Vous chassez les « faux experts » et autres « arguments pourris ». Qui es-tu Thomas Durand ?
Thomas Durand. Je dirige La Tronche en biais depuis dix ans et je suis l’un des co-fondateurs d’Astec, l’association pour la science et la transmission de l’esprit critique. L’ambition est que les gens se posent davantage de questions sur les raisons pour lesquelles ils pensent ce qu’ils pensent.
Vous venez à Ruelle à l’invitation de la Maison de Santé de Val de Touvre. Vous nous aiderez à discerner « l’information de la désinformation » sur ce sujet…
Oui. Il n’en demeure pas moins que je ne suis pas un professionnel de la santé. Mon travail consiste à aider les gens à évaluer la qualité épistémique (par rapport à la connaissance, ndlr) des énoncés. Dans le domaine de la santé, comme dans tous les domaines, les individus seront plus autonomes dans leur capacité à faire des choix éclairés s’ils sont capables d’évaluer correctement si les informations qu’ils rencontrent sont crédibles ou non. Parfois, c’est indécidable. Mais alors, on peut quand même avoir un avis. Pour éviter de faire confiance à votre instinct qui est parfois très bon juge et parfois non. On voit beaucoup de gens qui se trompent et qui sont sûrs d’eux.
La santé reste-t-elle toujours l’un de vos sujets favoris ?
La santé est un sujet récurrent car c’est celui sur lequel il y a le plus de convictions. Et où les gens s’autorisent à croire davantage aux choses. Les gens amènent rarement leur voiture ou leur ordinateur chez un chaman lorsqu’ils ont un problème. En revanche, dès qu’on a mal à la hanche, ou tout autre problème, on se permet de croire aux histoires car en fait, beaucoup de charlatans apportent une forme de solution. Le vrai danger en homéopathie, ce n’est pas le granule, c’est la croyance. Car quand on croit à l’homéopathie, on s’éloigne de la vraie science. Plus nous croyons aux médecines alternatives, plus nous mourons lorsque nous avons des maladies graves, car nous les traitons plus tard.
« On voit beaucoup de gens qui se trompent et qui sont sûrs d’eux. »
Comment expliquez-vous la montée des croyances ésotériques ?
Je ne sais pas s’il y a une poussée, disons qu’on les repère mieux qu’avant. Et le covid a aussi changé les choses avec une polarisation des opinions avec des gens très en colère autour du covid, avec des décisions qui leur paraissaient abusives, liberticides. Nous avons donc tout un écosystème de pratiques ésotériques qui est plus fort qu’avant. Je ne sais pas s’il y a plus de gens qui y croient.
Oui parce qu’on parle de croyances ?
Oui, et que signifie « croire ». C’est un mot compliqué. Il y a des gens qui croient en l’homéopathie, cela ne veut pas dire qu’ils l’utiliseront systématiquement. Il est difficile d’évaluer le niveau de soutien des gens à ces médecines alternatives.
Et puis il y a de vrais dangers parfois ?
Oui, quand il y a un contrôle mental. Quand la médecine traditionnelle ne répond pas à votre problème, et que vous tombez dans l’errance médicale, et que devant vous, vous avez des gens qui vous font des conneries mais qui vous parlent gentiment, alors ils peuvent faire du bien avec leur parole. Et ainsi acquérir du pouvoir sur ceux qui les suivent, sur leurs abonnés. Mais ils ne sont pas formés pour être responsables de ce qu’ils font. Il y a des conseils qui peuvent être dramatiques.
Conférence à 19h30 au théâtre Jean-Ferrat à Ruelle, ateliers santé de 14h30 à 17h Ouvert à tous.
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