En trois gouvernances, Abdelmadjid Tebboune, le Président de la République élu le 12 décembre 2019 après un vote boycotté par plus de 70% de l’électorat, consommé 5 gouvernements dont 3 ministres des affaires étrangères.
Le dernier remaniement a été marqué par le départ du docile ministre des Affaires étrangères, Ramatane Lamamra, 70 ans, disparu des écrans radar depuis le 26 février. Il s’est surtout fait remarquer par son absence à l’audience accordée le 13 mars par le président Tebboune à Josep Borell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne.
L’absence du chef de la diplomatie algérienne a suscité de nombreuses interrogations tant dans les milieux diplomatiques que dans l’opinion publique nationale.. Son éviction de son poste est évoquée tout en soulevant de nombreuses thèses. Certains appellent à sa démission après s’être lassés des innombrables déboires subis sur la scène internationale, imputés à l’incohérence de l’action gouvernementale algérienne. D’autres l’annoncent comme la prochaine carte militaire pour la succession de Tebboune. Une autre thèse le compte parmi les victimes de ce dernier qui le trouve trop mou à son goût pour défendre les positions de l’Algérie à l’étranger.
Quoi qu’il en soit, Ramatane Lamamra cet énarque des années 70 a fini par reprendre la porte de sortie après 1 an, 8 mois et 9 jours. Il a fait mieux qu’en 2019 où il avait été limogé après 20 jours (13 mars au 02 avril 2019) alors qu’il venait d’être nommé vice-Premier ministre en plus du portefeuille des Affaires étrangères, et cela en tant que ministre d’État conseiller spécial du président de la République pour les affaires diplomatiques. Un poste qu’il a occupé pendant à peine 24 jours (du 15 au 11 mars 209) avant d’être licencié. Ces nominations éphémères à des postes ministériels justifient amplement le surnom de ministre Kleenex.
Exit le ministre des pénuries
Autre limogeage qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive avant même ce remaniement, celui du trop controversé Kamel Rezig, ministre du Commerce et de la Promotion des exportations. Ce professeur d’université avait déjà fait parler de lui lorsqu’il enseignait l’économie à l’université de Blida. Il était accusé d’avoir plagié sa thèse de doctorat. Son arrivée au ministère du Commerce dans le premier gouvernement de Tebboune en janvier 2020 a soulevé de nombreuses questions car l’homme est connu pour être un conservateur mais n’a aucune prédisposition à être ministre. Outre, Depuis son arrivée à la tête de ce ministère très sensible, le marché algérien n’a cessé de connaître des bouleversements marqués par des pénuries conjoncturelles touchant tous les produits alimentaires de base.
L’huile, la semoule, le lait sucré etc. disparaissent tour à tour des rayons des magasins. De longues files d’attente se forment dans toute l’Algérie à la recherche de produits touchés par la pénurie. Cela avait commencé avec du lait, puis s’était étendu à l’huile et peu de temps après, c’était de la semoule et ainsi de suite. Encore aujourd’hui, il y a bousculade pour arracher un sac de semoule et longues files d’attente jour et nuit pour acheter un sac de lait.
---Alors que les pénuries continuaient d’agacer la population, le ministre du Commerce proposa un projet qui sanctionnait l’usage d’une langue autre que l’arabe sur les enseignes des commerces suscitant des protestations. Oui, cela n’arrive qu’en Algérie. Il a récidivé en janvier 2023 en tapant, toujours à côté de la plaque. A près la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, il a annoncé une campagne de sensibilisation sur les produits aux couleurs de l’arc-en-ciel, qu’il assimile à un symbole LGBTQ. Un numéro vert est lancé, permettant aux particuliers de signaler ces produits pour une descente de police. M. A Pénurie, qui est resté au gouvernement pendant trois ans, grâce aux bonnes relations que son épouse entretient avec les filles du président et avec la première dame, a fini par dégager la parole à la grande joie de tous les Algériens. .
Un ministre au niveau de l’enseignement primaire
60 ans après son indépendance, l’Algérie se démarque de tous les pays du monde par la nomination d’un ministre au niveau de l’enseignement primaire. Il est le nouveau titulaire du portefeuille jeunesse et sports. Il s’agit du champion algérien du saut en hauteur au début du siècle et médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Sydney 2000, Abderrahmane Hamdi. Cela n’a rien d’étonnant pour ceux qui connaissent le fonctionnement des institutions algériennes et les critères de cooptation des fonctionnaires dans les différents secteurs d’activité. Il suffit d’avoir un parrain dans les services de sécurité et de renseignement ou un général pour pouvoir prétendre à un poste ministériel ou diplomatique ou parlementaire. Ainsi va l’Algérie.
A la lecture des noms des nouveaux ministres et des portefeuilles concernés, notamment des affaires étrangères, du commerce, des sports, des finances et de l’hydraulique, tout observateur averti ne peut que conclure qu’un pouvoir incapable de mettre en place une stratégie de développement pour profiter de cette manne pétrolière que beaucoup de pays envient l’Algérie.
Sur la scène internationale, l’isolement de l’Algérie ne fait plus de doute. Pas un seul pays arabe ne soutient les thèses algériennes favorables au Front Polisario contre la marocanité du Sahara Occidental. Brouille diplomatique avec la France et l’Espagne, deux partenaires de premier plan, en plus de la rupture des relations avec le voisin marocain et tout ce que cela comporte comme gestes hostiles relevant parfois de l’infantilisme.

Remontrances régulières des États-Unis d’Amérique exprimées par de nombreux émissaires américains.
Mais, au lieu d’affronter courageusement ces échecs, le pouvoir en place persiste dans sa fuite en avant en multipliant les changements tant dans les structures des armées que dans le gouvernement, enlisé dans une déstabilisation qui risque de lui coûter cher.