« White Power – Au cœur de l’extrême droite » – rts.ch

« White Power – Au cœur de l’extrême droite » – rts.ch
« White Power – Au cœur de l’extrême droite » – rts.ch

Allemagne, Belgique, Italie, France, Hongrie… En Europe comme ailleurs, l’extrême droite a le vent en poupe et se banalise. Parmi ses différents mouvements, la suprématie blanche se répand et infiltre toutes les catégories de la population. Le documentaire « Pouvoir blanc – Au cœur de l’extrême droite » dresse un portrait inquiétant de ces idéologies qui se rapprochent du pouvoir politique… quand elles n’y sont pas déjà implantées.

Blouson aviateur, bottes militaires et crâne rasé… Il fut un temps où les membres des groupes se réclamant du « white power » – que l’on peut traduire par « suprématie blanche » – étaient facilement reconnaissables. Ce n’est plus forcément le cas. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux se fondent dans la masse, cachés derrière les traits de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, voire derrière ceux de leaders politiques comme l’Allemand Björn Höcke.

Rémigration

Le coprésident de l’AfD (Alternative für Deutschland) et député au parlement de Thuringe fait partie de ce nouveau mouvement d’extrême droite radical et décomplexé. Son programme se résume en un mot : « remigration ». Ce néologisme d’origine anglaise désigne le retour dans leur pays d’origine des immigrés non européens, y compris les détenteurs d’un passeport allemand s’ils sont jugés « non intégrés ». Pour cet ancien professeur d’histoire, il faut rendre à l’Allemagne ses racines européennes et « faire de l’UE une forteresse ».

Nous allons construire l’Europe comme une forteresse, regardez la Hongrie

Björn Höcke, coprésident du parti AfD

Cette idéologie, qui paraît difficile à défendre, connaît pourtant un franc succès outre-Rhin. Un électeur sur cinq la soutient, un sur trois dans l’ex-Allemagne de l’Est. Comment justifier cet enthousiasme dans le pays qui a vu naître le nazisme ? Le million de réfugiés accueillis par Angela Merkel en 2015 constituent un bouc émissaire idéal. L’appauvrissement de la population, instrumentalisée dans les urnes par l’AfD, est en partie imputé à ces nouveaux arrivants. Dans l’ex-Allemagne de l’Est, 70 % des électeurs pensent que les immigrés ne sont là que pour toucher des prestations sociales.

L’extrémisme pour combler un vide

Pour Axel Reitz, qui témoigne dans le documentaire, il y a aussi d’autres raisons de tomber dans l’extrémisme. Ce néonazi repenti, surnommé dans les années 2000 le « Hitler de Cologne », affirme qu’on ne devient pas extrémiste à cause d’un discours brillant ou d’un pamphlet. Selon lui, les membres de ces mouvements ont quelque chose qui manque dans leur vie. Un besoin de pouvoir, d’appartenance ou le désir de se sentir utile. Mais selon Philip Schlaffer, un ancien skinhead, ce qu’ils ont tous en commun, c’est la paranoïa.

Je n’ai jamais rencontré d’extrémiste qui ne soit pas paranoïaque.

Philip Schlaffer, ancien skinhead

On retrouve ces mêmes préoccupations identitaires en Belgique, deuxième étape du film. Côté wallon (partie francophone), un cordon sanitaire politique et médiatique tient l’extrême droite à l’écart des plateaux de télévision publics depuis 1992. Le Front national belge ne représente plus que 1% de l’électorat. Côté flamand (néerlandophone), c’est une autre histoire. Le Vlaams Belang (Intérêt flamand) cartonne. En juin 2024, il est arrivé en tête des élections européennes.

Le parti a également fait de la lutte contre l’immigration l’un de ses principaux fers de lance. Comme d’autres, il a adopté la théorie du « grand remplacement ». (voir encadré). Celle-ci prétend qu’il existe un processus de remplacement volontaire et planifié des Européens blancs par une population non européenne en Europe. Fin 2023, le Vlaams Belang a même fait de cette théorie le thème central de son congrès. Le parti affirme que la majorité des étrangers vivant à Bruxelles sont d’origine arabe. Selon un spécialiste de l’analyse de données interrogé dans le film, c’est faux. Les ressortissants européens représentent le plus grand contingent d’étrangers à Bruxelles, les Français arrivant en tête de ce classement.

Trois mille extrémistes de droite violents en France

Côté français, les services de renseignement estiment à 3 000 le nombre d’extrémistes de droite violents. La moitié d’entre eux sont inscrits sur la liste S. Selon Europol, le pays recense à lui seul près de la moitié des actes terroristes d’extrême droite commis ou déjoués en Europe. Certains groupes français sont opérationnels, ils mènent des actions violentes et ciblées, comme dans Saint-Brevinen mai 2023. Dans ce village qui s’apprêtait à accueillir un centre d’accueil pour réfugiés, des manifestants d’extrême droite ont incendié la maison du maire.

Pour l’État français, punir ces actes est complexe car il faut les rattacher à des individus ou à des groupes. Mais les actes ne sont pas revendiqués. Quand la justice passe enfin et qu’un groupuscule est dissous, un autre peut être créé, sous un autre nom mais avec les mêmes idéaux qui, si nécessaire, impliquent l’usage de la violence.

Franck Sarfati – Documentaires RTS

 
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