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cinq questions sur une grande première

« Notre patient est visiblement ravi. » A Marseille, l’hôpital Sainte-Marguerite a annoncé vendredi 17 janvier un cas exceptionnel de rémission du VIH, 42 ans après la découverte du virus responsable du sida. Un énorme succès, rendu possible par une greffe de moelle osseuse réalisée il y a cinq ans.

1. En quoi est-ce une première ?

Il s’agit du tout premier cas de patient séropositif potentiellement guéri en . Et le huitième au monde grâce à une greffe de moelle osseuse, après des cas de rémission en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Suisse.

2. Qui est le patient ?

Agée d’une soixantaine d’années, la patiente a été diagnostiquée séropositive en 1999. Elle était traitée par antirétroviraux et sa charge virale était devenue « indétectable ». Ce qui ne guérissait pas : « En effet, il reste toujours des traces ou des fragments de virus latents capables de se réactiver. C’est pourquoi le VIH est une infection chronique et persistante qui nécessite normalement un traitement à vie.souligne le professeur Sylvie Bregigeon, qui dirige le CISIH (Centres d’information et de soins de l’immunodéficience humaine), cité dans un communiqué des hôpitaux publics de Marseille (AP-HM)

Mais dix ans plus tard, en 2020, le patient a développé une leucémie myéloïde aiguë – un cancer affectant les cellules du sang et de la moelle osseuse. Prise en charge à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille, elle reçoit alors une greffe.

3. Quelle est la particularité du donneur ?

Comme le souligne Sylvie Brégigeon, “l’équipe de l’Institut Paoli-Calmettes a réussi à trouver un donneur non seulement compatible mais présentant en plus une particularité recherchée dans ce type de cas”une mutation génétique très rare appelée Delta32. Cette mutation affecte un gène (CCR5) qui est « utilisé par le virus VIH comme point d’entrée dans les cellules des personnes qu’il a infectées ». De toute évidence, cette mutation permet de ne jamais contracter le VIH.

La greffe a permis de traiter la leucémie et la patiente a poursuivi son traitement antirétroviral pendant trois ans. Les examens virologiques ont montré la disparition de toute trace du VIH. À tel point qu’en octobre 2023, la patiente a pu arrêter son traitement antirétroviral, tout en restant sous stricte observation. Le verdict ? « À ce jour, tous les résultats sont restés négatifs ! “, se réjouit Sylvie Bregigeon. De plus, le taux de globules blancs ciblés par le VIH est revenu à la normale. « Nous pouvons déjà parler de rémission de l’infection par le VIH et d’un remède potentiel. »

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4. Ce cas est-il généralisable ?

Non, un tel traitement ne peut pas être généralisé à tous les patients séropositifs, en raison de la lourdeur des traitements. Même si le patient marseillais “Je vais très bien aujourd’hui”, selon la médecin qui l’a suivie dans son service, Olivia Zaegel-Faucher, “Tout le suivi et la prise en charge de sa leucémie depuis 2020 ont été des années très difficiles pour elle car les traitements ont été très lourds.” Le patient s’est rendu en réanimation et a souffert de plusieurs complications infectieuses, a indiqué Olivia Zaegel-Faucher, interrogée par l’association Sida Aides.

L’AP-HM souligne que « cette stratégie implique un conditionnement très lourd avec chimiothérapie intensive, radiothérapie, hospitalisation longue en chambre stérile… » Traitements « seulement possible et justifiable dans le cadre du traitement d’une hémopathie maligne telle qu’un lymphome ou une leucémie. »

5. Est-ce un espoir ?

Ces cas de rémission permettent de mieux comprendre le fonctionnement du VIH. « Ils contribuent grandement à ouvrir de nouvelles perspectives de recherche »notent les médecins marseillais. Ils soulignent que dans six des sept autres cas signalés dans le monde, le donneur de moelle osseuse était porteur de la même mutation génétique.

A lire aussi : ENTRETIEN. « Des traitements préventifs pourraient vaincre le VIH », rappelle ce médecin

En 2023, 39,9 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH, selon l’ONUSIDA. Même si la fin de l’épidémie reste lointaine, les nouvelles infections par le virus de l’immunodéficience humaine sont tombées à leur plus bas historique, soit environ 1,3 million de personnes par an.

 
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