Les Français sont le troisième consommateur d’épices en Europe. Et parmi ceux-ci, le piment est de plus en plus présent sur nos tables. Rencontre avec Lee Cheng, le fondateur des restaurants Trois fois plus de chili qui, depuis près de vingt ans, proposent une cuisine sichuanaise explosive au cœur de Paris.
Les Français sont les troisième consommateur d’épices en Europe, derrière les Allemands et les Belges. Parmi ces aromatiques, le poivre devient de plus en plus populaire. Dans les supermarchés, les nouilles instantanées coréennes Buldak 3X Spicy côtoient les chips « Hot & Spicy » et autres bouteilles Martin de « l’usine française de sauce piquante ».
Même le traditionnel pâté Hénaff si cher aux Bretons existe même en version épicée, troquant pour l’occasion son bleu historique contre une robe rouge vif. Enfin, le succès du spectacle Chaud Ceuxanimé par Kyan Khojandi qui teste la résistance des célébrités au chili, est tel que McDonald’s vient de sortir trois de ces sauces.
Lee Cheng est le fondateur des restaurants parisiens Deux fois et Trois fois plus de chili, qui proposent la cuisine la plus explosive de la province chinoise du Sichuan. A tel point que les clients doivent choisir entre 0 et 5 pour la force de leurs plats.
“Nous ne voulons pas vous faire pleurer” s’amuse celui qui a ouvert en 2008 son premier restaurant dans le 11e arrondissement de Paris sans trop savoir si la clientèle française jouerait le jeu. « Au début, il n’y avait que des Asiatiques qui venaient, mais à partir de 2011, je n’ai presque eu que des gens du quartier. » Comme Frédéric, chef d’entreprise de 63 ans qui vient très souvent et pour qui le piment est aussi important que le sel ou le poivre : «Je l’utilise pour les salades, le guacamole, le poisson ou les pâtes. Sinon, je trouve tout trop fade.
Myssan, 29 ans, d’origine vietnamienne, s’entraîne depuis toute petite « manger des poivrons comme des chips » depuis qu’elle a vu son oncle faire ça. Elle est également une cliente régulière du restaurant et aime venir tester ses limites. « Les dernières fois, j’ai pris la puissance 3 ou 4 et j’ai beaucoup souffert. Maintenant, je vais rester humble et prendre 2 comme force. Tester sa résistance au piment est devenu une véritable tendance sur les réseaux sociaux. “On ne peut pas relever ces défis avec d’autres saveurs comme le salé”, poursuit Lee Cheng. « Après la douleur, on a une sensation de plaisir. Du coup, les gens ont l’impression de vivre une aventure avec le poivre. Mais attention, avec modération… »
“En France, vous manquez de piments”, analyse Lee Cheng pour qui ce nouvel engouement français pour le piment comble peut-être une lacune de la gastronomie française. Enfin, seulement une partie de notre cuisine, puisqu’aux Antilles ou à la Réunion, le piment fait depuis longtemps partie intégrante de la liste des ingrédients essentiels. L’échelle de Scoville mesure la puissance d’un poivre. Par exemple, la moutarde classique monte jusqu’à 300 unités sur cette échelle. Le piment d’Espelette, quant à lui, grimpe difficilement jusqu’à 2000. On est loin des 200 000 que peut atteindre le piment habanero, celui utilisé dans les DOM.
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