La relative inertie de l’Arabie Saoudite dans le conflit de Gaza pourrait-elle conduire à un accord sans précédent ? – .

La relative inertie de l’Arabie Saoudite dans le conflit de Gaza pourrait-elle conduire à un accord sans précédent ? – .
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L’Arabie Saoudite a cependant exprimé une «soutien très clair et sans ambiguïté aux Palestiniens », notamment sur le plan diplomatique, estime la politologue Fatiha Dazi-Héni, chercheuse à l’Institut de recherches stratégiques de l’École militaire (Irsem), à Paris. “En revanche, on constate l’impuissance, voire l’embarras, de l’Arabie Saoudite à se mettre en première ligne dans ce conflit, en raison de l’ampleur des victimes et du désastre humanitaire., estime ce spécialiste des monarchies de la péninsule arabique. Selon elle, Riyad s’est immédiatement placée «Au-dessus du combat » en organisant, en novembre, deux sommets réunissant les dirigeants des pays musulmans, ceux de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Si la première s’est soldée par un échec retentissant, la seconde a donné naissance à une souris : une mission diplomatique globe-trotter peu visible.

Deux sommets en Arabie saoudite pour discuter du conflit à Gaza

Position transparente

Depuis, l’Arabie saoudite a donné au Qatar et à l’Égypte les premiers rôles sur la scène diplomatique et médiatique pour négocier des trêves humanitaires et la libération des otages israéliens. “La surexposition n’est pas dans les habitudes de l’Arabie Saoudite. Elle préfère jouer le rôle d’animatrice”, souligne Mme Dazi-Héni. Cela n’empêche pas Riyad d’être active en coulisses, note le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), à Genève. Selon lui, « jeIl n’y a pas une tournée des responsables officiels américains qui ne passe par le Royaume, ce qui montre le rôle que l’Arabie saoudite continue de jouer dans ce dossier, comme on l’a encore vu mardi avec la visite du secrétaire d’État. « L’État de Blinken au prince héritier Mohammed ben Salmane ».

Cette position assez transparente de l’Arabie Saoudite dans le conflit israélo-palestinien s’explique par l’évolution du contexte moyen-oriental et par les nouvelles priorités de Riyad. Même si l’alliance stratégique avec les États-Unis a été réaffirmée sous l’administration Trump, «la convergence d’intérêts avec Washington n’est plus systématique sur les questions régionales, même si une certaine dépendance sécuritaire demeure »observe l’auteur de L’Arabie Saoudite en 100 questions (Tallandier, 2020).

L’érosion de l’influence américaine dans la région ainsi que l’émoussement du « parapluie » américain (suite aux attaques contre les raffineries saoudiennes en 2019) ont poussé le Royaume à rechercher d’autres alliances et partenariats, comme l’illustre la normalisation conclue l’année dernière avec l’Iran, sous le parrainage de la Chine. Les deux grands rivaux du Golfe ont compris que, malgré la méfiance qui subsiste entre eux, leur stabilité et leur prospérité naissent de la prise en compte de leurs intérêts de sécurité mutuels. Ce patchwork a réussi jusqu’à présent à empêcher une extension du conflit à Gaza à l’échelle régionale, Téhéran parvenant à contenir le Hezbollah libanais.

Riyad et Téhéran signent leur « réconciliation » à Pékin.

L’obsession de MBS

« L’obsession de Mohammed ben Salmane est de sécuriser son royaume, dans un environnement régional pas forcément convivial, tout autant que son accession au trône », souligne Hasni Abidi. “Tous les projets du prince héritier concernent la sécurisation du pays, qu’il s’agisse de ceux du littoral de la mer Rouge, comme la nouvelle ville de Neom, ou de son plan de réformes Vision 2030.qui doit réduire la dépendance de son pays aux énergies fossiles grâce à des changements économiques et sociaux.

« Son accession au pouvoir s’est déroulée sur fond de guerre au Yémen et il s’est rendu compte, quelques années plus tard, que son interventionnisme effréné avait été un échec total et, surtout, contreproductif pour ses projets. de réforme interne. Aujourd’hui, la Vision 2030 détermine la politique étrangère saoudienne d’apaisement et de désescalade. »ajoute Fatiha Dazi-Héni.

Inertie relative

La normalisation diplomatique, que Riyad négociait avec Israël avant d’être brutalement interrompue le 7 octobre, s’inscrit dans cette stratégie de transformation et d’ouverture. “Ce processus, gelé mais non achevé, oblige Riyad à adopter une position nuancée vis-à-vis d’Israël. », croit-elle encore. Selon elle, Riyad multiplie les échanges pour préparer l’après-Gaza, « ce qui signifie que ce qui apparaît aujourd’hui comme une inertie relative pourrait se traduire plus tard par quelque chose de concret ».

Selon MBS, Riyad et Tel Aviv se rapprochent d’une normalisation.

“MBS a besoin de cette transaction pour montrer que l’Arabie Saoudite a changé, qu’elle est ouverte”, souligne M. Abidi, notamment après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, qui a causé une dégradation désastreuse à son image. “MBS ne veut pas adhérer aux accords d’Abraham (conclus sous l’administration Trump, ceux-ci prévoient la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs Etats voisins, NDLR) comme d’autres l’ont fait avant lui. Il faut bien comprendre le personnage : il veut un deal qui lui convient, le meilleur deal »explique le politologue, pour qui le prince tente aujourd’hui de transformer le drame du 7 octobre en une “opportunité” lier la normalisation à la création d’un État de Palestine. “C’est pour cela qu’il parle des droits des Palestiniens, de l’Autorité palestinienne élargie… Il veut être un pionnier.»

 
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