Malgré les sanctions internationales dues à la guerre en Ukraine, le commerce extérieur russe s’est bien comporté en 2022. Nous avons même battu des records. Mais ces chiffres peuvent être trompeurs.
L’administration russe avait cessé de publier les statistiques du commerce extérieur pendant près d’un an. Toutes ces données ont été classifiées, permettant au pouvoir russe de dire ce qu’il voulait, et surtout que tout allait bien. Mais finalement les douanes russes ont annoncé cette semaine qu’elles allaient à nouveau publier des statistiques du commerce extérieur, notamment parce que certaines organisations internationales sont désormais en mesure d’évaluer les données russes.
Ces chiffres indiquent que l’excédent commercial de la Russie a augmenté l’an dernier de 8,1 %, tiré notamment par une année record pour les exportations d’hydrocarbures : les recettes pétrolières et gazières ont atteint près de 384 milliards de dollars en 2022, un niveau record depuis 1995 (avant cette date, nous n’avons chiffre fiable). Ce record, la Russie le doit aux prix élevés du gaz, et surtout du pétrole, qui pèse très lourd dans la balance commerciale russe.
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Si la balance commerciale est excédentaire, c’est aussi parce que les importations se sont effondrées : -12 %. C’est énorme, et ça ne va pas s’arranger : on a appris cette semaine que la Turquie, devenue ces derniers mois une plaque tournante du commerce vers la Russie pour contourner les embargos et les marques qui ne veulent plus exporter vers la Russie, aurait commencé à bloquer les exportations en Russie. Cela entraînera des problèmes supplémentaires.
De plus, la manne pétrolière et gazière sera réduite. Les prix ont fortement baissé. L’embargo russe sur le pétrole commence à faire effet, et les exportations de gaz se sont effondrées parce que certains pays n’en achètent plus, mais aussi parce que les Russes ont fermé le robinet, sans parler des problèmes de Nord Stream. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les exportations russes d’hydrocarbures ont chuté en janvier 2023 de 38 % par rapport à janvier 2022. Et 2023 ne s’annonce certainement pas comme une année record.