Neurosciences. Menée par le service de psychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine, avec le soutien de celui de la Pitié Salpétrière, une vaste étude vise à déterminer l’intérêt du remboursement de la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) dans la dépression résistante.
La dépression résistante (définie par l’absence de réponse à au moins deux lignes de traitement antidépresseur) touche plus d’un tiers des patients souffrant de dépression et pose des défis thérapeutiques majeurs. La stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS), qui consiste à moduler le métabolisme cérébral, est une technique validée et recommandée internationalement pour cette indication (1). Cependant, il n’est pas encore remboursé en France, ce qui limite son accessibilité. En juillet 2022, un rapport de la Haute autorité de santé (HAS) préconisait de suspendre ce remboursement dans l’attente d’une grande étude démontrant formellement son bénéfice dans le système français (2). A cet effet, un Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC), piloté par le service de psychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine (Paris), avec le soutien du service de psychiatrie de la Pitié Salpêtrière, sera lancé, doté d’un budget de 1,8 million d’euros, pour évaluer l’efficacité et la rentabilité de la SMTr. Réalisée avec le soutien de la HAS, cette étude pourrait ainsi servir à étayer la décision de remboursement, même si d’autres déterminants pourraient y contribuer (notamment une nouvelle analyse de la littérature scientifique internationale).
Intitulé TRD*TMS (TRD pour Dépression résistante au traitement), ce PHRC consiste en une étude multicentrique en double aveugle incluant 866 patients répartis aléatoirement en deux groupes (rTMS active ou simulée) pour une durée d’une à six semaines (pour 30 à 50 séances). Les patients recevront un traitement à haute fréquence sur le cortex préfrontal dorsolatéral gauche, en plus de leur traitement habituel. En cas de réponse favorable au traitement (réduction de 50 % du score sur une échelle de dépression), un programme de consolidation est proposé. Ce protocole cherche à « coller » à ce qui se fait le plus dans les centres qui participent à cette activité de manière routinière (soins de routine). Les patients seront étroitement surveillés pendant le traitement et jusqu’à 1 an après. La période de recrutement s’étendra sur 24 mois à partir de mi-2025 et 20 centres en France y participeront (centres hospitaliers universitaires, hôpitaux psychiatriques, cliniques et cabinets libéraux) afin de garantir une bonne représentativité des pratiques. L’étude comprendra une analyse coût-utilité, cruciale pour les décideurs publics, qui évaluera si la SMTr présente un bon rapport coût-bénéfice pour le système de santé par rapport aux traitements actuels.
Si les résultats sont positifs, ces travaux pourraient conduire au remboursement de la SMTr en France, offrant ainsi aux patients souffrant de dépression résistante une nouvelle alternative thérapeutique efficace et durable.
• Contact : Dr Alexis Bourla, [email protected]
1– Yrondi A, Javelot H, Nobile B, Boudieu L, et al. Lignes directrices de la Société française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie (AFPBN) pour la prise en charge des patients atteints de dépression partiellement réactive et de dépression résistante aux traitements : Mise à jour 2024.– La stimulation magnétique transcrânienne dans le traitement de la dépression résistante chez l’adulte, HAS, 2022, www .has- sante.fr
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