De nouvelles recherches révèlent comment le manque de sommeil altère la capacité du cerveau à supprimer les souvenirs indésirables, soulignant ainsi le rôle essentiel du sommeil paradoxal.
Étude : Déficits de contrôle de la mémoire dans le cerveau humain privé de sommeil. Crédit image : lightpoet/Shutterstock.com
Dans une étude récente publiée dans le Sciences psychologiques et cognitivesUn groupe de chercheurs a étudié comment la privation de sommeil altère le contrôle inhibiteur de la mémoire et contribue aux souvenirs intrusifs, en se concentrant sur le rôle du sommeil paradoxal (REM) dans la restauration de cette fonction.
Arrière-plan
Les souvenirs intrusifs d’expériences désagréables peuvent avoir un impact significatif sur la santé mentale, en particulier dans des conditions telles que la dépression, l’anxiété et le trouble de stress post-traumatique. Supprimer ces souvenirs contribue à affaiblir leur impact, réduisant ainsi les futures intrusions et facilitant la régulation émotionnelle.
Ce processus dépend d’un contrôle cognitif efficace, médié par des régions du cerveau telles que le cortex préfrontal dorsolatéral droit (rDLPFC), qui supprime la récupération de la mémoire hippocampique.
Le sommeil, en particulier le sommeil paradoxal, est crucial pour restaurer ce mécanisme, mais son rôle précis reste flou. Des recherches plus approfondies sont essentielles pour clarifier l’impact des perturbations du sommeil sur les processus neuronaux et cognitifs sous-jacents à la suppression de la mémoire et ses effets plus larges sur le bien-être émotionnel.
À propos de l’étude
Quatre-vingt-sept adultes en bonne santé âgés de 18 à 30 ans ont participé à une étude examinant les effets du manque de sommeil sur la suppression de la mémoire. Les participants étaient droitiers, de langue maternelle anglaise, sans antécédents de troubles neurologiques, psychiatriques ou du sommeil.
Ils ont signalé des heures de veille régulières à 8 heures du matin et au moins six heures de sommeil par nuit. Un consentement éclairé écrit a été obtenu de tous les participants et ils ont été rémunérés par 80 £ ou un crédit académique.
Deux participants ont été exclus pour non-respect du protocole de l’étude, laissant un échantillon final de 85. Les participants ont été répartis au hasard soit dans un groupe de privation de sommeil (n = 43), soit dans un groupe de sommeil. réparateur (n = 42).
Les participants ont effectué des tâches cognitives et affectives au cours de deux séances : une le soir et une le lendemain matin. Le groupe privé de sommeil est resté éveillé sous surveillance, tandis que le groupe reposé a bénéficié d’une opportunité de sommeil de huit heures surveillée par polysomnographie (PSG). Le respect du protocole a été confirmé à l’aide de montres-bracelets actigraphiques.
Les tâches comprenaient des exercices de codage et de suppression de la mémoire, des analyses d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et des évaluations affectives. L’IRM fonctionnelle (IRMf) a évalué l’activité cérébrale, tandis que les analyses comportementales ont révélé une suppression altérée de la mémoire dans le groupe privé de sommeil, avec des taux d’intrusion plus élevés que dans le groupe reposé.
Ces résultats mettent en évidence le rôle crucial du sommeil, en particulier du sommeil paradoxal, pour permettre un contrôle efficace de la mémoire.
Résultats de l’étude
Le manque de sommeil altère considérablement la capacité du cerveau à supprimer les souvenirs intrusifs. Après une nuit de privation de sommeil (n = 43, âge moyen 19,58 ans) ou de sommeil réparateur (n = 42, âge moyen 20,33 ans), les participants ont effectué la tâche Réfléchir/Ne pas réfléchir (TNT). tout en subissant une IRMf. Dans cette tâche, les participants ont activement récupéré ou supprimé les souvenirs associés aux signaux visuels.
