Certaines combinaisons de médicaments peuvent être dangereuses. Si certaines associations sont même formellement contre-indiquées, d’autres nécessitent une surveillance pour d’éventuels effets secondaires. Dans ce contexte, une récente étude danoise s’est penchée sur le risque accru de saignement chez les patients prenant simultanément un anticoagulant et un anti-inflammatoire non stéroïdien. Explications.
Anticoagulants associés à un risque de saignement
Médicaments anticoagulants sont indiqués dans différentes situations d’urgence, par exemple lors d’un accident vasculaire cérébral (AVC), dans certaines affections aiguës comme la phlébite ou pour prévenir les récidives ou complications cardiovasculaires chez les patients souffrant de pathologies cardiovasculaires chroniques. Il existe aujourd’hui différentes classes de médicaments anticoagulants, avec différents modes d’action, durées d’action et indications thérapeutiques, mais tous ces médicaments visent à limiter la formation de caillots sanguins.
Compte tenu de leur effet sur la coagulation sanguine, tous les médicaments anticoagulants augmentent le risque d’hémorragiebien que certains soient associés à un risque hémorragique plus élevé que d’autres. Cet effet secondaire explique pourquoi les patients sous anticoagulants doivent éviter certaines situations à risque :
- Accidents domestiques (une chute, une blessure) ;
- La pratique de sports violents.
De même, des précautions sont nécessaires lors de la réalisation de certains traitements (comme les soins dentaires) ou lors d’interventions chirurgicales.
Le risque de saignement fait plus que doubler lors de la prise d’un AINS
Ce risque hémorragique des anticoagulants peut-il être augmenté par l’association avec d’autres médicaments ? Depuis plusieurs années, chercheurs et médecins pointent du doigt médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)médicaments largement utilisés dans le traitement de la fièvre, de l’inflammation et/ou de la douleur légère à modérée. Des études ont suggéré un risque accru de saignement lorsqu’un anticoagulant est associé à un AINS.
Pour mieux décrypter l’impact de cette interaction médicamenteuse, des chercheurs danois ont mené une étude entre 2012 et 2022 auprès de 51 794 patients sous traitement par un anticoagulant oral après un accident thromboembolique. Les données recueillies ont montré que la prise d’AINS pendant un traitement anticoagulant pouvait plus que doubler le risque d’hémorragie interne. Ce risque a été constaté pour divers AINS couramment utilisés, dont certains sont disponibles sans prescription médicale.
Pas d’automédication avec des anticoagulants…
Si le hémorragies externes sont généralement détectés plus rapidement par le patient, par exemple les saignements de nez, hémorragie interne peuvent passer inaperçus même s’ils sont potentiellement graves. Dans l’association entre AINS et anticoagulants, les chercheurs ont observé une augmentation du risque d’hémorragie interne à plusieurs niveaux :
- Au niveau intestinal ;
- Au niveau des poumons ;
- Au niveau cérébral ;
- Au niveau de la vessie.
Ces hémorragies peuvent être graves par leur intensité (c’est-à-dire en fonction du volume de sang perdu) et/ou par leur durée (certaines hémorragies digestives peuvent devenir chroniques). Tant les patients que les professionnels de santé doivent surveiller les signes d’hémorragie interne : présence de sang dans les urines ou les selles, crachats de sang, signes d’anémie, mais aussi signes de gravité de l’hémorragie :
- Respiration rapide ;
- Une décoloration bleuâtre des extrémités associée au froid ;
- Marbrures sur les membres ;
- Un pouls irrégulier ;
- Troubles de la conscience ;
- Une agitation.
De tels signes de gravité nécessitent une hospitalisation en urgence.
Cette nouvelle étude confirme le risque accru d’hémorragie en associant AINS et anticoagulants. Un risque qui peut être maîtrisé en ne prenant aucun médicament sans l’avis d’un professionnel de santé ! Des alternatives existent pour éviter de combiner anticoagulants et AINS.
Sources
– SR Petersen, et al. 2024. Risque hémorragique utilisant des anti-inflammatoires non stéroïdiens avec des anticoagulants après une thromboembolie veineuse : une étude danoise à l’échelle nationale. Journal européen du cœur. Ehae 736. Academic.oup.com. Consulté le 12 décembre 2024.
– Assurance maladie. Anticoagulants : importance de la surveillance pendant le traitement. 24 octobre 2024. . www.ameli.fr. Consulté le 12 décembre 2024.
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