Le lieu est associé à des crimes indescriptibles qui ont secoué tout un pays. Un jardin commémoratif en hommage aux victimes de Marc Dutroux doit être inauguré ce mardi 19 septembre à Charleroi, en Belgique, à la place de la maison où l’homme a enlevé plusieurs filles et adolescentes.
L’inauguration est prévue dans la matinée, en présence des parents de Julie Lejeune et Mélissa Russo, deux petites filles violées et kidnappées dans cette maison en 1995 et 1996, avant que leurs corps ne soient retrouvés enterrés dans le jardin d’une autre propriété du quartier criminel. . Ces parents ont été associés par la ville de Charleroi au projet mémoriel destiné à «un lieu de calme« . Avec non pas une sculpture en matériau inerte mais un jardin d’arbres et de fleurs, “les organismes vivants», explique la commune wallonne.
« Entre terre et ciel »
Au coin de la rue de Philippeville, dans le faubourg de Marcinelle où se trouve le «maison de l’horreur», plusieurs espèces végétales ont été plantées au pied d’une fresque murale d’un blanc immaculé sur laquelle un enfant regarde un cerf-volant virevolter dans le ciel. L’endroit a été nommé “entre terre et ciel« .
“Les pignons des maisons qui forment l’angle ont été recouverts de briques en terre cuite émaillée blanche, de manière à très bien capter la lumière pour avoir un brillant mémorial.», explique à l’AFP Georgios Millis, l’architecte qui a dirigé le projet. Plus d’un quart de siècle après les événements, l’érection de ce mémorial était «un projet très compliqué en raison de la gravité du drame et des circonstances encore très délicates pour les familles“, il continue.
Caves préservées de la démolition
En juin 1995, Julie Lejeune et Mélissa Russo sont enlevées en région liégeoise (est). Ils ont été découverts morts en août 1996 à Sars-la-Buissière (sud), dans le jardin d’une propriété également détruite l’été dernier. L’enquête a établi que les deux jeunes filles avaient été séquestrées pendant de longs mois dans la cave de la maison de Marcinelle, où elles ont été violées, avant d’être privées de soins et de nourriture au point de perdre la vie.
---La modeste maison de briques rouges, théâtre des pires crimes de Dutroux, a fait irruption dans tous les foyers belges lorsque les télévisions ont montré le 15 août 1996 le malfaiteur y amenant la police pour extraire de leur cachette deux autres adolescentes kidnappées, Laetitia Delhez et Sabine Dardenne.
Condamné en 2004 à la prison à vie, Marc Dutroux, aujourd’hui âgé de 66 ans, a été reconnu coupable d’avoir enlevé, séquestré et violé six filles et jeunes femmes en 1995-96. Sabine et Laetitia, retrouvées deux jours après son arrestation, sont les deux seules de ses victimes à avoir survécu.
Interrogé par l’AFP, Gino Russo, le père de Mélissa, affirme avoir «fait une concession» à la ville de Charleroi en collaborant au projet de jardin mémorial. Il demande que les caves de la maison soient préservées de la démolition, ce que la municipalité accepte. Pour ce père blessé, aucune piste n’a été explorée lors du kidnapping, et ces caves restent emblématiques des erreurs de l’enquête qu’il n’a cessé de dénoncer.
A ses yeux, il est «impossible» que Mélissa et Julie ont vécu «106 jours» sans aucun soin dans une cache de quelques mètres carrés, entre décembre 1995 et mars 1996. «Mon indignation reste intacte, il n’y a pas d’apaisement», lâche-t-il.