Le ministre français des Transports Clément Beaune propose d’imposer un prix minimum sur les billets d’avion de l’Union européenne pour lutter contre le dumping social et environnemental de certaines compagnies aériennes à bas prix. Un débat aura lieu sur ce sujet en fin de semaine.
Clément Beaune estime qu’il n’est plus acceptable de trouver des billets d’avion à 10 euros à l’heure de la transition énergétique. C’est pourquoi il ouvre le débat.
“Le prix des billets d’avion avec des exigences environnementales va forcément devenir plus cher dans les années à venir”, précise-t-il mardi dans La Matinale. « Dans ce contexte, si l’on veut ne pas pénaliser les entreprises qui font le plus d’efforts pour l’environnement et dire à celles qui se livrent au dumping social et environnemental avec des billets très bon marché que ces prix ne reflètent pas les coûts réels pour l’environnement notamment, nous devons avoir ce débat à la bonne échelle.
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Plusieurs pays européens participeront aux discussions lors d’un conseil informel prévu en fin de semaine à Barcelone entre les ministres des transports. « Plusieurs pays européens sont intéressés. Je pense à la Belgique, à l’Autriche, aux Pays-Bas. Nous allons donc entamer cette discussion avec les ministres européens », explique le ministre français.
Un impact sur l’économie
Clément Beaune est conscient que ce débat ne sera pas clos avant les élections européennes de juin 2024. Mais pour lui, c’est nécessaire pour l’avenir.
«C’est un débat pour l’avenir. Cela prendra plus de temps que cela (ce qui reste du législatif, ndlr). Il faut toujours démarrer le débat européen en lançant l’idée, c’est ce que « nous faisons aujourd’hui. Sur la régulation sectorielle, cela prendra évidemment un peu de temps.»
---Pour Michel Polacco, consultant en aéronautique, ces initiatives ne résoudront pas le problème environnemental mais pourraient avoir un impact sur l’économie. “Je ne pense pas que cela changera grand-chose dans la mesure où cela nuira peut-être gravement à l’économie des pays développés comme les pays européens ou américains”, explique le spécialiste. « En revanche, les pays du Golfe et d’Asie n’y sont pour rien et il est évident que ce sont ces pays qui assureront les liaisons. Si nous leur interdisons d’atterrir dans notre pays ou si nous leur imposons des impôts qu’ils ne veulent pas payer, soit nous serons obligés d’accepter qu’ils viennent sous leurs conditions, soit nous perdrons toute l’économie qui leur est apportée. nous par le trafic aérien en provenance de ces pays.
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Quid des statuts exceptionnels des compagnies aériennes ?
La question des tarifs low-cost pose également la question du statut exceptionnel dont bénéficient les compagnies aériennes sur les vols internationaux, qui permet notamment la suppression des taxes sur le carburant des avions et l’exonération de TVA. Faut-il donc aussi y mettre un terme ? Ce serait trop compliqué, analyse Michel Polacco.
« Les réglementations définies après la guerre, la Convention de Chicago et les accords de Bretton Woods, avaient pour objectif de favoriser le développement du transport aérien international », rappelle le spécialiste. « A cette époque, ce mode de transport était très cher et il n’y avait quasiment pas de lignes internationales. Un accord a donc été signé pour qu’il n’y ait pas de taxe sur le carburant et uniquement sur les titres de transport. “Sur les avions concernés, les compagnies aériennes ne paient pas de TVA, c’est-à-dire de taxe sur la valeur ajoutée, ou de taxes équivalentes dans d’autres pays.”
« Mais si l’on veut les réintroduire, il faut rassembler les 250 grandes entreprises du monde et les 190 pays qui siègent à l’OSCI (organisation professionnelle qui regroupe les spécialistes du commerce international, ndlr). Nous devons prendre une décision internationale. Il n’est pas possible que chacun, dans son coin, prenne une décision contraire aux règles internationales », prévient-il.
Sujets radio : Sylvie Belzer et Alain Franco
Adaptation web : Julie Marty