Et Basic Fit n’est qu’une marque parmi d’autres à Bruxelles. La quête du bien-être et du corps parfait, mise en avant sur les réseaux sociaux – comme par le célèbre Tibo InShape, le YouTubeur le plus suivi en France, ou son partenaire Juju Fitcats, qui en font un véritable business – pousse les jeunes et les moins jeunes pour prendre soin d’eux-mêmes.
Inès, 37 ans, est ce qu’on appelle une sportive amateur intense, proche de la bigorexie (terme désignant les accros du sport). « Iron man », marathon, triathlon… Elle se donne sans compter. Abonnée à une chambre premium à plusieurs centaines d’euros par mois, elle nous livre son témoignage en toute transparence.
mouette“On s’y perd, il y a tellement de produits”
“J’ai pris quelques compléments alimentaires avant de faire beaucoup de sport. Je pense que chaque Belge devrait prendre de la vitamine D, quand on voit le peu de soleil qu’on a. Mais depuis le sport, je suis allée voir une nutritionniste spécialisée dans le coaching, parce qu’on s’y perd, il y a tellement de produits», commence-t-elle.
“Elle m’a prescrit du magnésium, des multivitamines, des minéraux et acides aminés, du zinc, des oméga 3, 6 et 9, etc.» liste-t-elle en jetant un œil à ses pots. “Je prends des traitements, je n’en prends pas toute l’année. Mais j’ai acheté un pilulier !», rit-elle. “Le dimanche, je prépare toutes mes pilules, pour le matin et le soir. C’est une satisfaction, une sorte de routine positive.explique-t-elle.
Faut-il prendre des compléments alimentaires à base de plantes ? “Il y a beaucoup de risques dont nous ignorons”
“Elle m’a aussi donné du Whey (protéines, NDLR), et je n’en prends pas souvent en convalescence (après l’effort) », dit-elle.
Au total, elle dépense une cinquantaine d’euros en protéines tous les deux mois et une centaine en pilules tous les trois mois. « La nutritionniste demande 75 euros pour le bilan puis c’est 50 euros pour le suivi, une fois par an. Elle me dit les quantités, mais ce n’est pas très précis. Elle ne peut pas entrer dans les détails si vite», ajoute-t-elle.
mouette« Ma protéine est végétalienne, c’est probablement un peu plus cher mais je m’en fiche. J’ai de l’argent donc je ne regarde pas trop.
« Ma protéine est végétalienne, c’est probablement un peu plus cher mais je m’en fiche. J’ai de l’argent donc je ne regarde pas trop. De toute façon, je n’en prends jamais trop et je prends la marque belge BeLife. Je pense que cela aide aussi d’un point de vue psychologique, il y a peut-être un effet placebo. Certains gars au gymnase me disent de prendre du collagène parce que je me suis cassé la clavicule. rien! Le marketing va loin !» plaisante-t-elle. « Je ne prends pas de collagène, mais le reste m’aide à me sentir mieux. Il faut donc avant tout manger sainement. En plus grâce à tout ça, je sors moins pour des boissons excessives, je ne fume plus, je me sens mieux», répète-t-elle avec fierté.
“Je prends aussi des isotoniques, du sodium, pour aider mon corps à tenir dans le temps. Mais je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dedans. Sucre, maltodextrine, fructose, saccharose, dextrose, citrate, etc. lactate de sodium. Extraits de spirulinelit-elle en attrapant une bouteille. “Mais je n’en prends que lorsque je fais du sport pendant plus d’1h30. Quand tu fais Ironman (tests d’endurance, NDLR)on vous force à faire le plein de sucre. Avec des bars, des boissons etc. Il y a aussi des électrolytes pour vous hydrater. Apparemment, cela élimine aussi la gueule de bois. Dans les sports d’endurance, on vous dit directement d’en prendre, donc je ne m’en suis jamais passé. Bilan du portefeuille ? Au moins 600 euros par an en compléments alimentaires.
