L’ESSENTIEL
- Le cancer du poumon est le troisième cancer le plus répandu mais occupe la première position en termes de mortalité, notamment parce qu’il est souvent diagnostiqué tardivement.
- Une équipe de scientifiques de l’Université de Cambridge a mis au point un test d’urine permettant de les détecter « des mois, voire des années avant qu’ils ne commencent à provoquer des symptômes », ce qui changerait la donne.
- Jusqu’à présent, l’équipe a montré que le test fonctionne chez la souris. Il faut maintenant passer aux dernières étapes de validation préclinique.
Elle tue chaque année plus de 33 000 personnes en France. Le cancer du poumon est le troisième cancer le plus répandu mais occupe la première position en termes de mortalité par cancer dans notre pays… et dans le reste du monde ! Si ce cancer est le plus mortel, c’est notamment parce qu’il est souvent diagnostiqué tardivement, à un stade tellement avancé que les traitements ne répondent plus. Trouver un moyen de le détecter précocement est donc un objectif ultime pour de nombreux chercheurs, dont cette équipe de scientifiques de l’université de Cambridge, qui a réussi à développer un test d’urine permettant de détecter certains signes précoces du cancer du poumon. Un communiqué publié dans Cancer Research UK – l’organisation qui a financé ces travaux – nous en dit plus.
Un test qui identifie les cellules « zombies »
“Nous savons qu’avant l’apparition du cancer, des changements se produisent dans les tissus affectés.», explique le professeur Ljiljana Fruk, l’une des deux scientifiques qui ont dirigé les travaux. “L’un de ces changements est l’accumulation de cellules endommagées qui ne sont pas suffisamment endommagées pour être éliminées, mais suffisamment pour libérer des signaux qui reprogramment les tissus et les rendent parfaits pour le développement du cancer.», ajoute-t-elle. Ces cellules sénescentes sont souvent appelées cellules « zombies » car, comme l’explique le chercheur, elles ne sont pas complètement mortes.
Grâce à ces informations, l’équipe a pu identifier une protéine spécifique libérée par ces cellules « zombies » dans le tissu pulmonaire. “Nous avons conçu une sonde qui coupe en deux en sa présence”, explique le professeur Fruk.
Diagnostic du cancer du poumon : comment fonctionne ce test d’urine ?
Le test commence par une injection pour introduire la sonde dans l’organisme. Une fois coupée en deux par la protéine cible, la plus petite partie se déplace vers les reins, lui permettant d’être libérée par la vessie dans l’urine. Côté laboratoire, les scientifiques ajoutent une solution d’argent aux échantillons d’urine pour la faire changer de couleur.
“En surveillant la couleur de l’urine après l’injection du cathéter, nous pouvons déterminer si des cellules sont présentes dans les poumons, ce qui indiquerait des signes précoces de changements pathologiques pouvant conduire au cancer.», précise l’expert.
“Cette nouvelle approche pourrait identifier les cancers du poumon des mois, voire des années avant qu’ils ne commencent à provoquer des symptômes», indique le communiqué. Dans certains cas, cela permettrait de soigner le patient sans recourir à la chirurgie. Autre aspect non négligeable : le coût bien inférieur de ce test par rapport aux scanners.
Jusqu’à présent, l’équipe a montré que le test fonctionne chez la souris. Elle doit maintenant passer aux dernières étapes de validation préclinique et espère ensuite étendre cette technologie à d’autres types de cancers, notamment le cancer du pancréas, le cancer du sein et le mélanome.
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