Nous avons suivi les tentatives de suppression qui ont échoué et ont conduit à des intrusions dans la mémoire. Les analyses comportementales ont révélé que si la suppression réduisait les intrusions au fil du temps pour tous les participants, les individus privés de sommeil présentaient une réduction plus lente, reflétant une suppression altérée de la mémoire adaptative.
Il est intéressant de noter que cette déficience n’était pas influencée par la valence émotionnelle des souvenirs. Cependant, les différences de base dans la capacité de contrôle de la mémoire entre les groupes expliquaient en partie ces résultats.
Les participants privés de sommeil ont obtenu de meilleurs résultats lors des tâches préliminaires avant la nuit, ce qui peut avoir influencé les résultats ultérieurs.
Néanmoins, au cours des derniers blocs d’essais, la différence dans les taux d’intrusion entre les groupes a disparu, ce qui suggère que la privation de sommeil entrave principalement l’amélioration de la suppression au fil du temps plutôt que la capacité globale de suppression.
La variabilité de la fréquence cardiaque (HRV), en particulier la composante haute fréquence (HF-HRV), a été examinée pour explorer les corrélats physiologiques du contrôle de la mémoire. Dans le groupe endormi, un HF-HRV plus élevé était lié à une meilleure suppression, tandis que chez les individus privés de sommeil, un HF-HRV plus élevé était de manière inattendue corrélé à une suppression plus faible, ce qui suggère que les avantages du HF-HRV dépendent d’un sommeil suffisant.
Les données de neuroimagerie ont en outre mis en évidence l’impact de la privation de sommeil. Le rDLPFC, une région cruciale pour la suppression de la mémoire, a montré une activation réduite dans le groupe privé de sommeil.
Pendant ce temps, l’hippocampe droit, généralement désactivé lors de la suppression, présentait un désengagement diminué, indiquant une perturbation des circuits de contrôle de la mémoire. Les analyses du cerveau entier ont confirmé ces résultats, avec un contrôle préfrontal réduit et une activité hippocampique accrue suite à la privation de sommeil.
Le sommeil paradoxal joue un rôle réparateur. Dans le groupe du sommeil réparateur, une durée plus longue du sommeil paradoxal était associée à une activité plus forte du rDLPFC pendant la suppression de la mémoire, renforçant ainsi son rôle dans la restauration du contrôle préfrontal.
La privation de sommeil a également perturbé la ségrégation fonctionnelle des réseaux cérébraux, avec une connectivité accrue entre le réseau en mode par défaut (DMN) et le réseau de contrôle cognitif (CCN) et une connectivité réduite DMN-thalamus, altérant le contrôle adaptatif.
Enfin, les schémas de pensée ont été évalués à l’aide d’une méthode d’échantillonnage d’expériences multidimensionnelles. Les participants privés de sommeil ont signalé moins de pensées délibérées et axées sur la tâche, reflétant une rupture plus large du contrôle cognitif.
Conclusions
Pour résumer, la privation de sommeil perturbe considérablement le contrôle inhibiteur de la mémoire, affectant ainsi les fonctions cognitives d’ordre supérieur. Les participants privés de sommeil ont montré un engagement altéré du rDLPFC pendant la suppression de la mémoire, réduisant ainsi leur capacité à réguler négativement les souvenirs indésirables au fil du temps.
En revanche, le sommeil réparateur, en particulier la durée plus longue du sommeil paradoxal, était associé à une activation accrue du rDLPFC, favorisant le contrôle de la mémoire préfrontale.
La privation de sommeil modifie également la connectivité fonctionnelle entre les réseaux cérébraux, augmentant la connectivité DMN et CCN et réduisant les interactions DMN-thalamus. Ces perturbations ont coïncidé avec une réflexion moins délibérée et ont mis en évidence le rôle essentiel du sommeil dans la régulation de la mémoire et des processus de pensée.
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