Le bâtiment classé de deux étages, avec sa façade du XVIIe siècle et ses impostes en pierre en demi-lune, est situé dans la petite ville de Braunau-am-Inn, dans le nord de l’Autriche, à la frontière allemande. Elle sera agrandie et surélevée mais conservera l’essentiel de sa structure. Les travaux – estimés à 20 millions d’euros – devraient durer environ trois ans.
C’est une transformation minimale : l’Etat – qui finance – n’a pas voulu tout changer ou tout détruire (dans les deux cas il n’a pas voulu être accusé d’effacer le passé, deignorer la responsabilité historique de l’Autriche dans le nazisme» pour reprendre les mots du ministère de l’Intérieur. Son intention est plutôt de banaliser, de «neutraliser” lieux.
La famille Hitler n’y habita que quelques mois en 1889, mais la maison attire toujours les touristes fascinés par le nazisme. Vienne voulait à tout prix éviter qu’elle ne devienne un lieu de pèlerinage d’extrême droite.
Si cela a pris autant de temps, c’est parce que jusqu’en 2019, l’Etat n’était que locataire des lieux. La maison appartenait à un particulier, une femme héritière d’une famille proche des nazis qui pendant 40 ans a encaissé des chèques (près de 5 000 euros par mois) et fait obstruction à la justice. Tous les projets proposés ont échoué. Et les locaux sont inoccupés depuis 2011.
---Une fois devenu propriétaire, là encore l’Etat a tout imaginé. Raser la maison, la transformer en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Le commissariat et le centre de formation des policiers sont finalement apparus comme la solution la moins controversée – d’autant plus que cette formation sera centrée sur les droits de l’homme.
Le projet avait déjà été annoncé il y a trois ans, en 2020. En attendant il y a le Covid, la facture a quadruplé – et il faut dire que les Autrichiens sondés sur le sujet n’y sont pas franchement favorables.
L’Autriche, annexée par l’Allemagne en 1938, déteste être caricaturée comme le pays de refuge des nostalgiques du IIIe Reich, mais les Autrichiens ont longtemps eu du mal à affronter leur passé. Il a fallu attendre 1989 pour que la ville de Braunau – qui continue d’ailleurs à profiter du tourisme lié aux nazis – décide d’ériger un monument contre la guerre et le fascisme devant l’édifice. Elle n’est pas sortie de ce puzzle de mémoire.