tour l’arrestation du président vénézuélien Nicolas Maduro dans une autre affaire.
Publié hier à 21h26
La décision de la Cour suprême vénézuélienne fait suite à une demande du procureur général Tarek William Saab, formulée le 18 septembre, d’un mandat d’arrêt contre Milei, ainsi que contre Patricia Bullrich, la ministre de la Sécurité, et Karina Milei, la secrétaire générale de la présidence, dans le cadre de l’affaire de l’avion vénézuélien saisi en juin 2022 à Buenos Aires et envoyé aux États-Unis.
La mesure est toutefois symbolique, car il est peu probable que le président argentin ultralibéral, son ministre et le secrétaire général de la présidence se rendent au Venezuela, où elle est appliquée.
Tous trois sont accusés de vol aggravé, de blanchiment d’argent, de privation illégale de liberté, d’atteinte illégale à la sécurité opérationnelle de l’aviation civile et d’utilisation d’aéronefs.
L’imbroglio entre les deux pays remonte au 8 juin 2022, lorsque la justice argentine a immobilisé un avion-cargo vénézuélien sur son sol. Les 19 membres de l’équipage ont été arrêtés, puis relâchés. Parmi eux se trouvaient cinq Iraniens, dont l’un était, selon Washington, un ancien commandant des Gardiens de la révolution, une organisation classée comme terroriste par les Etats-Unis.
Les États-Unis avaient alors demandé la saisie de l’appareil, arguant qu’il avait été vendu en octobre 2021 à Emtrasur, filiale de la compagnie aérienne publique vénézuélienne Conviasa, par la compagnie iranienne Mahan Air, en violation des sanctions américaines.
L’Argentine a remis l’avion aux États-Unis en février, sous la présidence de Javier Milei.
Diamétralement opposés idéologiquement, les deux présidents vénézuélien et argentin se critiquent et même s’insultent régulièrement.
« Plan systématique de répression »
La justice argentine a ordonné lundi soir l’arrestation de M. Maduro afin qu’il soit interrogé dans le cadre d’une enquête pour crimes contre l’humanité en vertu du principe de compétence universelle, ont indiqué des sources judiciaires.
Le Tribunal fédéral de Buenos Aires a transmis la demande d’arrestation à Interpol afin que des alertes rouges soient émises, selon la presse locale.
Outre M. Maduro, le jugement ordonne l’arrestation de 30 autres fonctionnaires, membres des forces de sécurité et de renseignement vénézuéliennes, ainsi que celle du ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello.
Selon la Chambre fédérale, après avoir entendu des témoins, « il a été prouvé qu’il existe au Venezuela un plan systématique de répression, de disparitions forcées de personnes, de torture, d’homicides et de persécution contre une partie de la population civile, développé – au moins – depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui », indique un extrait de la sentence cité par le journal La Nacion.
Le 29 juillet, le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec sept pays d’Amérique latine, dont l’Argentine, qui ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro fin juillet face à l’opposition, qui revendique sa victoire.