Autorisé et remboursé en France depuis 2016, le traitement préventif pré-exposition de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), appelé PrEP (acronyme de prophylaxie pré-exposition), est une méthode de prévention de la transmission du VIH qui repose sur l’utilisation prophylactique de médicaments antirétroviraux chez une personne non infectée par le virus et ayant des comportements à risque d’infection.
Cibles de la PrEP
La PrEP est un traitement préventif, elle n’est pas destinée aux personnes infectées par le VIH et ne doit donc pas être prescrite à une personne dont la sérologie est positive ou en cas de suspicion de primo-infection.
En revanche, toute personne séronégative présentant un risque élevé d’exposition au virus devrait pouvoir bénéficier de la PrEP.
En première intention, la PrEP orale est fortement recommandée dans :
- les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les personnes transgenres ayant des partenaires multiples ayant ou ayant eu des relations sexuelles anales non protégées par un préservatif,
- Les partenaires séronégatifs des patients infectés par le VIH, en attendant que leur charge virale soit indétectable (dans le cas de relations sexuelles non protégées par un préservatif),
- des consommateurs de drogues injectables qui échangent leurs seringues.
Médicaments utilisés
Jusqu’à présent, seule la PrEP orale à base de fumarate de ténofovir disoproxil et d’emtricitabine (Truvada et génériques), inhibiteurs nucléosidiques du transcriptase inversea été recommandé. Il est indiqué chez les adultes et adolescents âgés de 15 ans et plus. Cette option reste le traitement de première intention, cependant, dans ses dernières recommandations, la HAS suggère d’utiliser le cabotégravir (Vocabria), un inhibiteur de l’intégrase à action prolongée en injection intramusculaire, comme solution alternative en cas de contre-indication. ou lorsque la PrEP orale ne peut pas être utilisée dans de bonnes conditions. Il ne bénéficie pas actuellement d’AMM (AMM) dans le cadre de la PrEP. La législation qui régit la dispensation et l’administration de la spécialité (prescription réservée aux médecins hospitaliers et première injection en milieu hospitalier) rend difficile son utilisation à des fins prophylactiques. Compte tenu du risque de sélection de virus résistants aux inhibiteurs de l’intégrase en cas d’échec, des difficultés de diagnostic en cas d’infection par le VIH et de la différence de coût entre les deux traitements, la PrEP injectable reste aujourd’hui une indication de deuxième intention.
Conditions de prescription
Dans le cadre de la stratégie nationale de santé sexuelle de lutte contre le VIH, l’accès à la PrEP orale est simplifié depuis le 1est Juin 2021. Ainsi, la prescription du traitement est possible par tout médecin de ville ou dans le cadre d’un protocole de coopération médecin-infirmière ou médecin-sage-femme.
Schémas posologiques
La PrEP orale peut être prescrite :
- en continu, à raison de 1 comprimé par jour après une prise initiale de 2 comprimés ;
- selon un schéma discontinu, à raison de prendre 2 comprimés au moins 2 heures avant l’exposition à risque, puis 1 comprimé par jour. Il faut alors prendre 2 doses, espacées de 24 heures après le dernier rapport sexuel, avant d’arrêter le traitement. Ce schéma de prise est réservé aux hommes cisgenres et aux personnes transgenres ayant des relations sexuelles anales exclusives (et hors infection chronique par le virus de l’hépatite B en raison d’un risque de réactivation). Il s’agit d’un protocole utilisé hors AMM.
Si la PrEP orale est administrée en continu chez les personnes ayant des rapports vaginaux réceptifs, la protection est assurée à partir du 7e jour de traitement. Le traitement doit être poursuivi 7 jours après le dernier signalement pour être protégé. Chez les hommes cisgenres et les personnes trans ayant des rapports anaux, le traitement doit être débuté 2 à 24 heures avant le premier rapport sexuel protégé et doit être poursuivi avec 2 doses supplémentaires après le dernier rapport sexuel protégé.
La PrEP orale en pratique
- Prescription possible, en régime continu, pour les femmes enceintes, allaitantes ou prenant une contraception hormonale et également en cas d’infection chronique par le virus de l’hépatite B.
- Contre-indication en cas d’insuffisance rénale avec un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à 50 ml/min/1,73 m².
- Si la PrEP a été prise pendant 4 jours (ou plus) au cours des 7 derniers jours, si vous oubliez moins de 12 heures après l’heure habituelle de prise, prenez le comprimé oublié dès que possible. Si vous oubliez plus de 12 heures après l’heure habituelle de prise, la dose ne doit pas être reconstituée et le traitement doit être poursuivi normalement. Contacter un médecin pour savoir si un traitement post-exposition est nécessaire (TPE). Si la PrEP a été prise 3 jours ou moins au cours des 7 jours précédant l’oubli, un avis médical pour mettre en place une ETP est recommandé.
- Si vous vomissez dans l’heure qui suit la prise, prenez un autre comprimé.
Sources : « Traitement préventif pré-exposition de l’infection par le VIH », recommandation de bonnes pratiques de la Haute autorité de santé, juillet 2024 ; « PrEP, mode d’emploi », guide de l’association Aides, 2021 ; base de données publique sur les médicaments.
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