« Depuis vendredi, c’est la folie » témoigne le vigneron dont le vin a été dégusté par le roi

« Depuis vendredi, c’est la folie » témoigne le vigneron dont le vin a été dégusté par le roi
« Depuis vendredi, c’est la folie » témoigne le vigneron dont le vin a été dégusté par le roi
  • Vendredi, le vin de Noémie Tanneau, vigneronne à Lussac-Saint-Emilion, a été sélectionné par le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) pour être présenté au roi Charles III lors de sa déambulation place de la Bourse, à Bordeaux.
  • En « lutte », c’est une véritable aubaine pour ce jeune vigneron de 36 ans en conversion bio, qui a reçu beaucoup de messages, et de premières commandes, depuis l’événement.
  • Sa cuvée Source a été sélectionnée en raison de la démarche environnementale de Noémie Tanneau, qui s’étend jusqu’à la bouteille et même l’étiquette.

Lorsque nous avons contacté Noémie Tanneau ce dimanche, afin qu’elle nous fasse part de son ressenti après que le roi Charles III ait dégusté son vin vendredi lors de sa visite à Bordeaux, elle a voulu avant tout rétablir la vérité sur son absence à l’événement. ” Je lis ça 20 minutes J’avais écrit que je ne pouvais pas venir parce que je récoltais, franchement, si on m’avait demandé de venir, j’aurais tout laissé tomber pour partir, récolte ou pas récolte », éclate-t-elle de rire.

Noémie Tanneau présente la cuvée Source qui a été dégustée vendredi par le roi Charles III lors de sa visite à Bordeaux. – Noémie Tanneau

Mea culpa, alors. « Sérieusement, poursuit-elle, j’avais bien demandé à venir, mais ça n’a pas pu arriver car il y avait déjà beaucoup de monde pour cet événement place de la Bourse, et finalement pour moi, l’essentiel était que mon vin soit là. » Et « apparemment le roi a apprécié ».

« Une dizaine de personnes sont venues acheter la « cuvée du roi » »

Vigneronne au Château Saint-Ferdinand, à Lussac-Saint-Emilion, Noémie Tanneau est une jeune vigneronne de 36 ans, qui a débuté tardivement, en 2020. Vendredi donc, c’est son vin, la cuvée Source pour être. précis, qui a été sélectionné par le CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) pour être présenté au roi d’Angleterre Charles III lors de sa déambulation place de la Bourse.

Le roi Charles déguste le vin de la vigneronne Noémie Tanneau, de Lussac-Saint-Emilion, place de la Bourse à Bordeaux. –CIVB

Et, « depuis vendredi, c’est juste la folie », explique Noémie Tanneau. « J’ai une quantité incroyable de retours, le téléphone ne s’arrête pas et je reçois beaucoup de messages d’encouragement. Bon, je n’ai pas non plus de foule en délire devant la maison, mais il y avait quand même une dizaine de personnes qui sont venues acheter la « cuvée du roi », et j’ai reçu une quinzaine de commandes. »

“Cela arrive à point nommé, car j’ai du mal”

Pour la jeune femme, tout cela « arrive à point nommé, car franchement j’ai du mal : je n’ai que 6 hectares, mais je fais le tracteur, le vin, le commerce… On court partout pour aller aux foires et salons, tandis que nous avons aussi deux petites filles de 8 et 10 ans. » La dégustation royale représente donc « un formidable coup de projecteur » et « rebooste au maximum ». « C’est bien de voir qu’on ne se donne pas pour rien, car je communique beaucoup sur les réseaux sociaux, mais c’est tellement difficile de se faire connaître parmi les 5 000 vignerons de Bordeaux, sans compter tous les autres en France. »

Noémie Tanneau souligne également que « c’est formidable d’avoir mis en valeur un petit vigneron lors de cette dégustation, dans un contexte qui n’est pas évident. On voit souvent les grands châteaux, et c’est très bien car leur réputation rejaillit sur tout le monde, mais c’est bien aussi de montrer qu’il existe des petites propriétés qui proposent des vins abordables. [le vin du château Saint-Ferdinand est vendu entre 10 et 25 euros la bouteille]. Même les vignerons du village sont contents, car on connaît beaucoup Saint-Emilion, sans les satellites, c’est l’occasion de parler de l’appellation Lussac-Saint-Emilion. »

Flacon léger, sans capsule ni étiquette canne à sucre

Mais comment le vin de ce petit château s’est-il retrouvé dans le verre de dégustation de Charles III ? « La visite du roi à Bordeaux était axée sur le thème de l’environnement, le CIVB a donc souhaité mettre en avant un vin bio, et il m’a sélectionné car j’ai remporté le trophée du vignoble engagé bordelais, organisé par Terres de vin et le CIVB, parmi 300 vignerons. »

Il faut dire que la démarche environnementale de Noémie Tanneau n’est pas une plaisanterie. « J’ai démarré l’activité en 2020, et j’ai débuté ma conversion bio en 2021. Parallèlement, j’ai mis en place plusieurs actions en faveur de l’environnement, notamment je suis refuge de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, j’ai installé 270 des plantations de haies tout autour du vignoble avec l’association Arbres et Paysage… Concernant le vin dégusté par le roi, il s’agit d’un millésime 2022, sans soufre ni sulfites ajoutés. Il fait partie de la collection Sauvage dont la particularité est d’aller encore plus loin en matière de démarche environnementale, avec un flacon léger, sans capsule en aluminium, et avec une étiquette à base de mélasse de canne à sucre pour éviter la déforestation. Nous le vendons dans des cartons éco-conçus, que nos clients nous rapportent pour les réutiliser… Bref, nous essayons d’aller au bout de la démarche. »

Un « profil atypique, qui rafraîchit l’image des vins de Bordeaux »

La trentenaire reconnaît aussi qu’elle a « un profil atypique, qui rafraîchit l’image des vins de Bordeaux, ça a dû aider un peu aussi. » Issue d’une famille de région parisienne, elle s’est installée dans le bassin d’Arcachon à l’âge de 12 ans. « J’ai commencé par travailler dans le social auprès de jeunes en insertion, puis au bout de trois ans, j’ai compris que c’était le milieu agricole. qui m’attirait, le côté nature, j’ai donc suivi un BTS viticulture-œnologie, en alternance au Château Haut-Vigneau à Pessac-Léognan. »

Noémie Tanneau a poursuivi sa reconversion jusqu’à obtenir son diplôme d’ingénieur agronome à Bordeaux Sciences Agro, « puis j’ai travaillé à la cave coopérative de Puissegin, c’est là que j’ai rencontré le vigneron du Château Saint-Ferdinand. Elle avait la soixantaine, elle voulait prendre sa retraite, et elle est venue me voir pour que je reprenne le château. »

Aujourd’hui, elle dirige l’exploitation « avec Chantal, ouvrière agricole à temps partiel, et Laurence en apprentissage de secrétaire adjointe de direction, et mon mari qui m’accompagne ». « Nous sommes des gens simples, poursuit-elle, et nous sommes ouverts tous les jours pour accueillir les clients. » S’il vous plaît, passez tout de même un petit coup de téléphone au préalable, « chaque fois que je suis sur le tracteur. »

Mickaël Bosredon

 
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