Longtemps sous-estimée, la santé de la peau gagne du terrain à l’ère de la reine de l’image. Selon le cabinet Xerfi, son chiffre d’affaires devrait croître de 8,5% par an dans le monde jusqu’en 2027. Un marché d’avenir sur lequel QuantifiCare souhaite apporter une approche différenciante. A l’origine du projet collaboratif PLICIA, acronyme de Plateforme Logicielle d’Imagerie Clinique intégrant l’Intelligence Artificielle, la biotech basée à Sophia Antipolis veut devenir la référence mondiale dans l’analyse d’images médicales.
Seul au monde (ou presque)
Créée en 2001, la société est une spin-off de l’INRIA, institut public de recherche en informatique et automatique. Ses spécialités : le traitement d’images médicales, les systèmes 3D et l’IA à partir desquels elle développe des services et produits dédiés au diagnostic. Elle travaille ainsi avec deux types de clientèle : les laboratoires pharmaceutiques d’une part, pour lesquels elle évalue, notamment via un scoring, les médicaments et traitements candidats lors des études cliniques, les dermatologues esthétiques et les chirurgiens plasticiens d’autre part, à qui elle propose des solutions permettant des simulations 3D. à réaliser avant et après l’intervention. Un créneau occupé par seulement deux sociétés dans le monde, dont QuantifiCare qui déploie cette double activité dans une soixantaine de pays à travers 5 filiales (2 au Brésil, une aux USA, aux Philippines, au Japon) et des bureaux commerciaux en Corée ou encore à Dubaï. Au total, la biotech emploie 140 personnes et a levé en 2019 un budget total de 10 millions d’euros, dont 5 millions en fonds propres de LBO France, pour consolider et renforcer ses positions.
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Anonymisation des données
Avec PLICIA, QuantifiCare souhaite donc explorer davantage les possibilités offertes par l’intelligence artificielle. ” Le diagnostic de l’IA est déjà comparable, voire même supérieur dans certains cas, à celui des experts médicaux. En renforçant l’outil de manière très spécifique et en le combinant avec les perceptions des médecins, qui restent essentielles, on peut encore faire d’énormes progrès, notamment vers des sous-populations qui, parce qu’elles présentent telle ou telle caractéristique, échappent ou ne disposent pas d’aussi efficaces traitement comme le reste de la population », explique Jean-Philippe Thirion, le directeur fondateur de la biotech.
Mais pour ce faire, un impératif s’impose, celui de l’anonymisation des données dont les IA apprennent. C’est tout l’objet du consortium dont Quantificare a pris la tête, composé de la PME Hosteur, spécialisée dans l’hébergement de données, de l’INRIA et du laboratoire I3S (pour l’Informatique, les Signaux et les Systèmes de Sophia Antipolis) qui apportera son expertise. dans apprentissage profond, apprentissage automatique et le traitement d’images. Le groupe a obtenu un soutien financier de 3 millions d’euros sur 3 ans dans le cadre du 2ème appel à projets i-Démo, soutenu par la Région Sud et issu de France 2030. » L’enveloppe reste modeste mais les partenaires disposent d’une puissance de feu importante « . Surtout, le projet diffère de la démarche des Gafam, dont « les failles de sécurité leur ont récemment coûté quelque 3,4 milliards d’euros d’amendes », précise le gérant.
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Tiers de confiance
« PLICIA est construit autour de 3 briques, explains Jean-Philippe Thirion. Le premier porte sur la collecte de données médicales très larges auprès des hôpitaux et des médecins, de manière sécurisée. La seconde prend la forme d’un lac de donnéesun espace fermé où sont exécutées des IA d’apprentissage. Rien ne sort sauf les données tirées des images. Il suffit au médecin d’envoyer une image prise avec son téléphone par exemple et le système fonctionne pour déterminer la pathologie ou donner un score pathologique. Impossible de remonter jusqu’à la source. Enfin, la troisième permet aux différentes IA d’opérer au sein du système.. » Un coffre-fort productif et collaboratif en somme qui vise à éviter de creuser l’écart vis-à-vis des approches américaines et chinoises de l’IA tout en respectant l’éthique européenne. Le consortium compte également ouvrir le système aux hôpitaux universitaires disposant de nombreuses données médicales sans savoir quoi en faire ni comment les traiter. ” Il s’agit d’un outil de stockage de données sécurisé qui contribuera à faire progresser la science et le diagnostic. « . Autrement dit, un tiers de confiance dont les premiers PoC sont en cours. La version finale déployable est attendue en 2027.
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