
Pour la Revue stratégique française, les Balkans occidentaux représentent un « défi majeur pour la sécurité » de l’Europe, notamment en raison de ses faiblesses, exploitées non seulement par des « États tiers » mais aussi par des groupes criminels et mafieux, voire, dans certains pays de l’Europe. la région, par des organisations jihadistes.
Aussi, ce n’est pas un hasard si, quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, il a été décidé de renforcer significativement les effectifs de la force européenne EUFOR Althea, présente en Bosnie-Herzégovine où, en 2004 , elle a remplacé la SFOR, la force de stabilisation que l’OTAN y avait déployée dans le cadre des accords de Dayton, qui ont mis fin à la guerre entre les Serbes, les Croates et les Bosniaques.
Depuis ces accords, signés en 1995, la Bosnie-Herzégovine est organisée en deux entités autonomes, à savoir la Republika Srpska. [RS ou République serbe de Bosnie] et la Fédération croate-bosniaque. Ceux-ci sont dirigés par une présidence collégiale, exercée tour à tour par trois responsables serbe, croate et bosniaque, élus au suffrage direct.
Toutefois, cette organisation n’empêche pas les tensions entre les deux entités [voire entre les trois communautés bosniennes]. En raison de ses liens évidents avec la Republika Srpska, la Serbie cherche à y maintenir son influence. De même en Croatie. Quant à la Turquie, elle soutient Bakir Izetbegović, le leader du Parti d’action démocratique. Par ailleurs, l’ambition de Sarajevo d’adhérer à l’OTAN dérange à la fois Belgrade et… Moscou. Par ailleurs, le leader des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, ne cache pas ses sympathies pro-Kremlin… et ses tentations séparatistes.
Aussi, des braises couvent encore sous les cendres d’un conflit mal éteint. Et certains sont tentés de tout gâcher… Il y a quelques jours, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, accusait à juste titre Moscou de vouloir provoquer une nouvelle crise dans les Balkans occidentaux ainsi qu’en Moldavie afin de détourner l’attention de la communauté internationale du guerre en Ukraine.
« Faites attention aux Balkans. Croyez-moi, nous recevons des informations : la Russie a un plan. […] Si les pays du monde ne font rien maintenant, une telle explosion se reproduira », a déclaré M. Zelensky le 16 novembre.
Cela dit, ce risque est identifié depuis longtemps… Mais sans doute des signaux récents suggèrent que la région évolue dans la mauvaise direction. [d’autant plus que les tensions restent vives entre la Serbie et le Kosovo]au risque d’atteindre – peut-être – un point de non-retour.
La situation inquiète en tout cas Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. A Sarajevo, ce 20 novembre, aux côtés de Borjana Krišto, le président du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, il s’est dit « préoccupé par les discours diviseurs et sécessionnistes ainsi que par les ingérences malveillantes de la part « d’acteurs étrangers, en particulier de la part de la Russie, qui constitue une menace pour la stabilité et peut entraver les réformes.» Et d’appeler « tous les dirigeants politiques à rester unis, à consolider les institutions nationales et à œuvrer à la réconciliation ».
“Les alliés soutiennent fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine”, a également assuré M. Stoltenberg. « Votre sécurité est importante pour la région des Balkans occidentaux et pour l’Europe », a-t-il soutenu. Sauf qu’un tel discours ne convaincra pas ceux qui ne veulent pas être convaincus…
Photo : Force de sécurité de la Republika Srpska