à Paris, le drame personnel de l’ambassadrice palestinienne, Hala Abou Hassira

à Paris, le drame personnel de l’ambassadrice palestinienne, Hala Abou Hassira
à Paris, le drame personnel de l’ambassadrice palestinienne, Hala Abou Hassira
>>
Hala Abou-Hassira, représentante en France de l’Autorité palestinienne, chez elle à Paris, le 18 novembre 2023. LUCIEN LUNG / RIVA PRESSE POUR « LE MONDE »

« Chaque fois qu’un bombardement est annoncé, je scrute les noms des martyrs. Avec, toujours, cette crainte que mon nom de famille figure parmi la liste des victimes. J’essaie de savoir où a eu lieu le bombardement. A côté de notre immeuble ? Loin ? Quelle rue a été touchée, quelle famille ? Je n’aurais jamais pensé vivre des moments comme celui-ci. » Hala Abou Hassira est l’ambassadrice d’un territoire en lambeaux et d’une ville pulvérisée, la sienne : Gaza.

Le 5 novembre, le chef de mission palestinien en France, en poste depuis deux ans après avoir été en poste en Belgique et au Canada, décrivait l’indicible sur le réseau social X : « Nous venons d’enterrer trente de mes cousins, leurs enfants et petits-enfants. Vingt-huit sont toujours sous les décombres. »

Demandé par Le monde, Hala Abou Hassira, 47 ans, raconte les heures qui se sont écoulées depuis, la main agrippant en vain son téléphone. En fonction des coupures complètes des réseaux de télécommunications dans le territoire palestinien et de leur rétablissement partiel : «J’appelle Gaza vingt fois par jour, ou plus. Parfois, ça sonne et personne ne répond. C’est un cauchemar. »

Trois générations effacées d’un seul coup

Rencontrée dans sa résidence parisienne samedi 18 novembre, la représentante testée de l’Autorité palestinienne gardait les yeux rivés sur la chaîne Al-Jazeera, où des images de la fuite de centaines de civils brandissant des drapeaux blancs et celles des carcasses d’immeubles détruits par les bombardements. Elle décrit la mort de ses proches. Trois générations effacées d’une simple frappe : « Un cousin aîné, ses enfants, leurs épouses, ses petits-enfants et des voisins : une soixantaine de personnes ont été tuées lorsque l’immeuble a été pris pour cible. Aucun n’a survécu. »

Lisez également les témoignages : Article réservé à nos abonnés « On attendait tout le temps la mort » : récits de Franco-Palestiniens évacués de Gaza

Réunis dans la même maison située près de la mer, dans le quartier portuaire de la ville de Gaza, à deux pas de l’hôpital Al-Shifa encerclé et repris depuis par les forces israéliennes, l’Abou Hassira est mort sans sommation sous les tirs. . Comme beaucoup de familles gazaouies, parents et enfants s’y sont rassemblés, certains accueillant d’autres fuyant leurs quartiers et leurs rues sous le feu. ” Les Israéliens ne préviennent plus avant de bombarder. Au début, ils l’ont fait. Maintenant, ils tirent. Même s’ils savent qu’il y a soixante, cent personnes dans les foyers qu’ils ciblent. », dit l’ambassadeur.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Gaza, récit de la prise de l’hôpital Al-Shifa par l’armée israélienne

Hala Abou Hassira rejette les affirmations de l’armée israélienne selon lesquelles elle ciblerait les cadres du Hamas lors de ses frappes et cite le bombardement du camp de réfugiés de Jabaliya le 1euh Novembre, qui a laissé un carré d’immeubles en morceaux et des dizaines de morts et de disparus : « Ils ont dit qu’ils visaient Ibrahim Biari [un chef de brigade du Hamas], le gars n’était même pas là… Il n’y a aucune logique derrière ce massacre, autre que la vengeance. Ils veulent détruire le Hamas, mais ils détruisent la population et les infrastructures civiles. »

Il vous reste 55% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Une « tragédie » sanitaire menace à Gaza, selon l’UNICEF
NEXT Et si la trêve en Israël était une mauvaise idée ? – .