Écrit par Nicolas Goyet
A 41 ans, Anne-Claude Raffanel est confrontée à un cancer de la peau très avancé. Cet habitant de Saint-Savournin lutte pourtant contre la maladie avec une force impressionnante. Sans solution en France, elle espère être bientôt admise dans un hôpital israélien pour un nouveau traitement.
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C’est en mars 2020, en plein Covid, qu’Anne-Claude Raffanel, 37 ans, apprend que sa vie ne sera plus jamais la même. Un grain de beauté dans le dos. Diagnostic : mélanome de stade 3. Le mélanome, la forme de cancer de la peau la plus grave, qui peut se propager plus facilement que les autres types de cancer de la peau.
Le quotidien de cet habitant de Saint-Savournin (Bouches-du-Rhône) tombe alors dans une lutte permanente pour vivre.
“Mon premier réflexe a été de dire : je ne peux pas faire ça à mes enfants”
Anne-Claude Raffanel, atteinte d’un cancer de la peauà France 3 Paca
À l’époque, Olivia avait 11 ans, Lilian 8 ans. À la maison, ils n’avaient pas encore entendu le mot cancer. Même si le combat contre la maladie a déjà commencé pour leur mère. Un défi permanent relevé au rythme des thérapies successives, terriblement éprouvantes et malheureusement souvent infructueuses.
« J’ai très mal toléré mon premier traitement d’immunothérapie (qui utilise le système immunitaire du patient pour lutter contre le cancer). J’ai même développé une maladie auto-immune (lorsque le système immunitaire lui-même attaque le corps). Nous avons ensuite arrêté le 2ème traitement, le rapport bénéfice-risque était défavorable.
La situation ne s’est pas améliorée l’année suivante. Quatre nodules pulmonaires sont détectés et, nouveau rebondissement, Anne-Claude doit affronter un cancer du sein, traité, heureusement avec succès, par radiothérapie et hormonothérapie. « Là, ma fille a commencé à me poser des questions, dit la mère qui doit lui en dire plus sur sa santé. Mon fils m’a demandé : “Pouvons-nous mourir?” Je lui ai dit oui mais on peut aussi guérir. Il m’a dit : “Alors ça va.” Les enfants ne pensent pas que leurs parents peuvent mourir… »
Le résultat de la biopsie pulmonaire après détection des nodules est sans appel : mélanome de stade 4. Le nouveau traitement d’immunothérapie est plutôt bien soutenu mais en novembre 2023, Anne-Claude apprend l’apparition de lésions cérébrales, soignées par radiochirurgie (couteau gamma), deux heures de rayons avec un casque fixé dans le crâne. Elle enchaîne les cures successives d’immunothérapie, mais malgré ces traitements et deux nouvelles radiochirurgies (dont 1 qui a duré 7 heures), des dizaines de nouvelles lésions cérébrales sont apparues. « Le radiochirurgien m’a alors dit que c’était incurable, qu’il faudrait que je passe des jours et des jours dans la machine… »
La phrase de son dermatologue tombe comme un coup dur : « Nous n’avons plus d’options thérapeutiques à vous proposer. Si vous avez une piste à l’étranger, foncez !
Alors que la France ne peut lui proposer que des soins palliatifs, une toute nouvelle solution thérapeutique, celle de les lymphocytes infiltrant la tumeur semblent être le seul salut. Et en France, aucun essai de ce type n’est prévu avant un an. C’est trop risqué d’attendre car les lésions disparaissent trop vite.
La voilà désormais hors de tout système de soins, seule face à la maladie, animée par une incroyable énergie de vie. «Je me suis inscrit sur des groupes WhatsApp de patients. J’ai contacté plusieurs hôpitaux, aux États-Unis, en Australie et en Israël.
Et le centre médical Sheba, situé près de Tel-Aviv, pourrait très prochainement accueillir Anne-Claude pour une hospitalisation d’un mois. Les lymphocytes, isolés de la tumeur du patient, sont amplifiés in vitro, puis réinjectés.
« ÇaC’est très cher (125 000 dollars annoncés en Israël, 515 000 dollars aux États-Unis) et le taux de réponse est de 30 % pour des patients comme moi. Mais je me battrai jusqu’au bout. Je n’abandonnerai pas. Ma force, ce sont mes enfants, poursuit la patiente qui vient de lancer une collecte de fonds pour financer sa thérapie.
Son moral d’acier en surprend plus d’un. Son énergie et son sourire au quotidien aussi. “J’arrive à avoir une vie presque normale même si je dors beaucoup. Le moral est si important dans ce type de maladie, raconte cette jeune femme dont la vie amoureuse a elle aussi été très perturbée ces derniers -. J’ai quitté le père de mes enfants et… j’ai retrouvé mon amour d’enfance, 22 ans plus tard ! Une semaine sur deux, j’ai mes enfants, l’autre semaine je retrouve mon fils de 16 ans avec des papillons dans le ventre !
Le témoignage d’Anne-Claude Raffanel est touchant et son sourire et sa voix vibrent de grands espoirs. Un combat exemplaire où l’on aimerait voir la vie et l’amour plus forts que tout.
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