L’explosion des téléavertisseurs et des talkies-walkies au Liban pose un problème sans précédent

L’explosion des téléavertisseurs et des talkies-walkies au Liban pose un problème sans précédent
L’explosion des téléavertisseurs et des talkies-walkies au Liban pose un problème sans précédent

Une opération sans précédent qui n’a pas encore été revendiquée mais que de nombreux observateurs attribuent au Mossad, le service de renseignement israélien, notamment en raison du modus operandi.

Depuis cette attaque spectaculaire et meurtrière, les experts en sécurité estiment que plusieurs milliers de bipeurs ont été tout simplement piégés, avec des charges explosives intégrées à l’intérieur. Une hypothèse corroborée par les déclarations de trois sources libanaises qui ont déclaré à Reuters que les bipeurs concernés étaient un modèle moderne récemment acheté par le Hezbollah ces derniers mois.

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L’IC-V82 est une radio portable qui a été produite et exportée, notamment au Moyen-Orient, de 2004 à octobre 2014″

Si cette attaque est qualifiée d’extraordinaire et semble tout droit sortie d’un film de science-fiction, c’est d’abord parce qu’elle a (très sûrement) nécessité une vaste opération menée par les services secrets israéliens, qui en quelques années, ont réussi à gagner l’admiration de la CIA, des services français et d’autres pays britanniques.

Premier défi, savoir quels types d’appareils et de systèmes sont utilisés, deuxième défi, infiltrer la chaîne d’approvisionnement que le Hezbollah utilise pour ses téléavertisseurs et enfin, dernier défi mais non le moindre, mettre en place une ingénierie assez incroyable pour piéger à la fois les téléavertisseurs et les talkies-walkies tout en déclenchant ensuite une explosion synchronisée qui est également techniquement et tactiquement précise.

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Une Source proche du mouvement chiite a indiqué que les bips qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils, qui semblent avoir été piratés à la Source, ce qui confirme une intervention dans le processus de livraison de ces bips et démontre du même coup les failles qui peuvent exister dans le système de sécurité du Hezbollah.

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« Tout porte à croire que les deux types d’avions ont été modifiés de la même manière, il a en effet fallu que plusieurs agents israéliens s’infiltrent dans la chaîne logistique qui va de l’usinage au conditionnement et au transport, nous soupçonnons qu’il y a eu une modification qui a été faite à un moment donné, explique Alain De Neve, chercheur au Centre d’études de sécurité et de défense de l’École royale militaire. Une petite bande explosive a été ajoutée au boîtier et cela a nécessité des failles dans la chaîne d’approvisionnement de la distribution, ce qui confirme qu’il s’agit d’un élément ajouté plutôt que de l’appareil modifié. Enfin, la technologie utilisée est assez rudimentaire, c’est la chaîne d’organisation opérée par les services secrets qui a été magistrale. C’est une modification minime mais pour intervenir sur près de 5 000 appareils, il a fallu une mobilisation humaine et matérielle très importante. Concernant le Hezbollah, c’est aussi un message envoyé qui signifie que leurs appareils utilisés au quotidien et leurs moyens de communication peuvent être retournés contre eux et sont joignables par le Mossad ».

Une autre explication possible est que les services israéliens n’ont pas saboté les bipeurs du Hezbollah, mais les ont plutôt fabriqués, selon le New York Times, qui cite des responsables des services de défense et de sécurité israéliens.

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« La grande inconnue est la complicité ou non des constructeurs »

De son côté, le fabricant japonais Icom a déclaré jeudi avoir arrêté de produire des talkies-walkies « il y a une dizaine d’années ». « L’IC-V82 est une radio portable qui a été produite et exportée, notamment au Moyen-Orient, de 2004 à octobre 2014. Sa production a été abandonnée il y a environ 10 ans et depuis, elle n’a plus été expédiée par notre société. »L’Icom l’a expliqué dans un communiqué, réagissant aux informations du New York Times et des médias israéliens qui évoquaient ce modèle.

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La production des batteries nécessaires au fonctionnement de l’unité principale a également été interrompue et le sceau holographique permettant de distinguer les produits contrefaits n’a pas été identifié, ce qui ne permet pas de confirmer si le produit a été expédié par l’entreprise en question. Elle a ajouté que les produits destinés aux marchés étrangers sont vendus exclusivement par l’intermédiaire de ses distributeurs agréés.

Concernant les bips, la société taïwanaise Gold Apollo a démenti mercredi les informations selon lesquelles elle aurait fabriqué les appareils utilisés par des membres du mouvement islamiste libanais Hezbollah. L’entreprise accuse une société hongroise BAC Consulting domiciliée à Budapest qui n’a qu’un seul employé, en fait elle n’avait autorisé que son partenaire hongrois à utiliser la marque des produits. Or le PDG de la société affirme ne pas avoir fabriqué les bips mis en cause dans l’explosion de mardi. Le mystère reste donc total.

Cependant, une fois au Liban, les appareils auraient émis quelques secondes avant l’explosion un message de la direction du Hezbollah, selon les informations du New York Times. Les appareils portaient clairement la marque Gold Apollo.

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« Concrètement, cette société hongroise aurait uniquement utilisé la licence de la société Apollo pour fabriquer les téléavertisseursil précise. « Maintenant, la grande inconnue est de savoir si cette entreprise industrielle est complice ou non. Mais au vu de l’énorme mobilisation de ressources pour si peu de résultats, ou du moins si peu exploitables à long terme, je pense que ce n’est pas le cas. »

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« Ces agents infiltrés deviennent des acteurs stratégiques par procuration »

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L’autre théorie était que la batterie surchauffait, mais cela ne suffirait pas à déclencher de telles détonations, selon les experts en sécurité. Selon les théories les plus plausibles, l’explosif et son déclencheur auraient pu être discrètement introduits à l’intérieur du téléavertisseur, qui aurait été piraté pour exploser à la réception d’un message particulier.

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Alors, ces défauts dans la production et la livraison des appareils en question, bien que nous ne connaissions pas encore leur origine exacte ni leur lieu de production, menacent-ils la sécurité de nos moyens de communication ?

« La question la plus problématique à poser est qu’à tout moment, tout acteur économique et industriel qui réalise une quelconque production pourrait se retrouver entre les mains d’un groupe comme le Hamas ou le Hezbollah, fears Alain De Neve. Tout acteur est en effet susceptible de ne pas connaître tous les détails du client final et pourrait donc être pris en otage par les services de renseignement, comme c’est le cas ici. En fait, ces agents infiltrés deviennent des acteurs stratégiques par procuration et même si ce n’est pas inédit, on a vu avec quelle facilité Israël a pu profiter des failles de sécurité qui se trouvent dans cette chaîne d’approvisionnement afin de la tourner à son avantage. Je pense que beaucoup de gens qui travaillent dans le « back consulting » doivent être dans l’œil du cyclone« .

Et lorsqu’on lui demande si nos propres appareils de communication tels que les smartphones pourraient être la cible d’organisations criminelles, l’expert se montre rassurant. « Ce n’est pas un procédé qui peut viser le grand public. Ici, nous avons affaire à une attaque très ciblée dont l’idée était de viser une livraison bien précise en remontant la chaîne de commandement. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’une cyberattaque mais ce n’est pas le cas, il ne s’agit donc pas d’une menace pour nos propres appareils. Nous n’avons pas non plus affaire à des machines qui présentent certaines failles et qui pourraient être exploitées à tout moment. »conclut-il.

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