L’incontinence urinaire d’effort, fréquente chez la femme, peut être traitée par la pose chirurgicale de bandelettes de soutien urétrales. Pourtant, cinq ans après le scandale des « Dossiers Implantaires », qui a mis en lumière des lacunes et des défauts dans la certification des prothèses en polypropylène, quelle est la situation ? Les autorités sanitaires et les spécialistes se veulent rassurants. Le professeur Xavier Gamé, chirurgien urologue au CHU Rangueil de Toulouse (Haute-Garonne) et président du Conseil national professionnel d’urologie, répond aux questions de Destination Santé.
Le scandale des « Implant Files » a discrédité les bandelettes prothétiques sous-urétrales destinées à traiter l’incontinence urinaire d’effort. En 2024, les autorités sanitaires maintiendront leur usage, principalement pour les « bandelettes synthétiques rétropubiennes » ou TVT, tout en demandant aux fabricants de mettre à jour leurs dossiers. C’est également l’avis de l’Association française d’urologie (AFU).
Pourquoi cette distinction entre les différentes bandes ?
Jeu du Professeur : La voie standard devrait être la voie rétropubienne (TVT, le chirurgien passe derrière la symphyse pubienne, l’articulation qui relie les deux os du bassin au niveau du pubis, ndlr) pour la pose de bandelettes synthétiques dans le cadre de la prise en charge. de l’incontinence urinaire d’effort (dite « hypermobilité urétrale »). Si la bandelette transobturatrice ne doit pas être interdite (TOT, par les muscles de la région de l’aine, à l’origine dans certains cas de douleurs à la racine des cuisses, ndlr), elle ne doit plus être réservée aux quelques femmes qui ne peuvent pas bénéficier d’une bandelette rétropubienne (opérations abdominales multiples, antécédents de traumatisme du bassin, etc.). Cette position est largement partagée, en Grande-Bretagne, etc. Attention, les mini-strips sont désormais interdits.
Quels sont les chiffres d’efficacité des bandelettes rétropubiennes et la réalité des complications ?
La bonne exécution de l’intervention chirurgicale détermine en grande partie le succès de l’intervention et limite les complications postopératoires. Les bandelettes ont un taux d’efficacité de 90 %, avec 3 % de complications nécessitant une reprise chirurgicale (séquelles douloureuses à la racine de la cuisse, obstruction urinaire, érosion vésicale…) et 0,3 % de douleurs graves. Il faut donc relativiser ces chiffres même si je comprends que pour une femme souffrant de douleurs intenses et d’une qualité de vie sérieusement affectée, la situation est une véritable catastrophe. Ces patients doivent être pris en charge, leurs complications reconnues et traitées au mieux, tout en veillant à minimiser les risques.
Où sont les recours en justice intentés par les femmes qui ont eu des complications douloureuses après la pose de bandelettes urinaires ?
Concernant les 111 plaintes déposées, il est encore trop tôt pour en évaluer l’ampleur, car on ne connaît pas encore tous les dossiers. Elles sont complexes et concernent également des bandes de renfort en prolapsus (descente d’organes, ndlr)… Cela crée une confusion générale autour du sujet. Les chiffres montrent également l’impact de cette pression médiatique et judiciaire. Avant la pandémie de Covid-19, environ 35 000 interventions par fronde étaient réalisées chaque année en France. Ce nombre est tombé à environ 17 000. Cette diminution peut s’expliquer par l’influence d’informations négatives sur Internet, souvent amplifiées par les médias, qui ont conduit certains patients à éviter les bandelettes par crainte de complications, mais aussi d’une baisse de la tension artérielle. activité opératoire en raison des priorités liées à la pandémie de covid-19 (notamment en oncologie) et donc un accès plus limité aux blocs opératoires.
Par ailleurs, en raison des contraintes réglementaires imposées désormais aux fabricants pour apporter la preuve de l’efficacité et de la sécurité de leurs produits, nous craignons que le traitement de l’incontinence urinaire d’effort par hypermobilité urétrale par bandelettes prothétiques sous-urétrales ne puisse plus être proposé en France d’ici quelques mois. . Seuls quelques constructeurs sont motivés et d’autres ont déjà décidé de quitter le marché européen et français. La réponse a priori fin janvier 2025.
Quelles sont les autres possibilités en matière de bandeaux pour soulager l’incontinence d’effort due à une hypermobilité urétrale ?
Les bandelettes dites autologues (« aponévrotiques ») constituent une alternative intéressante. Leur pose nécessite un prélèvement de tissu sur la femme elle-même, souvent un lambeau de peau d’au moins 20 cm de long au niveau des muscles droits de l’abdomen ou, dans certains cas, sur la face interne de la cuisse. . Ils constituent une option à considérer dans des cas bien choisis. Car bien qu’ils éliminent le risque lié à un corps étranger comme le polypropylène (notamment les irritations chroniques que cela provoque), ils ont leurs complications spécifiques, parfois supérieures à celles des autres options. Par ailleurs, certaines études ont
a montré une perte d’efficacité dans le temps, phénomène que l’on ne retrouve pas avec le TVT. Peut-être que les progrès futurs élargiront leur utilisation, mais pour l’instant, elles restent marginales. Des projets de recherche sont en cours pour développer des bandelettes à partir de tissus humains, comme les veines ombilicales.
Que voulez-vous dire aux patients ?
Les recommandations 2023 de la Haute Autorité de Santé, qui reconnaît que bien que rares, les complications de ces interventions peuvent être sévères, soulignent l’importance de sélectionner rigoureusement les patients, en identifiant les pathologies pouvant être associées à ce type d’intervention. , comme les douleurs chroniques dont la fibromyalgie, les migraines, etc. Cette sélection plus rigoureuse réduirait le risque de complications postopératoires. Par ailleurs, depuis les décrets de 2020 et 2021, la décision d’installer des bandelettes sous-urétrales doit être prise en concertation par une équipe médicale multidisciplinaire de pelvipérinéologie.
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