En parajudo, les Français raflent les podiums mais ratent l’or – Libération

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Nous voulions un dernier coup. Que cet été de Jeux Olympiques et Paralympiques dure et dure. La ligne d'arrivée n'est pas loin, mais nous refusons de la franchir. Que ces médailles, ces podiums, ces cris de joie, ces larmes, ces drapeaux, cette Phryge qui gesticule béatement, et même cet obstiné “un … Déjà nostalgiques alors que la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques n'était prévue que ce dimanche soir, nous nous sommes installés aux aurores dans les tribunes de l'Arena Champs-de-Mars pour suivre la dernière journée de para-judo des Jeux, et prendre une dernière dose de ce qui nous a fait vibrer ces derniers mois. Au programme : cinq Français sur les tatamis, trois médailles, un public surexcité et des yeux embués. Condensé d'une journée tricolore au dojo.

Prescillia Lézé, l'apprentissage

Pas sûr que les mots de réconfort de Clarisse Agbegnenou à sa sortie du tatami aient suffi à apaiser la douleur de Prescillia Lézé. Samedi matin, la judoka française de 25 ans a subi deux défaites rapides, mettant fin à ses rêves de médaille paralympique pour ses premiers Jeux. Traversant la zone mixte les yeux encore humides, la championne d'Europe 2023 a débriefé : « J'ai essayé d'être plus entreprenant lors des repêchages mais malheureusement je n'ai pas poursuivi mon attaque et j'en ai payé le prix fort. » A deux reprises, la judoka a été contrée alors qu'elle entamait son mouvement. Son entraîneur, Camille Bresse : « Elle arrive agressivement, mais en judo, il faut faire tomber quelqu'un, ce qui veut dire qu'on se met dans une position vulnérable et qu'on peut être surpris. Là, il y a peut-être un peu de précipitation. » Et le coach a annoncé la couleur des semaines à venir : « Maintenant, c'est les vacances, et ensuite nous élaborerons un plan d'attaque pour en ramener un dans quatre ans. »

Cyril Jonard, la longévité

La star française Hélios Latchoumanaya n'avait que 4 ans lorsque Cyril Jonard a décroché le Graal à Athènes. A presque 50 ans, celui qui a prénommé sa fille Athéna est toujours là, sur les tatamis de Paris et apparaît de nouveau sur un podium paralympique, deux décennies plus tard. Aveugle et sourd – il est multiple médaillé aux Deaflympics, la compétition mondiale réservée aux sourds – Jonard a été le premier Français du jour à faire son entrée sur les tatamis, alors qu'une bonne partie des sièges de l'Arena étaient encore vides. Et la matinée du Limoges à la joue de boxeur a été terriblement longue. Après près de dix-huit minutes passées sur les tatamis en trois combats, il a vu son rêve de finale brisé par le Britannique Daniel Powell, au terme d'un interminable golden score. « C'est très frustrant, nous l'a raconté sa femme Cécilia pendant la pause déjeuner. Mais il a une force extraordinaire. On en a la preuve deux heures plus tard, lors de la petite finale. Cyril Jonard, qui communique en langage des signes, dessiné par les doigts de son entraîneur Jason Guillot sur la paume de sa main, parvient à immobiliser son adversaire ouzbek, Turgun Abdiev pour marquer ippon. Stoïque depuis le début de la journée, on le voit jubiler comme un gamin sur le tatami, au point de déclencher une Macarena devant les caméras, avant de sauter dans les bras de Sandrine Martinet, revenue au Champ-de-Mars soutenir ses amies après avoir décroché l'argent jeudi.

