Le phénomène a fait rage par le passé dans certains pays voisins de la Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, la tontine sexuelle a fait son apparition dans plusieurs écoles de la capitale ivoirienne.
En effet, cette pratique malsaine consiste pour des groupes d’adolescents à collecter régulièrement des fonds, qui peuvent être estimés à environ 2 000 FCFA par jour et par individu, dans une caisse commune et à son tour, un membre du groupe utilise l’argent récolté pour avoir des relations sexuelles avec filles dans un hôtel, une résidence meublée ou dans un lieu de leur choix.
« L’école ivoirienne va mal ! L’argent des tontines ne sert plus à acheter des livres, mais plutôt à la dépravation des mœurs (…). Pire, ce sont les étudiants et non plus les adultes qui le pratiquent. C’est un cancer en milieu scolaire. Le temple de la connaissance devient un temple sexuel. Une femme ne s’offre pas », déplore la psychologue scolaire, Pohan Odile, et spécialiste des questions sociales en Côte d’Ivoire.
Les raisons qui poussent les étudiants qui, au lieu de se consacrer entièrement aux études pour réussir leur vie, à s’adonner à de telles pratiques sont nombreuses et variées. « C’est pendant l’adolescence que se préparent la maturité sexuelle et pendant cette période le corps développe un désir. Cependant, les parents et tout le système ne font pas de prévention à l’égard des enfants. Car en Afrique en général, la question de l’éducation sexuelle est perçue comme un sujet tabou. Alors les enfants copient les sales habitudes à l’extérieur. Ces enfants, sages à la maison dont les parents interdisent la visite aux amis, courent à la moindre occasion à la perversité », explique la psychologue scolaire.
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Avant d’ajouter que « la société est devenue spectatrice passive d’une grande dégradation des mœurs, d’une mauvaise transformation de la sexualité qui devient la débauche. De nos jours, les jeunes adoptent des comportements à risque et aiment se livrer à des tabous ».
A cela il faut ajouter les envies, les désirs, la recherche du gain facile, le moi-tu-vu, l’avènement des nouvelles technologies avec tous ses corollaires qui favorisent l’accès facile aux sites pornographiques, etc.
Il y a évidemment des conséquences qui découlent de ces comportements, notamment les grossesses non désirées dans les écoles, la perversité, les vices, les maladies sexuellement transmissibles, etc. « Il y a des filles qui évitent de concevoir des grossesses en pratiquant la sodomie et plus tard dans les foyers ce sont des problèmes qui vont fin. Et ça change la valeur de l’amour car la bestialité prend de plus en plus de place”, révèle Pohan Odile.
---Même s’il est difficile d’éradiquer voire de vaincre ce fléau en milieu scolaire, il est néanmoins important de sensibiliser les écoles autour des dangers qu’ils peuvent engendrer sur le système immunitaire et des conséquences sur les études et la vie future.
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Mais il est aussi important de discuter avec ceux qui la pratiquent afin de déceler les raisons qui les y conduisent. « Le corps d’une femme est la matière première de sa vie, elle doit donc apprendre à le préserver. Mais si dès son plus jeune âge elle l’offre à plusieurs personnes en même temps, se contentera-t-elle d’un seul homme plus tard lorsqu’elle sera à la maison ? conseille le spécialiste.
Il est donc grand temps que les choses changent car le développement que l’Afrique espère ne s’accompagne que de bonnes valeurs. C’est sans compter tous les dangers auxquels s’exposent chaque jour ces jeunes filles et ces jeunes hommes.
C’est un mal parmi tous ceux qui minent la jeunesse. Les raisons de la dislocation de la cellule familiale, des difficultés économiques, de la perte des valeurs, etc. sont multiples. Les parents et le gouvernement, censés prendre des mesures drastiques pour contrecarrer le mal, ont non seulement démissionné de leur responsabilité, mais semblent également ignorer l’existence d’un sale concept qui fait déjà des ravages sous nos tropiques.
Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
18/03/2023 à 09:15