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« L’Afrique est la grande oubliée du séquençage génétique »

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Le virologue Amadou Sall, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, à São Paulo, Brésil, en janvier NELSON ALMEIDA / AFP

L’Institut Pasteur de Dakar (IPD), qui regroupe 50 chercheurs et se targue de jouer un rôle central dans les politiques de santé publique en Afrique, fête cette année son centenaire. Durant la pandémie de Covid-19, c’est vers lui que les autorités sénégalaises se sont tournées en matière de surveillance, de diagnostic et de prévention. Plus récemment, en août, c’est encore l’IPD qui a soutenu la politique publique de surveillance lors de l’apparition du mpox en Afrique centrale, accueillant des professionnels de santé de 17 pays pour une formation sur le séquençage et l’analyse du virus. Dans une interview avec , son directeur, le virologue Amadou Sall, évoque les grands défis sanitaires auxquels est confronté le continent.

Vous êtes spécialiste des arbovirus, des maladies qui, selon certains, seraient accélérées par les changements environnementaux et climatiques. Pensez-vous cela aussi?

La dynamique des arbovirus, transmis par les mouches, les moustiques ou les tiques, et d’autres fièvres hémorragiques comme la fièvre de Lassa, transmise par un rongeur, est liée à l’activité humaine et à ses effets sur l’environnement. La déforestation favorise par exemple les contacts entre les animaux, comme les chauves-souris, et les humains. Elle accélère et transforme les cycles de transmission des maladies. De nombreux chercheurs y voient également une cause de l’épidémie d’Ebola.

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En Afrique et ailleurs, les moustiques tuent. Peut-on encore envisager de vivre avec eux ?

Les moustiques représentent sans aucun doute un danger. C’est l’animal qui tue le plus l’homme. Mais nous savons aussi qu’ils ont leur place dans les écosystèmes et que leur disparition complète, si elle était possible, n’est peut-être pas souhaitable. Les stratégies qui reposaient sur les insecticides pour en tuer le plus possible sont reconsidérées, d’autant plus que les moustiques mutent parfois pour s’y adapter.

À l’IPD, nous étudions de près les moustiques. On teste leur sensibilité, on observe leur comportement. L’un de nos domaines de recherche concerne les solutions biologiques. Avec d’autres laboratoires dans le monde, nous travaillons sur la possibilité d’injecter au moustique des bactéries qui l’empêchent de transmettre la maladie. Il ne s’agit plus de tuer le moustique, mais de le transformer.

Lors de l’épidémie de mpox en août, des discours complotistes sont apparus sur les réseaux sociaux en Afrique centrale et occidentale. Comment devrions-nous répondre à ces discours lors de l’élaboration des politiques de santé publique ?

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