Jason Grandry, l'homme blessé de bronze

Sa journée a commencé par un exploit, puis une douche froide. Pour son entrée en lice, Jason Grandry est venu à bout d’Ilham Zakiyev, plus de 150 kilos sur la balance, et l’un des favoris de la catégorie +90kg. Le Breton, hyper mobile, a réussi à multiplier les pénalités pour non-combativité sur son adversaire, au point de l’emporter. Direction la demi-finale… Et une élimination en seize secondes. « Je voulais aller vite, mais sa main était mieux placée que la mienne » raconte le judoka à l'allure viking, ses tresses tricolores nouées sur la tête. Pour lui, à l'occasion de ses premiers Jeux, ce sera donc la petite finale, l'après-midi. Et un autre combat express, mais cette fois en sa faveur. Au bout de vingt-neuf secondes, le judoka met à terre son adversaire turc, lui aussi « un gros bébé. » « J'ai un mauvais genou [il n’a failli pas être présent aux Jeux en raison d’une luxation du ménisque, ndlr]Il y a deux jours, j'étais encore en train de passer des IRM. Cette médaille représente huit années de sacrifices », a témoigné Grandry, la voix tremblante après sa médaille de bronze.

Hélios Latchoumanaya, un pas trop haut

« La clé de la finale, c'est sa mobilité. » C'est cette arme qui allait transformer le bronze de Tokyo en or à Paris lors de la finale face à l'Ukrainien Oleksandr Nazarenko, a expliqué l'entraîneur du club d'Hélios Latchoumanaya, Cédric Margalejo. Son protégé venait de remporter ses deux premiers combats, non sans mal. « La première a été difficile, mais c'est normal, quand on se lance dans une compétition d'une telle importance, on ne peut pas être détendu dès le départ » Margalejo a analysé. Soutenu par un clan venu en nombre du sud-ouest, reconnaissable à un tee-shirt à son effigie, le natif de Tarbes a semblé plus détendu en demi-finale, enchaînant deux coups propres, dont une technique de sacrifice pour envoyer son adversaire au-dessus de lui et marquer ippon.

Enflammés par une (ré)apparition de la star olympique Clarisse Agbenenou sur le tatami, les supporters français ont accueilli Hélios Latchoumanaya, en finale, tel un gladiateur qui débarque dans l'arène. Imperturbable, le double champion du monde et champion d'Europe avance sur le tatami pour écrire la plus belle page de sa jeune carrière. « La pression ne l'atteint pas, c'est une personne tellement cool, il sait comment la gérer » prévenait son entraîneur. Mais comme à Tokyo, c'est une fois de plus avec cette amertume exaspérante que Latchoumanaya termine son tournoi paralympique. Tombé sur un léger mouvement de l'Ukrainien après quarante secondes, le Français s'est battu, jusqu'à l'acharnement, pour rattraper son retard au tableau d'affichage. En vain. « Je n’avais que l’or en tête, c’est une énorme déception, surtout vu la manière dont le combat s’est déroulé. J’ai fait une petite erreur, et même si j’ai repris le dessus dans le combat, je n’ai pas pu le faire retomber. Ce sont les petits détails qui ont fait que l’or m’a échappé. » a constaté le judoka, abattu, après son combat.

Nacer Zorgani, l'homme à tout faire

Deux combats et une médaille en chocolat. Subtilité de certaines catégories, Nacer Zorgani s’est qualifié pour la petite finale des + 90kg (J2, pour les malvoyants) après sa défaite matinale sans passer par le box des repêchages, sa catégorie ne comptant que sept inscrits. Pratiquant de nombreux arts martiaux – karaté, kick-boxing, boxe anglaise, taekwondo, ju-jitsu –, le judoka de 38 ans avait remis le judogi en 2022. Et cette passion du combat lui avait permis de participer, à sa manière, aux Jeux olympiques : « J’ai été la voix de la boxe pendant les Jeux olympiques : j’ai présenté 235 combats et 13 cérémonies de victoire, il l'a détaillé il y a quelques jours. C'était un entraînement pour moi, je me suis habituée à la musique, aux cris, à la lumière, j'ai eu la chance de voir ce qui m'attendait. Une répétition qui n’a pas suffi au colosse aux mille vies – né en Algérie, il fut entre autres étudiant en philosophie, comédien et employé dans la finance –, qui n’arrive pas à additionner la ligne « Médaillé paralympique » sur son CV.

 
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