Quel est votre rôle au sein de votre structure ?
Dans mon rôle de pharmacien responsable BPDO, je supervise toutes les opérations de délivrance d’oxygène à usage médical à domicile. Cela couvre la commande, le stockage du matériel, la livraison, mais aussi le suivi des patients sous oxygénothérapie, les médecins prescripteurs et les professionnels de santé accompagnant le patient. Nous avons mis en place depuis plus de dix ans un suivi de l’observance des patients afin de pouvoir adapter le traitement et ainsi réduire le gaspillage du matériel médical associé, c’est à dire des consommables. .
Pourquoi vous êtes-vous engagé dans une telle démarche ?
La prescription de l’oxygénothérapie est faite par le médecin pour les patients souffrant par exemple d’insuffisance respiratoire dans le cas de pathologies telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, la fibrose pulmonaire, etc. De notre côté, nous effectuons la mise en place des équipements à à domicile, en informant les patients et leur entourage sur la manipulation du matériel et le respect des consignes de sécurité liées à l’oxygène, ainsi que sur l’entretien. Des visites de contrôle ont lieu tous les trois à quatre mois pour les patients sous oxygénothérapie. En plus des bouteilles d’oxygène, nous fournissons des concentrateurs d’oxygène et tout le matériel nécessaire au traitement : canalisations, verres à oxygène, etc. Il nous a semblé essentiel de réduire les coûts, non seulement financiers, mais aussi environnementaux, liés à la consommation de ces produits de santé. produits et matériels médicaux, livraisons et déplacements divers.
Concrètement, comment ça marche ?
Lors de sa visite de maintenance au domicile du patient, le technicien lit le compteur qui indique le nombre d’heures pendant lesquelles la machine a été utilisée. Ces informations sont intégrées dans un logiciel et, après lecture du dossier du patient, je les compare à la prescription du médecin. Si par exemple le patient a utilisé l’appareil pendant 5 heures alors que la prescription mentionne 12 heures d’utilisation, j’en informe le prescripteur qui, en fonction de la gravité de la pathologie et des besoins du patient, peut décider d’adapter le traitement ou, plus rarement, proposent « inadaptés ». Cela permet d’adapter les équipements d’oxygène à l’évolution de l’état de santé du patient et de ses habitudes de vie (besoin de marcher par exemple) et de limiter le gaspillage par une dispensation plus juste des soins.
Quelles autres mesures ont été mises en place pour favoriser la transition écologique ?
Lors de nos visites à domicile, nous interrogeons également le patient sur les consommables livrés, comme les lunettes à oxygène. S’il lui reste du stock, nous lui suggérons d’attendre avant de le réapprovisionner, tout comme le pharmacien d’officine demande à son patient combien de boîtes de paracétamol il lui reste dans son armoire à pharmacie.
Nous nous sommes également engagés à optimiser nos visites au domicile des patients. Oxygénothérapie, apnée du sommeil, ventilation, aspiration… les besoins des patients ne sont pas les mêmes. Nous avons créé des cohortes de patients et notre planificateur construit des tournées en fonction des besoins de maintenance des appareils. On évite ainsi les allers-retours inutiles au domicile des patients répartis dans plusieurs services. Nous avons ainsi réduit la consommation de carburant et limité l’usure de nos véhicules.
Le prochain objectif est d’équiper nos véhicules d’un système de géolocalisation. Pour faire face à des imprévus, comme un dépannage chez un patient ou la mise en place d’un matériel pour un nouveau patient dans la journée, nous saurons en temps réel quel technicien faire appel au plus vite et avec le meilleur niveau de compétence. . Le déploiement de ce système, prévu fin 2024, devrait permettre d’économiser des kilomètres et d’être plus réactif en cas d’urgence.
Quels conseils donneriez-vous à un collègue pour l’inciter à mettre en œuvre des mesures en faveur de l’environnement ?
Cela demande de la patience et du temps ! Avec l’augmentation des zones médicales sous-denses et la charge de travail des médecins, il n’est pas toujours évident, par exemple, de contacter rapidement un praticien pour discuter de l’observance d’un patient. Il faut aussi de l’imagination et une bonne connaissance de son secteur pour identifier les besoins et se lancer dans ces démarches qui s’avèrent à la fois bénéfiques pour l’environnement et pour la santé publique.
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