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ENTREVUES. Dépistage, traitements, prévention… Solidarité sida NC et CP2S font le point sur le VIH en Calédonie

Ce 1er décembre marque la Journée mondiale de lutte contre le sida. En Calédonie, 288 personnes dépistées vivent avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine). 20% d’entre eux sont suivis par l’association Solidarité sida NC et le Comité pour la promotion de la santé sexuelle (CP2S).

“Pour ma part, je ne me sens pas concerné car je me protège”, “nous n’avons pas trop d’informations donc nous n’y prêtons plus trop attention”, « Notre génération ne pense pas à la suite. Ils s’en moquent, ils ne pensent qu’au profit. »

Ces témoignages de jeunes Calédoniens ont été recueillis à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1est Décembre. Si une certaine distance par rapport au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) semble perdurer chez les jeunes, pour Dominique Solia, présidente de l’association Solidarité sida NC, toutes les générations sont concernées. Le Dr Michel Jorda, médecin du Comité pour la promotion de la santé sexuelle, souligne également l’enjeu du dépistage en Calédonie. Tous deux invités du journal télévisé NC la 1ère du samedi 30 novembre, ils ont répondu aux questions de Natacha Lassauce-Cognard.

NC 1ère : La pandémie du sida a commencé il y a quarante ans. Pourquoi cette maladie semble-t-elle encore peu connue ?

Dominique Solia, president of the Solidarité sida NC association: Le manque de sensibilisation est probablement lié au manque de prévention. On voit bien que les jeunes ont des perceptions très différentes du VIH SIDA. Il faut donc poursuivre la campagne pour que toutes les générations disposent de cette information. Je pense aussi qu’on ressent un faux sentiment de sécurité dans le fait qu’on ne meurt plus du sida lorsqu’on suit un traitement.

Votre association existe depuis 1996, quel bilan tirez-vous de ces vingt-huit années ?

Il y a eu des progrès extrêmes. Tant en termes de prévention qu’en termes de traitement. Gouvernements successifs, associations, acteurs de terrain… Nous avons tous travaillé ensemble pour élaborer des plans à moyen terme de lutte contre le sida, qui ont permis d’endiguer l’épidémie. Il est essentiel de poursuivre ce travail, pour que l’épidémie ne reprenne pas, même si malheureusement tous les ingrédients sont là : taux élevés d’IST, consommation d’alcool et violences sexuelles. Ce sont des facteurs qui facilitent la transmission.

Quelle est la priorité en matière de prévention ?

Allez vous faire tester, pour prendre soin de vous, vous respecter et respecter les autres. Aujourd’hui, les personnes séropositives sous traitement ont une charge virale si faible qu’on dit qu’elle est indétectable, elles ne transmettent plus le VIH. Le risque que nous prenons dans notre sexualité, c’est lorsque nous avons des partenaires qui ne connaissent pas leur statut sérologique.

Le dépistage fait-il peur ?

Oui. L’une des questions cruciales est le poids de la discrimination. Les gens, de peur d’être jugés en cas de diagnostic positif, évitent le dépistage et vont même jusqu’à ignorer les risques. Nous devons travailler sur notre vision et c’est là que nous sommes tous acteurs. Parce que nous discriminons lorsque nous n’avons pas suffisamment de connaissances, lorsque nous avons peur de la différence des autres. J’encourage tout le monde à faire ses recherches. Et quand on commence à comprendre le VIH, l’autre devient moins inquiétant.

NC 1ère : Depuis 1986 en Nouvelle-Calédonie, 540 cas de VIH ont été recensés par le service sanitaire et social. Les activités de dépistage sont stables depuis six ans. Est-ce que tous les Calédoniens ont accès à ces projections ?

Dr Michel Jorda, médecin du Comité pour la Promotion de la Santé Sexuelle : Oui. Dès qu’il y a un dispensaire nous avons accès à des dépistages anonymes et gratuits. Le problème, c’est la volonté. Ce que nous ne pouvons pas faire, c’est motiver les gens à se faire dépister. Il faut comprendre qu’aujourd’hui, une personne séropositive traitée n’est pas contagieuse. La personne contagieuse est celle qui n’a pas été testée.

Depuis les années 1980, les traitements antirétroviraux ont considérablement évolué. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Nous avons eu un changement complet. Dans les années 80, le traitement antirétroviral était extrêmement compliqué. Une glacière avec vous, des horaires précis, plusieurs produits à emporter, solides, liquides. Aujourd’hui, une personne séropositive traitée vivra une vie normale, comme tout le monde. Il aura deux contrôles par an, ce qui n’est pas beaucoup. Il est bien plus facile de vivre avec un VIH bien traité et dans de bonnes conditions que de vivre avec le diabète.

Parle-t-on encore de trithérapie ?

Bien sûr, il s’agit parfois même de quadrathérapies ou de pentathérapies, mais elles sont toutes regroupées dans un seul comprimé, ça change la vie. Au lieu de prendre cinq, six produits par jour, ce qui était le cauchemar de l’époque, c’est désormais un comprimé par jour et les effets secondaires sont moindres.

 
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