Des saphirs découverts dans un ruisseau sèment la discorde dans un village français

Des saphirs découverts dans un ruisseau sèment la discorde dans un village français
Des saphirs découverts dans un ruisseau sèment la discorde dans un village français

“Ces saphirs sont venus du magma lors de l’explosion des volcans il y a 20 millions d’années puis ils ont été stockés dans un placer (un gisement dans les méandres de la rivière, ndlr) entre 1m et 1m80 de profondeur”, raconte Pierre Lavina, volcanologue.

En raison des courants et de l’érosion, certaines remontent plus loin vers la surface et se propagent dans le lit de la rivière.

Un agriculteur, propriétaire d’une partie des berges du ruisseau, s’est associé à un spécialiste du conseil aux entreprises pour exploiter ces pierres précieuses, qui doivent être travaillées avant d’être vendues.

Un couple de voisins de l’autre côté du ruisseau l’accusent d’avoir également extrait des saphirs sur la berge leur appartenant.

“L’affaire a commencé il y a environ un an lorsque mes clients ont commencé à se demander quand ils avaient remarqué qu’un chemin qui longeait leur propriété était très fréquenté”, a expliqué à l’AFP Patrick Roesch, l’avocat du couple.

Après avoir visionné un reportage télévisé consacré à l’exploitation des saphirs en Auvergne, le couple reconnaît le ruisseau situé au pied de leur propriété et se rend compte que des chercheurs de pierres fréquentaient régulièrement ses berges.

«Certains se vantaient même d’avoir trouvé les plus belles et les plus grosses pierres précieuses, en l’occurrence des saphirs, sur la partie du lit de la rivière appartenant à mes clients», souligne Me Roesch.

Or, selon le code de l’environnement, le fleuve n’est pas un bien national, « le lit des cours d’eau appartient aux propriétaires des deux rives. Si les deux rives appartiennent à des propriétaires différents, chacun d’eux est propriétaire de la moitié du lit le long d’une ligne tracée au milieu du cours d’eau », cite l’avocat.

Le conseil a porté l’affaire devant le tribunal civil, dont l’audience a eu lieu mardi.

Coin de paradis

Lors de cette audience, Me Christine Baudon en défense a fait valoir que le gisement d’où provenaient les saphirs était situé sur la propriété de son client.

Qui plus est, cette dernière « n’a mené aucune campagne d’orpaillage en 2023, la rivière étant à sec », a-t-elle affirmé, assurant également qu’une partie de la berge revendiquée par le couple appartenait à la communauté.

Me Roesch a de son côté demandé une expertise au tribunal pour déterminer la valeur des déductions et le montant dû à ses clients.

Il a également exigé une provision d’un million d’euros sur la base de saphirs vendus selon lui 1 500 euros le carat : “Il semblerait que ces pierres soient rachetées par les plus grands joailliers de la place Vendôme parce qu’elles sont magnifiques”, a-t-il déclaré. .

L’avocat demande également l’arrêt immédiat de toute perquisition sous astreinte de 10 000 euros par infraction constatée.

« Une expertise permettrait d’en savoir plus sur la réalité de la situation et la fréquence des perquisitions. […] S’il y a eu spoliation, une réparation sera forcément nécessaire », a déclaré la fille du couple, qui souhaite garder l’anonymat, à l’issue de l’audience.

Cependant, certains doutent de la valeur réelle des saphirs d’Auvergne.

« Les saphirs les plus recherchés par les bijoutiers doivent avoir une couleur très bleue comme ceux du Sri Lanka ou de Birmanie. Les saphirs d’Auvergne sont plutôt bleu-vert, comme on en trouve plus couramment par exemple à Madagascar ou en Thaïlande », estime Yves Guazzini, lapidaire près de Thiers (Puy-de-Dôme).

Selon lui, ces saphirs sont « hors de prix » et leur prix réel ne devrait pas dépasser 300 à 400 euros le carat.

« Le problème de mes clients n’est pas l’argent : ils ont été volés, ils méritent une juste compensation. Mais ce qu’ils veulent avant tout, c’est retrouver la tranquillité de leur petit coin de paradis», assure Me Roesch.

Le tribunal rendra sa décision le 27 décembre.

 
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