AA / New York / Servet Günerigök
“Seuls les présidents de la Russie et de l’Ukraine peuvent déterminer quand la guerre en Ukraine prendra fin”, a déclaré le président de la République turque Recep Tayyip Erdogan.
Dans une interview accordée lundi à la chaîne publique américaine PBS, le président Erdogan a souligné qu’il n’était pas en mesure de fournir un calendrier pour la fin de la guerre en Ukraine.
“Il m’est impossible de vous donner un calendrier quant à la fin de cette guerre ou à sa durée”, a-t-il déclaré. “Seuls les dirigeants des deux partis pourront vous le dire.”
Il faisait référence au président russe Vladimir Poutine et au président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Interrogé sur ses discussions avec Poutine concernant l’évolution de la guerre, le président Erdogan a déclaré que le conflit risquait de se poursuivre « pendant longtemps ».
« Et pour que la guerre se termine le plus vite possible, nous aimerions avoir beaucoup d’espoir. Et M. Poutine est en fait favorable à la fin de cette guerre le plus rapidement possible », a-t-il déclaré.
Le président turc a également déclaré que la Russie était aussi digne de confiance que l’Occident.
«Je n’ai aucune raison de ne pas leur faire confiance. Dans la mesure où l’Occident est fiable, la Russie l’est aussi. Depuis 50 ans, nous attendons aux portes de l’UE. Et à l’heure actuelle, je fais confiance à la Russie autant qu’à l’Occident », a-t-il déclaré.
Interrogé sur ses récentes remarques concernant une éventuelle séparation de l’Union européenne, le président a déclaré que la Turquie attache une grande importance aux décisions prises par l’UE et accueillerait favorablement toute évolution positive.
«La Turquie reste aux portes de l’UE depuis cinq décennies. Et nous avons toujours été autonomes. Nous n’avons jamais compté sur les contributions ou le soutien que nous avons reçus de l’UE, donc cela ne nous est même pas nécessaire », a-t-il ajouté.
– Négociations d’adhésion à l’UE, adhésion de la Suède à l’OTAN
Le président Erdogan a également réaffirmé que la candidature de la Suède à l’OTAN et la position actuelle de la Turquie dans les négociations d’adhésion à l’UE sont deux questions distinctes.
«Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous étions prêts à soutenir la Suède dans son adhésion à l’OTAN. Mais la Suède est censée se montrer à la hauteur et tenir ses promesses, car dans les rues de Stockholm, nous voyons encore des terroristes se déplacer librement », a-t-il déclaré.
Le dirigeant turc faisait référence aux partisans des groupes terroristes PKK et FETO dans le pays. Il a exhorté à plusieurs reprises Stockholm à prendre des mesures contre ces supporters qui se déplacent librement.
La Finlande et la Suède ont demandé à rejoindre l’OTAN peu après le lancement de la guerre par la Russie contre l’Ukraine en février 2022.
Bien que la Turquie ait approuvé l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, elle attend de la Suède qu’elle honore ses engagements de ne pas fournir d’abri aux terroristes ou à leurs partisans et de ne pas faciliter leurs actions.
Le président turc a déclaré que la demande d’adhésion de la Suède à l’OTAN serait évaluée par la Grande Assemblée nationale turque (parlement) et que c’est là que l’adhésion serait finalement ratifiée.
« Cela fait partie de l’ordre du jour de la Grande Assemblée nationale turque. L’Assemblée examinera la situation selon son propre calendrier. Cette proposition sera soumise au vote des législateurs», a-t-il expliqué.
Il a cependant réaffirmé que la Suède devait tenir ses promesses.
« Les organisations terroristes doivent cesser immédiatement leurs manifestations dans les rues de Stockholm et leurs activités. Parce que voir cela se produire sera très important pour le peuple turc. La Suède a apparemment apporté des changements législatifs, mais cela ne suffit pas », a ajouté le président.
