
Les travailleurs de la zone économique spéciale de Nkok sont en colère. Regroupés au sein d’une coopérative, ils ont décidé à l’unanimité, il y a plus d’une semaine, de déserter leurs différentes usines et de se mettre en grève.
Munis de pancartes et de banderoles, les grévistes voulaient faire entendre leur mécontentement auprès de l’opinion publique mais surtout auprès des nouvelles autorités du pays. Cette réalité est un truisme car bien connue des décideurs, mais dont personne n’osait parler jusqu’à présent.
Exaspérés par des traitements qu’ils considèrent «humiliant» et accidents professionnels sans indemnisation, les victimes ont tout déballé en public : «Je travaillais sur une machine utilisée pour affûter le bois. Avec des mesures parfois imprécises, la machine a rejeté le bois et m’a perforé le ventre au point que je me suis retrouvé avec les intestins éjectés à l’extérieur. Je me suis effondré par terre. Transféré à l’hôpital pour les premiers soins, l’entreprise a payé mon salaire pendant deux mois. Mais dans les mois qui ont suivi, et jusqu’à ce jour, je n’ai plus jamais été payé. Alors je suis venu réclamer mes droits», explique Nina Flore, salariée de la société Gabon-Wood.
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Des témoignages glaçants comme celui de cette jeune fille accablent les opérateurs indiens et chinois qui ont le monopole de la transformation du bois dans la zone économique de Libreville. N’nang Eyegue, une autre victime d’un accident du travail, raconte comment il s’est fait écraser le doigt par un séchoir à contreplaqué. “Mon doigt courbé sous la pression des feuilles de contreplaqué. C’est en retirant les feuilles de la machine que mon doigt a été coupé par la lame de la machine“, il explique.
Toutes ces histoires s’inscrivent dans une série d’événements malheureux impliquant le non-respect du Code du travail, des horaires de travail excessifs, l’absence d’inscription auprès des services de sécurité et de prévention sociale (CNSS et CNAMGS), l’absence de catégorisation socioprofessionnelle permettant la professionnalisation, des pratiques injustes. licenciements et manque de transports subventionnés par les entreprises.
Dans le contexte actuel, les responsables de la Zone Economique et la Direction Générale du Travail réitèrent leur engagement en faveur de meilleures conditions de travail qui respectent la réglementation en vigueur en République Gabonaise. “Il existe des éléments à court terme que nous pouvons déjà appliquer, comme les horaires de travail. Nous avons un autre texte qui fixe le paiement des heures supplémentaires. D’autres éléments seront mis en œuvre à moyen et long terme», a assuré Emilie Léocadie Moussodji, directrice générale du Travail.
Selon les dernières informations, l’Autorité administrative du ZIS de Nkok a décidé de mettre en demeure 14 entreprises »pour la régularisation de leur situation, accompagnée de contrôles et de sanctions en vue de régulariser les situations illégales ». Cette mise en demeure vise à amener ces entreprises qui ne respectent pas les conditions de travail et les droits sociaux de leurs salariés à s’y conformer.
Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
19/09/2023 à 9h07