L’ESSENTIEL
- MASH, anciennement connue sous le nom de NASH, est la maladie hépatique chronique la plus courante, touchant près de 20 % des adultes dans le monde.
- Des chercheurs français ont découvert qu’il existait deux formes différentes de la maladie.
- Il existe une forme génétique et une forme cardio-métabolique.
Près de 20 % de la population souffre de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH), mieux connue sous le nom de stéatose hépatique ou NASH.
Une équipe du CHU de Lille vient de faire une découverte majeure l’Inserm, l’Inria, le CNRS et l’Institut Pasteur de Lille : il n’existe pas une seule forme de ce trouble caractérisé par une accumulation de graisses dans le foie, mais deux.
Leurs travaux ont été présentés dans la revue Nature Medicine en décembre 2024.
Maladie du foie gras : deux formes identifiées grâce à l’IA
Constatant que l’évolution du MASH variait grandement d’un patient à l’autre, des chercheurs français se sont demandés s’il n’existait pas plusieurs types de stéatose hépatique. Pour répondre à leur question, ils ont pris les dossiers de plusieurs cohortes et ont utilisé l’intelligence artificielle pour les analyser.
En passant au crible les données cliniques et de biopsie hépatique de 1 800 patients, l’algorithme développé par l’équipe a identifié deux profils distincts basés sur six variables cliniques : l’indice de masse corporelle, le taux d’enzymes alanine aminotransférase hépatique (ALT), l’âge, le taux de cholestérol LDL, le taux de triglycérides ( un type d’acide gras) et le taux d’HbA1c (taux moyen de glycémie).
Plus précisément, le premier groupe se distingue principalement par des taux élevés de triglycérides et d’HbA1c tandis que l’autre présente un taux anormal de l’enzyme hépatique ALT.
MASH : différentes formes avec différentes complications
Après cette première découverte, les scientifiques ont poursuivi leurs recherches et identifié deux formes de MASH :
- Génétique : les patients présentant des taux anormaux de l’enzyme hépatique ALT développent « un MASH spécifique du foie, d’origine génétique, caractérisé par un dysfonctionnement hépatique qui amène le foie à produire des acides gras qui s’accumulent à l’intérieur de cet organe ».
- Cardiométabolique : les patients présentant des taux élevés de triglycérides et d’HbA1c ont « un MASH de type cardio-métabolique ». Dans ce cas, les lipides circulants sont importés dans le foie via le sang.
« Ces deux formes ne peuvent être distinguées par la biopsie hépatique qui permet de diagnostiquer le MASH et qui permet seulement de constater l’association stéatose et inflammation du foie. En revanche, nous montrons ici que les mécanismes physiopathologiques conduisant à l’apparition de ces deux formes de la maladie ainsi que leur progression diffèrent.précise Stefano Romeo, spécialiste suédois des maladies métaboliques et chercheur associé à l’université de Lille dans un communiqué transmis à la rédaction.
Les chercheurs ont remarqué que la forme génétique hépatique spécifique du MASH affecte les personnes plus jeunes et provoque de graves maladies du foie. En revanche, le type cardio-métabolique augmente principalement les risques de diabète de type 2 et la survenue d’accidents cardiovasculaires.
« Ce travail permet de stratifier les cas MASH en deux endotypes distincts, chacun caractérisé par des mécanismes biologiques spécifiques et une progression clinique différente »résume le professeur François Pattou.
« C’est une avancée importante vers la médecine de précision, avec l’idée qu’à l’avenir on pourra adapter le traitement des patients en fonction du type dont ils souffrent. Plusieurs médicaments sont notamment en développement pour lutter contre cette maladie, avec des résultats hétérogènes. Il serait utile de les évaluer séparément selon le type de MASH.précise le professeur Philippe Mathurin, hépatologue, également impliqué dans le projet.
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