Chez les patients en surpoids atteints de fibrillation auriculaire (FA), la mise en place d’un programme d’activité physique intensive, visant une perte de poids et une meilleure capacité physique, réduit significativement le risque de récidive et la gravité des symptômes, autant chez l’homme que chez la femme, selon une étude australienne [1].
Le bénéfice sur les récidives d’arythmies apparaît plus important chez la femme après amélioration de la condition physique.
Obésité, hypertension, diabète, apnée du sommeil… de nombreux facteurs de risque modifiables liés au mode de vie sont impliqués dans le développement de la fibrillation auriculaire (FA) et son évolution vers des formes plus graves. La maîtrise de ces facteurs de risque est également largement mise en avant dans les recommandations en matière de prévention primaire et secondaire, afin de limiter la survenue de FA ou de complications.
Plusieurs études ont en effet démontré l’intérêt de cette approche.
Si au-delà de 50 ans, les hommes sont plus souvent touchés que les femmes par ce type d’arythmie, aucune étude n’a encore évalué l’impact, selon les sexes, d’un changement de mode de vie, notamment une perte de poids. Dans cette étude, le Dr Jean-Jacques Noubiab (Center for Heart Rhythm Disorders, Université d’Adélaïde, Australie) et ses collègues voulaient déterminer l’effet d’un programme d’activité physique intense combinant exercice aérobique et renforcement musculaire, en distinguant les hommes des femmes.
Ils ont inclus 355 patients présentant une FA symptomatique et un surpoids (> 27 kg/m2), dont 64 % étaient des hommes. Ces patients ont été pris en charge dans leur centre d’Adélaïde. Les femmes étaient en moyenne plus âgées que les hommes (65,5 ans contre 62,5 ans) et avaient un IMC moyen plus élevé (34 contre 32). Ils étaient également plus souvent atteints de FA paroxystique (67,8 % contre 48,3 %). Les hommes étaient plus susceptibles d’avoir une consommation excessive d’alcool (44,4 % contre 5,8 %).
Après avoir subi un test d’effort, les patients ont reçu un programme d’activité physique personnalisé, comprenant initialement 20 minutes d’exercices de faible intensité trois fois par semaine, puis progressant vers des séances d’exercices d’intensité modérée pendant plus de trois heures par semaine (au moins 200 minutes). Les patients ont également reçu un traitement standard pour contrôler la fréquence et le rythme cardiaques.
Au cours du suivi, qui a duré plus de quatre ans, la FA a été évaluée au moins une fois par an par un examen clinique, un électrocardiogramme (ECG) à 12 dérivations et un enregistrement Holter sur sept jours. Le critère d’évaluation principal était l’absence de récidive de FA.
Les résultats montrent une perte de poids moyenne de 7 à 8 kg et une amélioration de la capacité cardio-respiratoire de près de 2 MET (Équivalent Métabolique de Tâche), sans différence significative entre les hommes et les femmes. La fréquence, la durée, la gravité et les symptômes de la FA se sont significativement améliorés à la fin du suivi, également sans différence selon le sexe. Le passage d’une FA persistante à une FA paroxystique était cependant plus fréquent chez les hommes en fin de suivi (21,8 % versus 14 %). Selon les chercheurs, un âge plus élevé chez les femmes et davantage de comorbidités pourraient expliquer ces différences.
Les patients ont été répartis en fonction de la perte de poids (≥ 10 % par rapport au poids initial vs 10 %) et de l’évolution de la capacité physique (≥ 2MET vs.
Concernant l’amélioration de la capacité cardio-respiratoire, elle apparaît plus bénéfique chez la femme puisque le risque de récidive est réduit de 87% en cas de progression du score MET de plus de 2 points, par rapport à une moindre progression (HR = 0,13, 95 % IC, [0,05 – 0,30]).
Chez l’homme, il ne semble pas y avoir de différence significative dans le taux de récidive de FA en fonction de l’amélioration de la condition physique.
« Cette étude confirme la nécessité de traiter les facteurs de risque liés au mode de vie pour limiter la récidive des arythmies et réduire la gravité des symptômes » chez tous les patients atteints de FA, concluent les auteurs.
Cet article a été initialement publié sur le site Mediquality.net.
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