L’un des quatre derniers fugitifs recherchés dans le génocide de 100 jours qui a tué 800 000 opposants tutsis et hutus a été arrêté mercredi en Afrique du Sud. Il sera traduit en justice pour les crimes dont il est accusé.
Concours en Afrique du Sud. L’un des quatre derniers fugitifs recherchés pour leur rôle dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a été arrêté mercredi en Afrique du Sud et sera jugé, ont annoncé jeudi 25 mai les procureurs de l’ONU chargés de l’enquête.
Fulgence Fulgence Kayishema est notamment accusé d’avoir assassiné, avec d’autres individus, plus de 2 000 hommes, femmes, personnes âgées et enfants réfugiés dans l’église de Nyange vers ou le 15 avril 1994.
Il “a été arrêté hier après-midi”, ont indiqué les procureurs du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux (le “Mécanisme”), chargés d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). .
Participation à la “planification et à l’exécution” du “massacre”
Recherché pour son rôle dans le génocide de 100 jours qui a tué 800 000 opposants tutsis et hutus, Fulgence Fulgence Kayishema était en fuite depuis 2001, ont-ils indiqué dans un communiqué.
Ancien inspecteur de police né en 1961 selon le tribunal, il a été inculpé de génocide, complicité de génocide, association de malfaiteurs en vue de commettre le génocide et crimes contre l’humanité.
Le suspect a été appréhendé dans une ferme viticole à Paarl, à environ 60 kilomètres du Cap, et vivait sous le faux nom de Donatien Nibashumba, a indiqué la police sud-africaine dans un communiqué.
L’accusé “a directement participé à la planification et à l’exécution” du “massacre” de l’église de Nyange, dans la commune de Kivumu, “notamment en se procurant et en distribuant de l’essence pour brûler l’église avec les réfugiés à l’intérieur”, selon les procureurs.
“Lorsque cela a échoué, M. Fulgence Kayishema et d’autres ont utilisé un bulldozer pour effondrer l’église, enterrant et tuant les réfugiés à l’intérieur”, ont-ils déclaré.
Dans les jours qui ont suivi, l’accusé et d’autres personnes auraient supervisé le transfert des corps de l’église vers des fosses communes.
“Des rescapés du génocide ont tenté de montrer ses crimes et d’appeler à son arrestation”, a déclaré à l’AFP Naphtali Ahishakiye, secrétaire exécutif de l’association faîtière des rescapés Ibuka.
Il espère que l’arrestation envoie un message clair aux autres fugitifs et cerveaux du génocide, “qu’ils ne pourront jamais échapper à la justice”.
---Traduit en justice
L’arrestation de Fulgence Kayishema “garantit qu’il sera traduit en justice pour les crimes dont il est accusé”, a salué le procureur du Mécanisme Serge Brammertz, cité dans un communiqué. “Le génocide est le crime le plus grave connu de l’humanité”, a-t-il ajouté.
Fulgence Kayishema a utilisé de nombreux pseudonymes et de faux documents et s’est appuyé sur “un réseau de partisans de confiance” pour dissimuler son identité et sa présence, selon les procureurs.
Parmi ces partisans figuraient des membres de sa famille, des membres des ex-Forces armées rwandaises et des Forces démocratiques de libération du Rwanda, “ainsi que des partisans de l’idéologie génocidaire du Hutu Power”, ont-ils précisé.
Serge Brammertz s’est félicité de la coopération des autorités sud-africaines et a indiqué qu’il avait également reçu un soutien « vital » des autorités rwandaises et d’autres pays africains, en Eswatini (ex-Swaziland) et au Mozambique.
De nombreux Rwandais ont été condamnés par la justice de leur pays, la justice internationale ou celle des pays occidentaux pour des actes liés au génocide des Tutsi en 1994.
Le TPIR a condamné 62 personnes, infligeant notamment 30 ans de prison à l’ancien ministre rwandais Augustin Ngirabatware.
L’espoir d’une justice exemplaire
Les procureurs du mécanisme disent avoir trouvé des traces de cinq fugitifs depuis 2020. Parmi eux se trouvent Augustin Bizimana, l’un des principaux artisans du massacre, ainsi que Protais Mpiranya et Phéneas Munyarugarama, décédés sans avoir été traduits en justice. international.
Le procès du financier présumé du génocide Félicien Kabuga s’est ouvert en septembre 2022 mais a été suspendu en mars le temps qu’il soit décidé s’il était en assez bonne santé pour rester sur le banc des accusés.
Fulgence Kayishema comparaîtra devant le tribunal de première instance du Cap le vendredi 26 mai en attendant son extradition vers le Rwanda, ont annoncé des responsables sud-africains chargés de l’application des lois.
“Nous espérons que son procès sera accéléré et que l’appareil judiciaire ne connaîtra pas le genre de retards que le procès Kabuga a connu”, a déclaré le secrétaire exécutif de l’association faîtière des survivants d’Ibuka.
Seuls trois fugitifs restent aujourd’hui sous la juridiction du Mécanisme, selon le tribunal.
Avec l’AFP