Depuis six mois, le CHU d’Orléans propose un traitement assez innovant contre le cancer de la prostate. Les résultats sont encourageants. Le Dr Hélène Besse, médecin nucléaire à l’hôpital, nous explique son fonctionnement, à l’occasion de Movember, mois de sensibilisation au cancer masculin.
Depuis avril 2024, l’hôpital d’Orléans dispose d’une nouvelle arme dans son arsenal dans la lutte contre le cancer de la prostate. Ce traitement, disponible seulement depuis 2022, n’était proposé que dans les grands centres. Le CHU, et notamment sous l’impulsion du Docteur Hélène Besse, médecin spécialiste en médecine nucléaire, a donc rejoint ce club.
« Nous nous sommes battus pour l’avoir. Nous avons déjà inclus 30 patients. Alors qu’au 30 juin 2023, seuls 22 patients avaient été soignés à Tours”, se réjouit-elle. Soit 30 patients inclus, déjà (contre 22 à Tours).
Ce traitement, que l’on pourrait qualifier de « dernière chance », s’adresse aux patients résistants à tous les autres traitements, c’est-à-dire l’hormonothérapie et la chimiothérapie. « Son nom est RIV, pour radiothérapie interne vectorisée (le médicament produit par AdAcAp, filiale de Novartis, s’appelle Pluvicto). Pour résumer, je leur dis que c’est de la « chimio radioactive ». La chimiothérapie inonde toutes les cellules sans distinction. Là, c’est plus ciblé. On considère qu’il existe un récepteur sur les métastases. On y place un ligand (molécule) et on y fixe une molécule radioactive. Lutétium-177) qui émet un rayonnement bêta court et puissant pour détruire la cellule tumorale.
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Comment ça va?
Concrètement, comment cela se passe-t-il pour le patient ?
« Il vient faire six soins à six semaines d’intervalle et reste toute la journée, à l’hôpital de jour. Entre deux traitements, on fait deux prises de sang pour surveiller le PSA qui est censé diminuer. Grâce aux images prises par une gamma-caméra, on voit le jour du traitement si le Pluvicto est bien fixé sur les métastases.
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Jean-Claude habite à Saint-Brisson-sur-Loire et vient pour sa première séance. Il est assis sur un fauteuil, dans un caisson avec une télévision. Le produit lui a été injecté dans le bras gauche. « Quand l’oncologue m’en a parlé, j’ai tout de suite dit oui. Les trois chimios m’ont beaucoup fatigué et n’ont pas eu d’effet durable”, explique-t-il. Le Dr Besse se coordonne avec les oncologues d’Oréliance : « J’ai des contacts réguliers avec eux car ils assurent des visites entre les soins. Les choses se passent très bien.
Jean-Claude devrait avoir moins d’effets secondaires : « Rien le jour même et éventuellement des nausées et de la fatigue par la suite. Et parfois la sensation de bouche sèche.
20 000 euros la dose
Le traitement est d’accès anticipé, c’est-à-dire que la Haute autorité de santé a donné son feu vert, mais il faut faire de nombreuses démarches pour l’obtenir. Et surtout, “les doses sont fabriquées en Italie et doivent être commandées trois semaines avant le traitement et annulées au plus tard”. sept jours avant ». A 20 000 euros la dose, il faut s’assurer que le patient honorera son rendez-vous. « La dose arrive spécialement pour le patient, via un transport spécifique dans un pot plombé. Sinon, c’est perdu… »
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L’efficacité de ce traitement est « encourageante » :
« Nous ne les guérirons pas mais nous pouvons mettre la maladie entre parenthèses pendant quelques mois. Les deux tiers de nos patients sont stabilisés ou significativement améliorés. Nous avons un homme de 88 ans qui répond très bien et qui a divisé son taux de PSA. Leur moral remonte lorsque ce niveau baisse. Nous donnons l’espoir de prolonger la vie et nous évitons les complications des métastases osseuses, la douleur… »
Les hommes soignés au CHU viennent parfois de loin : région parisienne, Chartres, Bourges, Blois, etc.
« La demande est forte et les services sont complets. Certains centres parisiens ont fermé faute de personnel ou de médecins pour transporter l’unité.
Aucun risque à Orléans où l’équipe thérapeutique (un radiopharmacien, un physicien médical, trois techniciens, deux personnes compétentes en radioprotection, un ingénieur qualité, un cadre de santé et bientôt deux médecins) est très empathique et impliquée et y consacre trois jours par semaine ( soit six patients répartis dans les deux cases) et bientôt quatre à ce traitement.
Habitués à voir des patients une seule fois pour une scintigraphie ou un TEP, la mission de ces professionnels change un peu : « On redevient clinicien. C’est très enrichissant de suivre les patients mais c’est aussi difficile, émotionnellement, car on est « attachés ».
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Marie Guibal
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