Attention toutefois à ce discours erroné : les vaccins antiméningococciques ne provoquent pas de méningites infectieuses, les plus dangereuses, ont précisé plusieurs experts interrogés par l’AFP.
Qui est Denis Agret ?
Médecin montpelliérain connu pour son opposition aux vaccins contre le Covid-19, Denis Agret a été radié de l’Ordre des médecins. Une sanction qui a pris effet le 1er janvier 2025.
Selon la décision complète, citée dans cet article de parisien (lien archivé ici), Denis Agret est notamment critiqué pour «d’avoir minimisé la pandémie, d’avoir traité les autorités de “collaboratrices” et de “criminelles”, d’avoir critiqué la vaccination “toxique”, ou encore d’avoir menacé de mort le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie.« .
Durant la pandémie, il a partagé de nombreuses fausses déclarations sur la prétendue dangerosité des vaccins contre le Covid-19, vérifiées par l’AFP ici ou ici.
Dans une série de vidéos publiées sur ses réseaux sociaux, Denis Agret affirme désormais depuis septembre 2024 que «Les vaccins contre le méningocoque B et C provoquent une méningite», alors que la vaccination est devenue obligatoire pour les bébés depuis le 1er janvier 2025.
Les différentes méningites
La méningite est une inflammation des méninges.les membranes qui protègent le cerveau et la moelle épinière“, explique un article publié sur le site Vidal (lien archivé ici).
Il en existe plusieurs types. Le plus souvent, elles sont causées par des virus (comme la rougeole, les oreillons, l’herpès ou la grippe) ou par des bactéries – les méningocoques par exemple.
Plus rarement, la méningite peut être causée par un champignon ou un parasite microscopique. Il existe aussi des méningites non infectieuses »,lié à une maladie auto-immune ou à un cancer métastatique“, détaille l’article.
La méningite bactérienne est la plus dangereuse. Environ une personne sur dix dans la population générale (mais un adolescent sur trois) est porteuse de méningocoques sans qu’aucun symptôme de la maladie n’apparaisse. Cependant, après avoir infecté les voies respiratoires, les méningocoques peuvent se propager dans tout le corps par la circulation sanguine.
Dans ce cas, ils se manifestent notamment par une forte fièvre et une raideur de la nuque. Cette maladie – imprévisible et dévastatrice – peut entraîner la mort en moins de 24 heures, sans traitement rapide. Correctement traitée, la mortalité reste de 10 %.
La méningite à méningocoques peut également laisser des séquelles plus ou moins graves : amputation, surdité, troubles cognitifs, difficultés d’apprentissage, etc.
Après l’arrêt des mesures sanitaires mises en place lors du Covid-19, la méningite à méningocoque a connu une «rebond sans précédent», prévenait l’Institut Pasteur en 2023 (lien archivé ici), poussant le gouvernement à élargir la vaccination.
Selon les derniers chiffres, fournis à l’AFP par le Centre national de référence des méningocoques de l’Institut Pasteur, plus de 500 cas ont déjà été enregistrés entre janvier et novembre 2024une légère augmentation par rapport à la même période de 2023.
Dans le même temps, le profil des bactéries impliquées a clairement changé. Les principaux méningocoques sont en effet séparés en grandes familles : A, B, C, W et Y. Pendant longtemps, B et C sont restés majoritaires. C’est toujours le cas pour B. Mais C est devenu marginal, nettement derrière Y et W, ces derniers étant particulièrement meurtriers.
L’essor de ces familles de bactéries s’est accompagné d’une multiplication de formes inhabituelles d’infection (formes abdominales, pneumonies bactériennes, arthrites…), parfois plus difficiles à diagnostiquer.
Depuis le 1er janvier 2025, la vaccination contre les méningocoques – toutes souches confondues (A, B, C, Y et W) – est donc devenue obligatoire pour les tout-petits, comme l’explique cet article de l’AFP (lien archivé ici).
Chez les adolescents, une dose de rappel contre A, C, W et Y est désormais recommandée entre 11 et 14 ans, même s’ils ont reçu ce vaccin très jeune.
Auparavant, seule la vaccination antiméningococcique C était obligatoire pour les enfants de moins d’un an ; la vaccination contre B était seulement recommandée. Chez les personnes âgées, le vaccin C était recommandé jusqu’à 24 ans, uniquement si la personne ne l’avait pas reçu comme prévu alors qu’elle avait moins d’un an.
Vaccins inactivés
Denis Agret dit que ces vaccins sont dangereux, mais «les vaccins contre le méningocoque ne peuvent pas provoquer de méningite infectieuse», rétorque l’infectiologue Muhamed-Kheir Taha, spécialiste du sujet à l’Institut Pasteur (lien archivé ici), interrogé par l’AFP le 2 janvier 2025.
“Ces vaccins ne sont pas fabriqués à partir de bactéries entières ou de bactéries vivantes. Ce sont des morceaux de bactéries, il n’y a donc aucune possibilité infectieuse de contracter une méningite.», explique-t-il.
“Les vaccins actuellement utilisés ne sont pas des vaccins activés. Il n’y a donc aucune raison pour qu’ils transmettent la méningite.», rejoint Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Poincaré de Garches (lien archivé ici), contacté par l’AFP le 2 janvier 2025.
Comme preuve d’une prétendue dangerosité, Denis Agret brandit la notice de deux vaccins – Neisvac (méningocoque C) et Bexsero (méningocoque B) – avertissant de la présence d’irritation méningée dans les effets indésirables. “Donc méningite», dit-il.
Dans une de ses publications, il insiste, à propos des nouvelles mesures : «L’obligation ou l’incitation concernera près de 9 millions : 0-2 ans + 15 24 ans…dangereux.“
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