Le miracle des déchets industriels transformés en complément alimentaire
Serge Pieters, diététicien agrégé Adeps qui suit des sportifs amateurs et de haut niveau – dont certains ont participé aux Jeux Olympiques de Paris – apporte un avis critique sur cette tendance, et cette affaire.
« Il y a un engouement grandissant. À la fois à des fins santé (probiotiques, fer, calcium, etc.) et ergogènes (pour améliorer les performances). Il faut préciser que la plupart de ces compléments alimentaires ne sont pas des produits dopants, mais bien autre chose.», dit-il d’emblée. “Ils sont validés par le contrôle antidopage et le comité olympique. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas dopant que c’est « bon » pour la santé. Certains ont tenté de valider une eau « sans produits dopants », pour la vendre plus chère. Le marketing va parfois très loin», dit-il.
“Il faut savoir que l’Afsca, l’Agence de Contrôle de la Sécurité Alimentaire, garantit seulement que les produits ne sont pas dangereux, ne présentent pas de risque au niveau microbiologique, etc. Mais elle ne peut pas contrôler le dopage latéral par exemple dans certains produits”précise-t-il tout de même.
Mais restons sur les compléments alimentaires sans parler d’anabolisants ou de stéroïdes.
mouette“Mais c’est vrai que pour les sportifs, la nourriture n’est pas assez magique, amusante ou sexy et ils pensent que les compléments vont booster leurs performances”
“Pour ma part, nous validons la « approche food first ». Il faut avant tout une alimentation équilibrée. Mais c’est vrai que pour les sportifs, ce n’est pas assez magique, amusant ou sexy et ils pensent que les compléments vont booster leurs performances. Cependant, les suppléments n’auront jamais les mêmes bienfaits que les fruits et légumes. À l’exception de la vitamine D, cela ne fait aucun doute, nous n’avons pas assez de soleil pour en générer suffisamment, nous pouvons la prendre sans problème. dit-il.
Enfin, parmi les compléments les plus vendus, on retrouve les protéines. En poudre, en boisson, ils font fureur. “Ce sont des compléments mais destinés à aider à la récupération ou à gagner de la masse musculaire. Mais ce n’est pas toujours nécessaire, même pour un sportif de haut niveau. Nous consommons déjà beaucoup de protéines. Mais il y a un énorme marketing autour de ça», ajoute-t-il.
Le coup de génie industriel avec la whey (protéine en poudre)est-ce qu’au fond, ce sont des déchets de l’industrie alimentaire qui ont été valorisés par les annonceurs, qui ont réussi à convaincre les sportifs», s’exclame-t-il. Or, un apport excessif de ces protéines peut se transformer en graisse, et donc diminuer les bienfaits du sport.
“C’est comme la vitamine A. On sait depuis longtemps qu’un apport excessif est dangereux en termes de cancer du poumon, notamment chez les fumeurs. D’autres vitamines mal éliminées peuvent poser des problèmes», poursuit-il, appelant à toujours se référer à de vrais médecins.
mouette« Les coachs donnent des indications, mais elles ne sont pas enjolivées. Ils peuvent tomber sous le coup de la loi sur le charlatanisme »
Le métier de coach sportif
Dans les salles de sport, de nombreux coachs se permettent de donner des conseils diététiques. Prendre des isotoniques pour l’hydratation, des électrolytes, des vitamines… Ne va-t-il pas trop loin ?
« Les coachs donnent des consignes, mais elles ne sont pas homologuées. Ils peuvent tomber sous le coup de la loi sur le charlatanisme. La nutrition est une profession médicale et paramédicale stricte. Mais ces coachs ont souvent des avantages dans la vente de ces produits. C C’est une grosse affaire. Certains sportifs dépensent jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois, voire par semaine, pour quelque chose qui est loin d’être essentiel.», prévient-il, en guise de conclusion.
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