Depuis début novembre, la campagne nationale du Mois sans tabac propose aux fumeurs de faire le point sur leur consommation. Mais qu’en est-il des personnes ayant une déficience intellectuelle ?
Le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) vient de publier une étude réalisée dans les Hauts-de-France sur la situation des fumeurs déficients intellectuels (HI) et leur intention d’arrêter dans le cadre de l’opération Mois sans tabac.
Comme le soulignent les auteurs en préambule : « On sait très peu de choses sur les pratiques addictives des personnes ayant une déficience intellectuelle, alors même qu’elles sont également consommatrices de tabac, d’alcool, de cannabis ou peuvent avoir d’autres addictions, comportementales ou sans produit. » Selon les résultats de l’étude, les messages de prévention anti-tabac sont peu appréciés parmi eux.
Etat de consommation des fumeurs avec HI
Le BEH révèle que 23,5% des personnes interrogées déclarent fumer, dont 19,6% quotidiennement, et que 8,6% vapotent (dont 4,9% quotidiennement). Ces chiffres sont proches de ceux de la population générale mais légèrement inférieurs (écart de sept points) par rapport à ceux des personnes peu ou pas diplômées ; et la prévalence du vapotage est également similaire à celle de la population générale. Au total, 18,2 % fument et vapotent simultanément.
Chez les fumeurs quotidiens, la consommation moyenne est de 12,4 cigarettes par jour (identique à la population générale) et chez les vapoteurs, 55,7% déclarent que leur e-liquide contient de la nicotine.
Les hommes sont plus nombreux que les femmes à consommer des produits du tabac (22,9 % contre 14,5 % pour le tabac et 10,5 % contre 5,6 % pour le vapotage) et fument également davantage (13,6 cigarettes par jour en moyenne contre 9,5). Les 41-55 ans sont ceux qui consomment le plus de tabac, tandis que les 15-25 ans et les 26-40 ans vapotent le plus.
Peu préoccupé par le Mois sans tabac
Si 42,6 % des fumeurs expriment le souhait d’arrêter de fumer, seuls 20,7 % des vapoteurs souhaitent arrêter de vapoter. Connaissent-ils l’opération Mois sans tabac ? 45% des personnes interrogées déclarent en avoir entendu parler via télévision. Or, parmi les 112 personnes interrogées sur leur intention d’arrêter de fumer, une seule s’était connectée et quatre seulement avaient tenté d’arrêter.
Même si la notoriété de cette campagne semble relativement élevée, les auteurs notent que ces personnes « ne semblent pas concernées par les campagnes de prévention destinées à la population générale ».
« Des campagnes de prévention plus inclusives »
Selon les auteurs de l’étude, ces résultats appellent à « une plus grande inclusion des populations concernées dans ces programmes de prévention », une implication dans l’imagerie des campagnes et une « intelligibilité accrue de ces dernières ». Il serait pertinent de mener « une réflexion renforcée sur l’intelligibilité et la compréhension des outils de prévention et de réduction des risques du tabagisme par les personnes concernées ».
En résumé, il semble crucial de développer des campagnes de prévention spécifiquement ciblées sur ce public.
A noter : L’enquête BEH a été réalisée entre septembre 2022 et avril 2023 auprès de 1 030 personnes en situation de déficience intellectuelle résidant en région Hauts-de-France, via une traduction facile à lire et à comprendre (Falc) des items traitant du tabac et du vapotage du questionnaire du Baromètre de Santé Publique.
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