L’essor des thérapies antisens
Les thérapies antisens reposent sur l’utilisation d’un petit fragment d’acide nucléique, ADN ou ARN, qui va se lier à un ARN messager cible pour inactiver la production d’une protéine spécifique ou modifier sa structure. Cela permet selon les cas de se protéger contre un élément toxique pour la cellule ou de réparer une protéine mal formée. Ils sont de plus en plus étudiés dans les maladies génétiques, comme la maladie de Steinert avec l’arrivée de plusieurs essais cliniques. Guillaume Bassez (neurologue à l’Institut de Myologie de Paris) a présenté les conclusions de l’essai MARINA qui a évalué l’AOC 1001 (ou Del-desiran) et les résultats préliminaires de l’essai ACHIEVE qui teste actuellement le DYNE-101. Ces deux candidats médicaments auraient réduit la myotonie et stabilisé, voire légèrement augmenté, la force musculaire des patients traités avec la maladie de Steinert.
L’approche antisens est également l’une des nombreuses pistes étudiées dans la dystrophie musculaire de Duchenne. C’est notamment le cas du DYNE-251 actuellement évalué dans l’essai DELIVER. Les premières données indiquent une tendance à l’amélioration de la marche des patients traités.
Les organoïdes modernisent la recherche
Plusieurs présentations ont porté sur ces « petits organes » qui complètent l’arsenal de modèles biologiques disponibles pour la recherche en laboratoire. Contrairement aux modèles cellulaires qui sont développés en culture sur couche (en deux dimensions), les organoïdes sont capables de s’organiser dans un espace tridimensionnel pour reconstruire la structure et la fonction d’un organe entier, permettant d’en comprendre le fonctionnement et de tester de nouveaux traitements. . Un organoïde neuromusculaire est ainsi capable de former des jonctions neuromusculaires fonctionnelles et pourrait servir de modèle dans la myasthénie grave auto-immune notamment. Un nouvel outil développé par le chercheur Juan Fernandez-Costa (Institut de bio-ingénierie de Catalogne (IBEC) à Barcelone, Espagne) a été présenté et utilisé pour le dépistage à haut débit de la dystrophie musculaire de Duchenne.
L’épigénétique aide à comprendre la complexité de certaines maladies neuromusculaires
L’épigénétique fait référence aux modifications de l’ADN qui affectent l’activation ou l’inactivation des gènes sans altérer la séquence d’ADN. Ces modifications épigénétiques sont impliquées dans plusieurs maladies neuromusculaires et constituent une cible intéressante pour de nouvelles thérapies.
Ils expliquent pourquoi certaines femmes sont porteuses d’une anomalie génétique DMD développent des lésions cardiaques ou musculaires tandis que d’autres ne le font pas, comme le souligne une présentation de Helge Amthor (neuropédiatre à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches).
Laboratory researcher Frédérique Magdinier Génétique Médicale Marseille a fait le point sur la myopathie facio-scapulo-humérale (FSHD), une maladie impliquant également des mécanismes épigénétiques. Son équipe s’intéresse particulièrement au gène SMCHD1qui est muté chez 80% des patients atteints de FSHD2 et qui agit sur la relaxation de la chromatine.
Sources :
G. Bassez (2024). Essais thérapeutiques en cours. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
G. Bassez (2024). Aperçus de l’histoire naturelle du DM1 et mise à jour sur l’essai clinique de phase 1/2 ACHIEVE en cours. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
L De Waele (2024). Leçons tirées de la DMD et mise à jour sur l’essai clinique de phase ½ DELIVER en cours. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
J Enriquez (2024) Générer une diversité de motoneurones et de muscles. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
J Fernández-Costa (2024). Muscle squelettique humain bio-ingénierie pour le développement de nouvelles thérapies pour la DMD. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
H. Amthor (2024) À propos du domaine myonucléaire de la dystrophine. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
F. Magdinier (2024). Organisation de la chromatine et structure nucléaire dans la FSHD. JSFM 2024. Clermont-Ferrand, France
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