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après le suicide d’un proche, la peur de fêter Noël

Comment vas-tu ? Ouverte, presque banale, la question d’ouverture du groupe de soutien aux proches et aux familles endeuillées par suicide appelle à l’intime, au personnel. Mais ce jeudi soir 5 décembre 2024, toutes les réponses convergent vers un seul et même sujet : l’approche des vacances de Noël. Parmi les cinq femmes assises en cercle dans les locaux de la Coordination départementale de prévention du suicide, à l’hôpital de Niort, une saute le pas. Deux ans après la perte de son mari, elle « aucune envie de vivre cette période difficile ».

« Il faut que les gens sachent que ce groupe existe »

« J’ai dit que nous viendrions parce que l’année dernière, ma famille a très mal pris que les enfants et moi partions en vacances à Noël, mais j’ai l’impression que je vais renvoyer tout le monde »» s’exprime la quinquagénaire en tournant machinalement son alliance autour de son doigt.

Il existe un tabou autour du suicide qui fait que nous ne sommes pas forcément compris de nos familles ou des professionnels de santé. Ici, nous passons par toutes les mêmes étapes.

Un participant au groupe de discussion Niort

À sa droite, une autre participante hoche la tête : « Pour ma part, c’est la quatrième année que nous ne venons pas pour Noël, et notre entourage a du mal à le comprendre. Ce qui m’énerve le plus, c’est quand les gens me disent que j’ai l’air d’aller mieux. Bien sûr, on avance, mais on rechute régulièrement et personne ne le voit. »

Depuis trois ans, une vingtaine de personnes endeuillées par suicide ont participé au groupe d’échange proposé par la Coordination départementale de prévention du suicide, basée à l’hôpital de Niort.
© (Photo NR, Camille Montagnon)

Respectivement cadre de santé à l’hôpital de Niort et psychopraticienne à la retraite, Yasmina Clergeaud et Mireille Jarry écoutent, intervenant ponctuellement pour poser une question ou agrémenter la discussion de détails cliniques. « La parole a une fonction thérapeutique, il est donc important qu’elle puisse circuler le plus librement possible dans le groupe »» se sont-ils confiés quelques minutes avant l’arrivée des participants.

Comme une parenthèse dans un quotidien où il convient de “garder la face” après le suicide d’un fils, d’un conjoint ou d’une sœur, le groupe d’entraide permet de lâcher prise, deux heures par mois. « Les gens doivent savoir que cela existe, insiste l’un des plus anciens du groupe. Il existe un tabou autour du suicide qui fait que nous ne sommes pas forcément compris de nos familles ou des professionnels de santé. Ici, nous passons par toutes les mêmes étapes. »

Dans la grande majorité des cas, les participants au groupe d’entraide sont des femmes, alors qu’en , environ les trois quarts des décès par suicide sont des hommes.
© (Photo NR, Camille Montagnon)

Marchez à votre rythme

En écoutant, les participants s’interrogent et se répondent, une boîte de mouchoirs circulant entre eux, tel un bâton de parole. Pour certains, la colère est encore vive et le mot « suicide » reste difficile à prononcer : «Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il a fait cela alors qu’il savait à quel point c’est douloureux de perdre quelqu’un comme ça. » D’autres ont accepté, au fil du -, de ne jamais obtenir de réponses à leurs questions.

C’est le cas de ce retraité de 73 ans. Si l’on parle de son fils “à chaque fois” en larmes, elle a décidé de quitter le groupe de soutien. « Vous m’avez écouté et cela m’a beaucoup aidéelle remercie les autres membres, toutes des femmes. A moi désormais de trouver les clés pour m’en sortir. Je porterai mon chagrin toute ma vie, mais je veux profiter de Noël avec mes enfants et petits-enfants pour avancer. »

 
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