---– Vente d’avions F-16 et adhésion de la Suède à l’OTAN
Le président Erdogan a également déclaré qu’il estimait que la vente américaine d’avions de combat F-16 à la Turquie et l’adhésion de la Suède à l’OTAN ne devraient pas être liées.
“Je pense que ces deux sujets ne devraient pas être liés, car si le président (Joe) Biden disait que cette question est liée au Congrès, nous dirons quand même que nous avons le Parlement turc”, a-t-il déclaré.
“Si le Parlement ne prend pas de décision positive sur cette candidature, il n’y a rien à faire”, a-t-il ajouté.
– Sanctions contre la Russie
On a également demandé au président pourquoi il ne s’était pas joint aux membres de l’UE pour sanctionner la Russie pour sa guerre en Ukraine.
« Sommes-nous censés faire ce que font les membres de l’UE ?
Déclarant que la Turquie a une position différente dans le monde et que les États membres de l’UE ont leurs propres positions, le président a décrit la Russie comme l’un des voisins les plus proches de la Turquie et a déclaré que les deux nations ont une histoire commune.
« Et de la même manière, c’est ainsi que le processus actuel se poursuit. Nous avons lancé le corridor céréalier (Ukraine). Au total, 33 millions de tonnes de céréales sont exportées vers le reste du monde via la mer Noire. Et « nous ne l’avons pas fait simplement parce que l’UE nous l’a demandé. C’est une obligation humanitaire que nous avons assumée », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que son homologue russe Vladimir Poutine lui avait annoncé qu’il enverrait prochainement un million de tonnes de céréales supplémentaires et qu’il suivait l’évolution de la situation.
Le président Erdogan a écarté les critiques selon lesquelles Poutine n’est pas digne de confiance en raison de son rôle dans l’accord céréalier et dans la guerre en Ukraine.
“Je ne suis pas d’accord. La moitié de mon approvisionnement en gaz naturel provient de Russie, ce qui signifie que nous sommes solidaires. Nous progressons mutuellement et coopérons également dans le domaine de l’industrie de défense. Nous pouvons faire tout cela avec la Russie.
Lorsqu’on lui a demandé s’il voyait plus d’avantages dans les relations de la Turquie avec la Russie ou avec les États-Unis, le président Erdogan a souligné que cette question ne pouvait être posée à un dirigeant politique.
« En effet, ma façon de faire de la politique, dans la mesure du possible, est d’établir des contacts avec les nations du monde entier sur la base d’un scénario gagnant-gagnant. Tout comme j’ai de bonnes relations avec les États-Unis, j’aurai de bonnes relations avec la Russie. Et nous continuerons à entretenir nos relations avec les États membres de l’UE sur la base de la même approche, c’est-à-dire gagnant-gagnant », a-t-il déclaré. il a insisté.
Le président a également déclaré que le peuple américain suivait de près la Turquie, déclarant à PBS : « Tant que vous produisez des informations et une couverture saines, je pense que le peuple américain aura accès à ces informations saines qui lui parviennent.
– Le sénateur américain Bob Menendez
Le président turc a également fait des déclarations concernant le sénateur démocrate américain Bob Menendez, connu pour son opposition à la vente de F-16 à la Turquie et pour ses accusations contre Ankara, qui menacent la sécurité de la Grèce.
« Bob Menendez ne connaît pas très bien la Turquie. Il ne semble pas non plus connaître Tayyip Erdogan », a déclaré le président.
« Nous sommes amis (avec la Grèce) depuis de nombreuses décennies. Il semble que Menendez ait adopté une approche hostile à l’égard de la Turquie et tente de nous orienter vers certaines discussions de son choix. Mais nous ne le faisons pas. « Nous n’en ferons pas partie. Notre amitié avec la Grèce n’est pas celle qu’ils prétendent », a-t-il ajouté.
*Traduit par Tuncay Çakmak
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