Une nouvelle voie se dessine pour à la fois « identifier et détruire les caillots sanguins responsables des accidents vasculaires cérébraux », selon Thomas Bonnard, chercheur à l’Inserm et son équipe, basés à Caen.
Ce chercheur de 37 ans, avec deux collègues du laboratoire BB@C (Sang et Cerveau à Caen-Normandie, NDLR), a synthétisé des particules baptisées PHySIOMIC pour identifier et détruire les minuscules caillots sanguins responsables des accidents vasculaires cérébraux, avec plus de précision et moins de toxicité pour l’organisme que le procédé actuel.
Efficace chez la souris, PHySIOMIC doit encore être testé sur deux « grands animaux », puis sur l’homme, et une procédure doit être définie pour le produire en masse avant de le commercialiser, ce qui n’arrivera pas avant « cinq à dix ans », selon Thomas Bonnard. .
« Un accident vasculaire cérébral ischémique est causé par un caillot qui migre de l’artère carotide et bloque la circulation sanguine dans le cerveau, tuant ainsi les neurones. Aujourd’hui, on peut voir de gros caillots en IRM (imagerie par résonance magnétique), précise M. Bonnard. En revanche, nous ne savions pas détecter les moindres caillots, ou « microthrombi ». »
Le produit de contraste PHySIOMIC est constitué de microparticules d’oxyde de fer et de polydopamine : un assemblage de molécules du neurotransmetteur dopamine par lequel les neurones communiquent habituellement, utilisé ici comme matériau. Une fois injecté dans la circulation sanguine, il va se fixer sur le microcaillot et sera visible en IRM grâce à ses propriétés magnétiques.
Il existe des « inquiétudes » concernant les produits de contraste actuellement utilisés à base de Gadolinium, « associés dans le passé à certains risques de complications rénales », selon Thomas Bonnard.
Ce n’est pas le cas, selon le chercheur, de PHySIOMIC : « Il n’aura jamais d’effets toxiques, puisqu’il utilise exclusivement des matériaux déjà présents dans l’organisme. »
Le « MIC » dans PHySIOMIC signifie « Mussel Inspired Clusters » car la moule, pour s’attacher à sa roche, utilise également de la dopamine.
«Quand on injecte quelque chose dans le sang, des protéines s’agglutinent dessus et participent à se fixer sur le microcaillot», décrit Charlène Jacqmarcq, 30 ans.
Cette postdoctorante au BB@C est assise devant une « station microfluidique » : un réseau de tubes et de pompes chargés de reproduire le système sanguin dans lequel elle « simule des coups » sur du sang humain récupéré en partenariat avec l’Établissement français du sang (EFS) .
Une fois identifiés, les microthrombus doivent être détruits, recherches menées par Audrey Picot, doctorante de 27 ans au laboratoire BB@C, qui ajoute un activateur tissulaire du plasminogène (tPA) à PHySIOMIC.
Seul traitement pharmacologique actuellement délivré aux victimes d’accident vasculaire cérébral, le tPA présente un risque hémorragique qui sera réduit en ciblant l’agent de contraste PHySIOMIC, selon M. Bonnard.
« Nous avons mis en place une collaboration avec le laboratoire pharmaceutique australien CSL Behring, ainsi qu’Inserm Transfert, pour développer cet outil de diagnostic et en faire un outil théranostique : cela signifie qu’il va à la fois diagnostiquer et rendre visible les microcaillots, permettre leur dégradation et rétablir la circulation sanguine chez les patients », précise Mme Picot.
« BB@C a été fondé par l’Inserm, l’université de Caen et le CHU de Caen », explique Denis Vivien, 58 ans, professeur de biologie cellulaire et directeur de l’institut. « Cent soixante-dix personnes y travaillent associées à quatre start-up pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques et diagnostiques, principalement sur les accidents vasculaires cérébraux », explique son fondateur.
Matthieu CLAVEL/AFP
Une nouvelle voie se dessine pour à la fois « identifier et détruire les caillots sanguins responsables des accidents vasculaires cérébraux », selon Thomas Bonnard, chercheur à l’Inserm et son équipe, basés à Caen. Ce chercheur de 37 ans a synthétisé avec deux collègues du laboratoire BB@C (Sang et Cerveau à Caen-Normandie, NDLR) des particules baptisées PHySIOMIC permettant l’identification et…
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